Selon le Conseil de recherche sur le développement du secteur privé (Conseil IV) du Conseil consultatif du Premier ministre sur la réforme des procédures administratives, ces défis étant systémiques, ils ne seront pas faciles à résoudre.
Pham Thi Ngoc Thuy, directrice du Bureau du Conseil IV, a déclaré que le conseil a récemment soumis un rapport au Premier ministre évaluant l'état de préparation et les difficultés rencontrées par les entreprises vietnamiennes dans leurs efforts de transition verte.
Le rapport, basé sur diverses sources, notamment des recherches secondaires, une vaste enquête auprès de 2.734 entreprises, des tables rondes avec des dirigeants de près de 50 associations et des entreprises nationales de premier plan, et des consultations avec des organisations et des experts internationaux, met en évidence le caractère mondial de la « course verte ».
Les principaux pays consacrent des ressources importantes et élaborent des cadres juridiques et pratiques complets pour promouvoir la transition verte sur leur territoire et donner l'exemple aux autres nations.
Le Vietnam doit participer avec un engagement et des efforts à la hauteur des engagements fermes pris par le gouvernement lors des COP26 et COP27.
Cela est nécessaire non seulement pour affirmer le leadership du pays, mais aussi pour exploiter efficacement les ressources internationales pendant la transition verte.
La transition verte nécessite un système de politiques et de programmes de mise en œuvre pratiques couvrant tout, des investissements, du commerce et du développement sectoriel aux initiatives de réduction des émissions.
Le Vietnam a besoin d'une stratégie nationale globale de transition verte dirigée par le gouvernement, avec une coordination étroite entre les ministères, les secteurs, les autorités locales et les secteurs public et privé.
Cette stratégie doit comporter des responsabilités claires, des échéanciers, des objectifs et des résultats mesurables.Selon l'enquête auprès des entreprises, 48,7 % des entreprises estiment que la réduction des émissions et une transition verte sont nécessaires ou très nécessaires, 16,9 % les jugeant hautement nécessaires. Cependant, 17,4 % des entreprises trouvent cette mesure inutile ou très inutile, et 33,9 % la jugent moyennement nécessaire.
Il est intéressant de noter qu’il existe peu de différence dans la perception de la nécessité de réduire les émissions entre les entreprises axées sur le marché intérieur et celles orientées vers l’exportation.Le rapport met en évidence une disparité entre les entreprises nationales et celles à capitaux étrangers (IDE), 55,2 % des entreprises à capitaux étrangers reconnaissant la nécessité de réduire leurs émissions, contre 48 % pour les entreprises nationales.
Cependant, le chiffre le plus inquiétant est que 64 % des entreprises interrogées ne se sont pas encore préparées à la réduction des émissions ou à la transition verte. Seules 5,5 % ont activement réduit leurs émissions dans des activités critiques, et seulement 3,8 % ont suivi et rendu public leurs réductions annuelles d’émissions.
Ce manque de préparation, en particulier compte tenu de l’évolution des politiques sur les principaux marchés comme l’Europe et les États-Unis, crée une pression importante à la fin des périodes de transition et au début de la conformité obligatoire.
Les niveaux de préparation sont nettement plus faibles pour les entreprises qui opèrent uniquement sur le marché intérieur par rapport à celles qui se livrent à des activités d’exportation.
Les défis de la transition verte
L’enquête révèle également que les entreprises sont confrontées à divers défis, notamment l’accès à l’information, au financement et au personnel qualifié.
Les trois principaux obstacles sont le financement de la réduction des émissions, le personnel qualifié pour la transition verte et les solutions techniques adaptées.
La transition verte nécessite des ressources financières substantielles dans tous les secteurs. Selon l’estimation de la Banque mondiale pour 2022, les besoins financiers supplémentaires du Vietnam pour renforcer sa résilience et réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 s’élèveront à 368 milliards de dollars américains, l’adaptation représentant 4,7 % du PIB annuel du Vietnam et la décarbonisation nécessitant 2,1 % du PIB.
Environ 50 % de ce financement proviendra du secteur privé (184 milliards de dollars), avec des contributions du secteur public de 130 milliards de dollars, complétées par un soutien financier international.
Le manque d’accès au financement est le plus grand obstacle pour les entreprises qui souhaitent réduire leurs émissions et passer à des pratiques écologiques. 50 % des entreprises interrogées ont identifié ce problème comme un obstacle.
Si les entreprises ont besoin de capitaux importants pour la transition verte, la finance verte ne s’est pas développée proportionnellement.
Au cours de la dernière décennie, la finance verte au Vietnam a augmenté, mais son échelle reste faible.
Le crédit vert ne représente que 4,5 % du total des prêts en cours à la fin de 2023, et le marché des obligations vertes reste sous-développé.
Actuellement, 47 institutions financières au Vietnam ont un crédit vert avec un solde total de prêts en cours de près de 621.000 milliards de songs, soit une augmentation de 24 % par rapport à 2022, ce qui représente environ 4,5 % du total des prêts de l’économie.
Le crédit vert est principalement axé sur les énergies renouvelables (45 %) et l’agriculture verte (30 %).
Les obligations vertes sont confrontées à des difficultés en raison d’un manque de directives détaillées sur les critères des projets, les cadres de suivi et les réglementations juridiques.
En 2023, les obligations vertes au Vietnam ne représentaient que 1 % du marché des obligations d’entreprises, contre 5 % en Malaisie et 7 % à Singapour.
Le rapport souligne que les ressources financières internationales, telles que les 15,5 milliards de dollars promis dans le cadre du Partenariat pour une transition énergétique juste pour aider le Vietnam à mettre en œuvre des projets spécifiques, doivent surmonter les obstacles administratifs pour être utilisées efficacement.
Selon le rapport, le Vietnam doit relever ces défis financiers, techniques et institutionnels pour atteindre ses objectifs de transition verte et maintenir sa compétitivité mondiale.