Cependant, ce secteur fait face aujourd’hui à de grands défis liés aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement…
En élevage et en aquaculture, les éleveurs ont souvent tendance à attendre l'apparition de maladies pour réagir. Toutefois, une approche plus efficace consiste à mettre en place des mesures de biosécurité proactives pour prévenir, contrôler et éliminer les agents pathogènes avant qu’ils ne puissent affecter le bétail.
BIOSÉCURITÉ : LA PRÉVENTION AVANT LE TRAITEMENT
Lors de la récente table ronde des Associations d’élevage et de santé animale de l’Asie du Sud-Est, des experts et des responsables venus du Vietnam, de la Malaisie, des Philippines, du Cambodge, de la Thaïlande, de l’Indonésie et du Myanmar ont discuté en profondeur des solutions et des politiques pour faire face aux défis communs du secteur de l’élevage, notamment la biosécurité, l’élevage biologique et vert, l’économie circulaire et le bien-être animal.
Selon les experts, l'aquaculture traditionnelle, bien qu'elle apporte des avantages économiques, consomme de nombreuses ressources et génère de grandes quantités d'émissions. En conséquence, elle contribue au réchauffement climatique, à la dégradation des écosystèmes et a un impact négatif sur le secteur aquacole lui-même.
Ces facteurs affectent directement la productivité et la qualité des produits, plaçant le secteur dans une situation difficile avec un risque accru de maladies et une pénurie de ressources.
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, depuis le début de 2024, les épidémies ont entraîné d'importantes pertes pour le secteur de l'élevage et de l'aquaculture, touché par des maladies comme la peste porcine africaine, la fièvre aphteuse, la grippe aviaire, et la maladie de la tache blanche chez les crevettes.
Ainsi, la mise en œuvre de mesures de biosécurité devient plus que jamais importante pour empêcher la propagation des agents pathogènes. En outre, la biosécurité contribue à réduire la dépendance aux antibiotiques, limitant ainsi la résistance aux médicaments.
Pour faire face à ces défis et assurer un développement durable, il est devenu essentiel pour le secteur de l'aquaculture de procéder à la réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre.
Lors de la conférence « Biosécurité en Asie » dans le cadre de Vietstock 2024 et d’Aquaculture Vietnam 2024, les scientifiques ont indiqué aux éleveurs les erreurs fréquentes à éviter, ainsi que les meilleures pratiques pour réduire les risques d’introduction et de propagation de maladies.
Les experts ont également partagé des connaissances pratiques pour développer et mettre en œuvre des modèles de biosécurité complets ; ils ont souligné les points à surveiller pour faciliter l'identification et le traitement des agents pathogènes, protéger les troupeaux contre les risques de maladies, et encourager une « culture de la sécurité » visant à renforcer l’adoption des mesures de biosécurité.
L'ÉLEVAGE « VERT » : UNE TENDANCE MAIS LES ENTREPRISES ONT DU MAL À ACCÉDER AUX CRÉDITS VERTS
Selon le Vice-Ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Phung Duc Tiên, l'agriculture vietnamienne a connu une croissance impressionnante de 3,83% en 2023, la plus élevée depuis 2019, l’élevage représentant un quart de cette part et ayant fait des progrès notables dans un contexte de développement technologique et d’intégration internationale.
Phung Duc Tiên a indiqué que la production du secteur de l'élevage a augmenté de 6,38% en 2023 par rapport à 2022. L’élevage porcin, par exemple, s'est classé au 6e rang mondial, avec une production de 4,5 millions de tonnes de viande. L'élevage de volailles a fourni 2,3 millions de tonnes de viande et 19,2 milliards d'œufs. Les produits de l'élevage, en plus de répondre à la demande intérieure, ont généré un chiffre d'affaires à l'exportation de 515 millions USD en 2023, soit une augmentation de 26,2% par rapport à 2022.
La transition verte nécessite des financements importants, mais il est difficile pour les entreprises d’accéder au crédit vert pour investir dans des équipements technologiques et dans le traitement des déchets. Photo: vneconomy.vn |
La décision 1520/QĐ-TTg du 6 octobre 2020 du Premier ministre a approuvé la Stratégie de développement de l'élevage pour la période 2021-2030, avec une vision jusqu'en 2045. Cette stratégie vise à industrialiser, moderniser, développer de manière durable et renforcer la compétitivité du secteur de l'élevage, à garantir la biosécurité, la sécurité sanitaire, à être respectueuse de l'environnement, à assurer un traitement humanitaire des animaux, à répondre aux exigences de qualité et de sécurité alimentaire pour la consommation intérieure, tout en renforçant les exportations.
Cette stratégie fixe l’objectif de faire figurer le Vietnam parmi les nations de pointe en matière d’élevage dans la région à l’horizon 2030
Elle fixe également des objectifs de croissance pour le secteur de l’élevage, avec une augmentation moyenne de 4% à 5% par an entre 2021 et 2025, et de 3% à 4% entre 2026 et 2030.
Phung Duc Tiên affirme que l’industrialisation de l’élevage vers un modèle biologique et écologique est une tendance générale, visant à bâtir une agriculture moderne, durable, et capable de répondre à une demande croissante sur les marchés nationaux et internationaux.
Malgré les défis posés par le modèle traditionnel, notamment la consommation de ressources et les émissions de gaz à effet de serre, le passage à une production durable nécessite des investissements importants dans les chaînes de production, l’alimentation, les processus d’élevage, et le traitement des déchets.
Nguyên Thanh Son, président de l'Association vietnamienne de l’élevage de volailles, recommande que le gouvernement prenne des politiques claires pour soutenir les entreprises du secteur.
Concernant la question de surmonter les difficultés et des mécanismes de soutien aux entreprises, Nguyên Van Ngà, vice-directeur général de la société Mebifarm, a également déclaré que les ressources financières pour la transition vers une agriculture verte visant à préserver l'écologie sont considérables, mais que les entreprises ont beaucoup de mal à accéder au crédit vert pour investir dans des équipements technologiques et le traitement des déchets.
Il explique que son entreprise a investi dans une ferme de 72 ha avec une capacité de 1,2 million de poules pondeuses et de 400 000 jeunes poules, dont seulement 15 ha sont destinés à l'élevage tandis que la majorité de la surface est consacrée à la plantation d’arbres pour préserver l'écosystème.
« Pour réaliser cela, nous prévoyons un investissement d'environ 2 000 milliards de dôngs pour l'ensemble du projet. Cependant, les entreprises ont beaucoup de mal à accéder aux crédits verts pour financer les équipements technologiques et le traitement des déchets », a expliqué Nguyên Van Ngà.
Il est indéniable que le développement d'une agriculture et d'un élevage écologiques est une tendance incontournable de notre époque. Les cultivateurs, éleveurs et entreprises ne peuvent rester en marge s'ils ne veulent pas être exclus.
Cependant, pour réussir cette transition, il est essentiel de définir une feuille de route claire et d'obtenir la coopération des consommateurs. Pour les agences gouvernementales, des politiques transparentes, un soutien clair, et des mesures pour résoudre les difficultés rencontrées par les entreprises et les éleveurs sont indispensables dans ce processus de transition.