
Un potentiel encore sous-exploité
Selon Cam Thi Phong, vice-directrice du Service de l’agriculture et de l’environnement de Son La, la province compte actuellement près de 85 050 ha de vergers, dont la production s’élève à 510 000 tonnes par an, ainsi que 35 563 ha de cultures pérennes (plus de 102 000 tonnes/an). Des filières comme la mangue, le longane, la prune, le café et le thé ont été développées massivement. L’objectif pour 2030 : stabiliser 90 000 ha de vergers (avec 765 000 tonnes/an), 25 000 ha de café (40 000 tonnes/an), dont 5 950 ha labellisés « café de spécialité », en renforçant l’adoption de pratiques VietGAP, l’irrigation économe et les codes de zone de culture.
Son La ambitionne de devenir le centre de transformation de produits agricoles du nord-ouest. La province compte 216 zones de culture labellisées pour l’export, 201 chaînes de production de fruits sûrs couvrant 4 502 ha (54 207 tonnes/an), et 5 596 ha certifiés VietGAP.
Le café bénéficie de 23 448 ha en certification durable (28 000 tonnes/an). La filière de transformation est soutenue par près de 560 unités de transformation, 3 000 plateformes de séchage de longanes et 40 entrepôts frigorifiques.
Diversité locale et projets d’industrialisation
À Dien Bien, Lo Hong Phong, vice-directeur du Service de l’agriculture et de l’environnement, souligne le fort potentiel climatique et pédologique pour des cultures rémunératrices : mangues, pamplemousses, ananas, noix de macadamia, café, thé ou caoutchouc. La province s’est dotée de près de 4 800 ha de café, 5 000 ha de caoutchouc et 12 300 ha de macadamia. Un projet d’usine de transformation agricole est en cours.
À Lai Chau, l’agriculture se tourne vers les plantes médicinales : plus de 23 000 ha, dont 10 000 ha de cannelle, 6 500 ha de cardamome, 2 000 ha d’aubépine et 130 ha de ginseng local. La production annuelle atteint 3 000 tonnes.
Freins et perspectives
Malgré des atouts évidents, l’agriculture du nord-ouest rencontre des difficultés : morcellement, coûts élevés, aléas climatiques, faible transformation, conditionnement peu adapté à l’export, manque de partenariats durables, maillage logistique insuffisant.
Vu Thi Van Phuong, directrice générale de la société VietRAP, estime que la création de zones de production structurées et l’intégration des agriculteurs et coopératives avec les entreprises sont indispensables. Pour les plantes médicinales, les semis spécifiques et les cultures longues, la définition d’une zone de collecte est cruciale, aux côtés d’emballages et d’étiquetage adaptés.
VietRAP développe actuellement un modèle de culture en zone définie, géré par la coopérative et approvisionné par l’entreprise. À Van Ho (Son La), trois coopératives et plusieurs centaines d’exploitations participent à un projet de 60 ha de plantes médicinales, dont 20 ha déjà récoltés en quatrième cycle. L’entreprise aide également les minorités ethniques à diversifier leurs revenus grâce aux plantes médicinales et propose des boissons à base de ces ingrédients.
Le vice-ministre de l’Agriculture, Tran Thanh Nam, insiste : « Pour proposer des produits agricoles de qualité sur le marché, la condition préalable est de créer des zones de production. Sans elles, la chaîne de valeur ne peut exister ».
Ngo Minh Hai, président du groupe TH, partage cet avis : les exigences de qualité de TH nécessitent des matières premières répondant à des standards stricts, ce qui repose sur des producteurs sélectionnés.
Citant l’exemple réussi à Son La : 50 000 ha de zones de production d’ananas et de grenadille conformes aux normes export, Tran Thanh Nam conclut que les provinces doivent désormais concentrer leurs efforts sur les semences, les bonnes pratiques agricoles et les infrastructures pour maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur agricole.