Tri de pomelos verts destinés à l'exportation à l'usine du groupe Vina T&T, dans la province de Ben Tre. Photo : VNA
Selon les dernières données des Douanes vietnamiennes, le chiffre d'affaires à l'exportation pour le seul mois de novembre 2025 s'est élevé à 701 millions de dollars. Si ce résultat marque une contraction de 24,4 % par rapport à octobre — sous l'effet de la saisonnalité et des récentes inondations dans certaines zones agricoles clés — il affiche une progression spectaculaire de 53,3 % en glissement annuel.
Sur les onze premiers mois de l'année, le cumul atteint 7,75 milliards de dollars, soit une hausse de 17,3 % par rapport à la même période en 2024. Avec des prévisions estimées à 750 millions de dollars pour décembre, le secteur s'apprête à franchir un cap historique.
Cette dynamique repose essentiellement sur six produits phares : le durian, la banane, la mangue, le jacquier, la noix de coco et le pamplemousse. Le durian demeure la locomotive du secteur, porté par une demande chinoise insatiable. Les revenus générés par ce seul fruit sont estimés à plus de 4 milliards de dollars cette année.
Le marché chinois confirme sa position de partenaire prédominant. Sur 11 mois, les exportations vers la Chine ont avoisiné les 5 milliards de dollars (+15 %), pulvérisant déjà le record de l'année 2024 (4,63 milliards). Le Vietnam capte désormais 22 % de parts du marché des importations de fruits et légumes en Chine, contre 18,5 % l'an passé.
Parallèlement, la diversification géographique porte ses fruits : les exportations vers les États-Unis ont bondi de 56 % pour atteindre 499,2 millions de dollars, tandis que la République de Corée a importé pour 284,2 millions de dollars de produits vietnamiens.
L'année 2025 marque également un tournant stratégique : le passage d'une croissance basée sur le volume à une croissance axée sur la valeur ajoutée.
L'Association des fruits et légumes du Vietnam (Vinafruit) souligne la percée des produits transformés (conserves, séchage, pré-traitement). Ce segment a progressé à deux chiffres pour atteindre 1,65 milliard de dollars. Les produits transformés permettent non seulement de stabiliser les cours intérieurs, mais leur valeur ajoutée est 3 à 5 fois supérieure à celle des produits frais.
Les entreprises, à l'image du groupe Vina T&T, misent désormais sur l'excellence logistique. Des conteneurs de longane et de noix de coco fraîche parviennent aujourd'hui jusqu'aux Pays-Bas après 45 jours de mer, tout en conservant une fraîcheur optimale pour les consommateurs européens.
Pour consolider cette position sur l'échiquier mondial et répondre aux exigences de sécurité sanitaire de plus en plus strictes, le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement a franchi une nouvelle étape réglementaire. Par la décision n° 5272/QĐ-BNN-MT du 13 décembre 2025, un plan pilote de traçabilité du durian a été instauré. Prévue du 1er janvier au 30 juin 2026, cette phase testera un système unifié utilisant des codes QR et des technologies sans contact (NFC, RFID). Ce dispositif permettra de suivre en temps réel chaque fruit, de la zone de production jusqu'aux centres de distribution internationaux.
Ce renforcement de la transparence est perçu par les analystes comme le dernier levier nécessaire pour permettre au Vietnam de franchir, dès les prochaines années, le cap symbolique des 10 milliards de dollars d'exportations de fruits et légumes.