À long terme, afin que les produits vietnamiens puissent s’inscrire solidement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et s’ancrer durablement sur les marchés internationaux, notamment dans un contexte où les normes de qualité, de verdissement des processus de production et de responsabilité sociale imposées par les grands pays importateurs deviennent de plus en plus strictes, voire progressivement inscrites dans la loi.
Assurer de manière proactive l’approvisionnement en matières premières et intrants
Le secteur du textile-habillement en est un exemple emblématique. Les exportations représentent plus de 80 % de la production annuelle, avec un chiffre d’affaires à l’exportation estimé à environ 46 milliards de dollars en 2025, tandis que le marché intérieur reste de taille modeste, autour de 5 à 6 milliards de dollars. L’exportation constitue ainsi quasiment l’unique voie de développement pour la filière.
Selon Truong Van Cam, vice-président de l’Association vietnamienne du textile et de l’habillement, les produits textiles vietnamiens sont aujourd’hui commercialisés dans près de 138 pays et territoires. Les principaux marchés d’exportation sont les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, le Japon, l’ASEAN et la Corée du Sud. Par ailleurs, le Vietnam dispose d’un large réseau d’accords de libre-échange (ALE) déjà en vigueur ou en cours de mise en œuvre, ce qui exerce un fort pouvoir d’attraction sur les investissements, tant nationaux qu’étrangers, dans le secteur.
« Le cœur du problème réside dans la faiblesse de l’autonomie nationale en matière d’approvisionnement en matières premières et intrants, en particulier pour les tissus, le tissage et la teinture. Cette question n’a pas encore été résolue de manière approfondie par les entreprises, les autorités publiques et les collectivités locales, alors même que la pression concurrentielle et les exigences des importateurs ne cessent de s’intensifier. Par conséquent, pour consolider et élargir durablement les parts de marché, la problématique de l’approvisionnement en intrants nécessite encore des solutions de fond », a souligné Truong Van Cam.
Ces dernières années, les États-Unis sont restés une destination clé pour de nombreux secteurs exportateurs vietnamiens, en particulier pour les produits alimentaires, qui disposent d’un fort avantage concurrentiel. L’ampleur de la demande, associée à des exigences élevées en matière de qualité, fait de ce marché à la fois un banc d’essai et une opportunité pour les produits vietnamiens de monter en gamme.
Hoang Thi Lien, présidente de l’Association vietnamienne du poivre et des épices, a indiqué que, malgré la diversification des marchés d’exportation, les États-Unis demeurent le premier débouché, représentant environ 23 % des exportations, grâce à des marges bénéficiaires attractives.
« Même en l’absence d’accord de libre-échange bilatéral, le Vietnam bénéficie du régime de la nation la plus favorisée (MFN) accordé par les États-Unis dans le cadre de l’OMC. De ce fait, de nombreux produits d’épices bénéficient depuis longtemps de droits de douane à l’importation nuls. Il s’agit d’un facteur déterminant qui permet aux exportations d’épices vers le marché américain de maintenir une croissance positive depuis le début de l’année », a-t-elle précisé.
Des entreprises flexibles pour s’adapter
Les récentes évolutions mondiales ont également ouvert des opportunités permettant aux entreprises vietnamiennes de s’insérer plus profondément dans les chaînes d’approvisionnement internationales.
Selon Nguyen Huu Tuan, directeur du Centre de développement du commerce électronique et des technologies numériques - eComDX (Département du commerce électronique et de l’économie numérique, ministère de l’Industrie et du Commerce), les chaînes d’approvisionnement de haute qualité constituent une base essentielle pour relier production et consommation, marché intérieur et marchés internationaux, aidant ainsi le Vietnam à passer du statut de « pays producteur » à celui de « pays producteur à forte compétitivité ».
« Les entreprises exportatrices doivent renforcer leurs connexions avec les grandes plateformes mondiales de commerce électronique, tout en coopérant étroitement avec les bureaux commerciaux vietnamiens à l’étranger afin de promouvoir et de stimuler les exportations de produits vietnamiens. Ces actions permettent non seulement aux entreprises de tirer parti des modèles modernes du commerce électronique, mais créent également un nouvel élan pour que les produits vietnamiens s’étendent à l’international et renforcent leur présence dans les chaînes d’approvisionnement mondiales », a estimé Nguyen Huu Tuan.
Afin de soutenir les entreprises vietnamiennes dans leur accès durable aux chaînes d’approvisionnement mondiales, le ministère de l’Industrie et du Commerce a récemment soumis au gouvernement un projet de Programme d’accès aux marchés internationaux pour la période 2026-2035.
Les objectifs de ce programme ont également été intégrés par le Département de la promotion du commerce (ministère de l’Industrie et du Commerce) dans le Plan national de promotion du commerce pour la période 2026-2030, afin de définir des actions concrètes.
Selon Bui Quang Hung, vice-directeur du Département de la promotion du commerce (ministère de l’Industrie et du Commerce), l’économie mondiale connaît ces dernières années de profondes mutations : croissance inégale entre les régions, montée du protectionnisme commercial, instabilités et tensions géopolitiques croissantes dans certaines zones, ajustements des politiques commerciales, essor de nouvelles industries, ainsi que les effets du changement climatique. Autant de facteurs qui exercent une forte pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Face aux défis posés par les marchés intérieur et international, Bui Quang Hung a souligné que les nouvelles exigences en matière de développement durable, de réduction des émissions de carbone, de transition verte et de numérisation du commerce deviennent des normes directrices. Les entreprises vietnamiennes qui souhaitent maintenir leur position et élargir leurs parts de marché à l’exportation sont contraintes de s’adapter rapidement.
« Dans ce contexte, le renforcement des liens de marché revêt une importance déterminante. La coopération permet de resserrer les liens entre les maillons de la production, de la distribution et de la consommation, d’assurer une circulation fluide des marchandises, de réduire les coûts intermédiaires et d’accroître la valeur ajoutée des produits », a-t-il conclu.
