L’agriculture représente encore plus de 80% de la consommation totale d’eau du pays, ce qui exerce une pression croissante sur la sécurité hydrique et la pérennité de la production.
Avec des sécheresses prolongées et des pénuries chroniques, le secteur est de plus en plus contraint d’abandonner les pratiques consommatrices d’eau au profit d’une irrigation efficace et résiliente face au changement climatique.
Dans ce contexte, le forum "Recherche et application des technologies stratégiques pour le développement d’une irrigation avancée et économe en eau destinée aux cultures des zones arides au service de l’agriculture intelligente, de la réponse au changement climatique, en contribution à la sécurité hydrique dans le Centre-Sud et les hauts plateaux du Centre" s’est tenu lundi 29 décembre dans la province de Dak Lak.
Le rédacteur en chef adjoint du journal Nông nghiêp và Môi truong (Agriculture et Environnement), Vu Minh Viêt, a souligné l’importance stratégique du Centre-Sud et des hauts plateaux du Centre pour l’agriculture nationale.
Ces régions concentrent de nombreuses cultures pluviales essentielles qui contribuent significativement aux recettes d’exportation, mais sont aussi parmi les plus vulnérables au changement climatique, les sécheresses et les pénuries d’eau s’aggravant.
Selon lui, cela exige un changement fondamental de mentalité, passant d’une exploitation de l’eau à une approche axée sur l’efficacité, la durabilité et l’adaptation.
Un représentant du Département de la gestion et de la construction des ouvrages d’irrigation, rattaché au ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, a indiqué que la plupart des systèmes d’irrigation agricole reposent encore sur des méthodes traditionnelles, entraînant des pertes et un gaspillage d’eau considérables.
L’adoption de technologies d’irrigation modernes et économes en eau, notamment pour les cultures pluviales, demeure limitée.
Cette situation intensifie la pression sur les ressources en eau, tout en compromettant directement l’efficacité de la production, en augmentant les coûts des intrants et en freinant le développement durable du secteur. Dans la province de Dak Lak, plus de 84.000 hectares de cultures en zones arides bénéficient de méthodes d’irrigation modernes, mais leur généralisation reste difficile.
Nguyên Thành Long, directeur du sous-département provincial de l’irrigation, de prévention et de lutte contre les catastrophes naturelles, a indiqué que le coût d’investissement des systèmes d’irrigation modernes demeure élevé, avec une moyenne de 50 à 60 millions de dôngs (1.900 à 2.200 dollars américains) par hectare.
Face à la fluctuation des prix à la production et à l’instabilité des revenus des agriculteurs, ces coûts constituent un frein important à une adoption plus large. La dispersion des cultures, l’éloignement des parcelles par rapport aux zones résidentielles, les difficultés d’entretien du matériel et les infrastructures électriques limitées dans certaines régions entravent également la mise en œuvre efficace de ces systèmes.
Outre les questions de coût, la sensibilisation de certains agriculteurs aux avantages à long terme d’une irrigation moderne et économe en eau reste limitée. Bien que le gouvernement ait mis en place des mécanismes et des politiques visant à promouvoir l’irrigation à petite échelle, à la ferme et avancée, l’identification et l’allocation des ressources de soutien au niveau local continuent de se heurter à des obstacles, empêchant ces mesures de produire leur plein impact.
Solutions
S’appuyant sur son expérience locale, la province de Dak Lak a proposé au gouvernement d’intégrer en priorité les financements du Programme cible national de construction de la nouvelle ruralité, des programmes d’adaptation au changement climatique, des initiatives d’agriculture durable et des projets d’APD afin d’investir dans les infrastructures de stockage d’eau et l’irrigation moderne pour les principales cultures des zones arides.
Parallèlement, les autorités locales encouragent la participation citoyenne en incitant les entreprises, les coopératives et les organisations économiques à investir et à intégrer les technologies d’irrigation modernes dans leur production, contribuant ainsi à la mise en place progressive de chaînes de valeur agricoles durables.
Au niveau national, Nguyên Hoài Nam, directeur adjoint du Département de la gestion et de la construction des ouvrages d’irrigation, a déclaré que la Stratégie d’irrigation du Vietnam jusqu’en 2030, avec une vision à l’horizon 2045, fixe des objectifs clairs pour l’agriculture des zones arides.
D’ici 2030, 70% des surfaces cultivées en zones arides devront être irriguées, dont au moins 30% grâce à des méthodes modernes d’économie d’eau. D’ici 2045-2050, cette part devra atteindre 60%. Ces objectifs, a-t-il déclaré, représentent non seulement des repères techniques, mais aussi une transformation de la gouvernance de l’eau, passant de l’exploitation à une utilisation efficace et durable.
Pour atteindre ces objectifs, le ministère continuera de collaborer avec les autorités locales afin de mettre en œuvre plus efficacement le décret N°77/2018/ND-CP, en simplifiant les procédures et en améliorant la transparence pour que les politiques soient plus accessibles aux agriculteurs et aux coopératives.
Les ressources issues des nouveaux programmes de développement rural, des initiatives d’agriculture durable et des dispositifs de crédit préférentiels seront mobilisées pour soutenir les investissements dans les infrastructures de stockage d’eau et les systèmes d’irrigation avancés pour les cultures en zones arides.
Outre le soutien politique, la science et la technologie sont considérées comme déterminantes.
Nguyên Van Kiên, de l’Institut vietnamien des sciences des ressources en eau, a indiqué que des technologies telles que l’irrigation au goutte-à-goutte et par aspersion ont démontré des avantages indéniables. Ces systèmes peuvent augmenter les rendements des cultures en zones arides de 10 à 30%, réduire les besoins en main-d’œuvre de 20 à 50%, économiser de 20 à 40% d’eau d’irrigation et limiter les pertes d’engrais.
Pourtant, ces systèmes ne couvrent actuellement qu’environ 7,3% de la superficie totale des cultures en zones arides, principalement dans le cadre de projets pilotes soutenus par l’État, et leur diffusion au niveau communautaire reste limitée.
Les experts s’accordent à dire que, pour que l’irrigation intelligente s’implante durablement, il est indispensable d’investir simultanément dans les infrastructures techniques, la formation des agriculteurs, les systèmes de données standardisés et les campagnes de communication afin de sensibiliser aux avantages à long terme d’une irrigation moderne et économe en eau.