Avec plus de 7,2 millions de tonnes de riz exportées au cours des dix premiers mois de 2025 et des milliers de tonnes de riz certifié « vert » prêtes à être mises sur le marché, le secteur rizicole vietnamien entre dans une nouvelle phase de développement, où la qualité, la responsabilité environnementale et la valeur ajoutée deviennent des piliers.
Un nouveau pilier pour l’exportation agricole
Selon le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, au cours des dix premiers mois de 2025, les exportations de riz du Vietnam ont atteint 7,2 millions de tonnes, pour une valeur de 3,7 milliards de dollars, avec un prix moyen de 511 USD/tonne. Ces chiffres reflètent non seulement une demande stable du marché, mais montrent également un net glissement vers une amélioration de la qualité du riz vietnamien. Plutôt que de se concentrer sur les variétés moyennes, la structure des exportations s’oriente clairement vers le riz parfumé, le riz Japonica et, en particulier, le riz produit selon un processus à faible émission.
Dans un contexte de concurrence intense, le facteur décisif ne réside plus dans la quantité, mais dans la valeur ajoutée et la réputation du produit. C’est pourquoi le secteur rizicole vietnamien adopte une approche proactive, passant d’une logique de « produire beaucoup » à celle de « produire intelligemment », en ciblant les marchés moyen et haut de gamme.
Face aux exigences concrètes du marché, les ministères, secteurs et entreprises ont mis en place de nombreuses mesures coordonnées pour construire la marque du riz vietnamien, en particulier la marque collective « Riz vietnamien vert, faible émission ». Cette marque a rapidement suscité l’intérêt des entreprises et des consommateurs, ouvrant une nouvelle voie pour le secteur.
Le vice-président permanent et secrétaire général de l’Association du secteur rizicole vietnamien (VIETRISA), Lê Thanh Tung, explique que la marque « Riz vietnamien vert, faible émission » revêt une importance particulière dans les efforts visant à améliorer la qualité du riz et à répondre à la tendance de consommation durable. Selon lui, dès la phase initiale, environ 20 000 tonnes de riz ont été labellisées, dont 500 tonnes exportées vers le Japon. C’est un signe encourageant, car le marché japonais est réputé pour ses exigences strictes en matière de qualité, d’hygiène et de processus de production durable.
La marque verte ne sert pas seulement de support promotionnel, elle entraîne également un changement significatif dans la pensée de production. Les entreprises commencent à segmenter leurs produits selon différents niveaux de qualité, au lieu de vendre un riz homogène comme auparavant. Les lots de riz conformes aux standards verts sont destinés au segment haut de gamme, ciblant les consommateurs exigeants en matière de sécurité alimentaire.
En particulier, plusieurs grandes chaînes de distribution, telles que Co.opmart et Aeon, ont commencé à envisager la distribution de ce type de produit. Cela montre que la tendance de consommation durable devient une nouvelle norme, tout en ouvrant un vaste potentiel de marché pour le riz vert vietnamien.
L’un des jalons majeurs du secteur rizicole en 2025 a été l’exportation réussie d’un lot de riz « low carbon » vers le Japon. Il ne s’agit pas seulement d’une question de qualité du produit, mais également de la capacité à répondre aux normes d’émission, qui deviennent un véritable « passeport » dans le commerce agricole mondial.
Selon le président du conseil d’administration de la Société par actions d’agriculture à haute technologie Trung An (Can Thơ), Pham Thai Binh, l’entreprise a exporté 500 tonnes de riz Japonica en mai 2025, et l’ensemble des produits a respecté les exigences techniques strictes du partenaire japonais, ouvrant la voie à d’autres marchés exigeants pour les entreprises vietnamiennes.
Le projet d’un million d’hectares de riz de haute qualité
La création et le développement de la marque « Riz vietnamien vert » s’inscrivent dans le cadre du projet « Développement durable d’un million d’hectares de riz de haute qualité, à faible émission, associé à la croissance verte dans le delta du Mékong d’ici 2030 ».
Lors d’un séminaire international à Hanoï en mai dernier, le Dr Jongsoo Shin, directeur régional Asie de l’Institut de recherche sur le riz (IRRI), a affirmé que le Vietnam disposait d’un potentiel important pour mener la transition verte du secteur rizicole. Selon lui, le projet d’un million d’hectares améliore non seulement les méthodes culturales, mais apporte également des bénéfices doubles : réduction des émissions, adaptation au changement climatique et augmentation des revenus des agriculteurs.
Selon Tan Cong Thang, directeur de l’Institut de stratégie et de politique agricoles et environnementales (ISPAE), la production de riz représente actuellement 48 % des émissions totales du secteur agricole et 75 % des émissions de méthane. Ainsi, la transition vers des modèles à faible émission est une nécessité urgente si le Vietnam veut atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Cependant, Lê Thanh Tung souligne que la chaîne de valeur dans le modèle à faible émission n’est pas encore clairement structurée ; certains maillons clés, comme les entreprises de consommation et les grandes chaînes de distribution, ne participent pas encore pleinement ; l’échelle des projets pilotes reste limitée… Or, l’objectif du projet est de couvrir un million d’hectares, soit 13 millions de tonnes de riz par an, ce qui nécessite un engagement plus fort des entreprises, coopératives et autorités locales.
Un autre problème réside dans l’absence d’outils de mesure des émissions uniformes, ce qui complique l’évaluation de l’efficacité réelle et l’accès au marché des crédits carbone. Selon certains experts internationaux, le Vietnam doit établir un système de mesure transparent, standardiser les processus et renforcer la coopération internationale pour exploiter efficacement ce secteur prometteur.
Cette transformation profonde du secteur rizicole montre que le Vietnam entre dans une nouvelle phase de développement : s’appuyant sur la qualité, la responsabilité environnementale et la science-technologie comme fondements. L’exportation de riz n’est plus seulement une question de millions de tonnes de marchandises, mais un véritable parcours pour valoriser la marque nationale.