L’examen Huong de 1897 à Nam Dinh : le témoignage photographique d’une époque

L’examen Huong de 1897 à Nam Dinh : le témoignage photographique d’une époque

Les photographies de Firmin-André Salles restituent l’examen Huong de 1897 à Nam Dinh, au Nord-Est du Vietnam, offrant un précieux témoignage visuel des traditions mandarinales et de l’univers éducatif vietnamien à la fin du XIXe siècle.

L’examen Huong organisé à Nam Dinh en 1897 (l’année du Coq - Dinh Dau, selon le calendrier lunaire) est reconstitué à travers une série de photographies réalisées par Firmin-André Salles.

Elles sont exposées du 6 au 30 novembre dans le site du Temple de la Littérature (Quoc Tu Giam) à Hanoi, capitale vietnamienne.

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Les clichés exposés comptent parmi les rares témoignages visuels de cette époque, aujourd’hui conservés par la Bibliothèque nationale de France et la Société de Géographie de France. Ils captent avec justesse l’ambiance à la fois solennelle, dense et animée des anciens concours mandarinaux.

Firmin-André Salles (1860-1929) était un explorateur et photographe français qui a travaillé au Vietnam, au Laos et au Cambodge entre 1896 et 1898.

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Grâce à la technique de la plaque sèche, il a réalisé des images d’une précision et d’une clarté exceptionnelles, offrant une perspective vivante sur les paysages, le quotidien, et les pratiques culturelles et éducatives du Vietnam à la fin du XIXe siècle.

L’examen Huong organisé à Nam Dinh en 1897 fut l'un des deux examens dont l'ouverture se déroula en présence du gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer (1857-1932).

Dans le livre « Brève étude des examens impériaux vietnamiens : des débuts à l'examen Mau Ngo de 1918 », l'érudit Tran Van Giap (1898-1973) a écrit : « Autrefois, ceux qui voulaient progresser devaient étudier dur pour participer aux examens impériaux, pour accéder à la fonction publique et espérer servir la cour impériale. Ainsi, pour le pays, l'examen impérial est une méthode de sélection des talents ; pour les lettrés, c'est une voie vers la gloire et la prospérité. »

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L'atmosphère animée de la cérémonie d'annonce des résultats est illustrée par des photos.

Le système des examens impériaux sous la monarchie vietnamienne représentait un modèle rigoureux de sélection des élites, profondément imprégné des valeurs confucéennes qui prônent le respect des lettrés et la primauté du mérite.

Les candidats devaient franchir plusieurs étapes d’épreuves hautement compétitives.

Du niveau local, ils progressaient vers l’examen régional (Huong), puis national (Hoi), avant de se mesurer au concours du Palais (Dinh) organisé à Hue, capitale impériale.

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Les lauréats recevaient des titres en fonction de leur rang : Tu tai (bachelier), Cu nhan (licencié), et Tien si (docteur), le plus éminent d’entre eux étant élevé au rang prestigieux de Trang nguyen (premier lauréat).

Parmi ces étapes, l'examen Huong constituait l'épreuve de sélection principale permettant de repérer les talents. Il se déroulait tous les trois ans dans les écoles d'examen locales.

Il réunissait des lettrés venus de tout le pays, confinés pendant plusieurs jours dans des « camps de lettrés », placés sous une stricte surveillance impériale.

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Les Cu nhan prenaient leur repas de midi à la résidence du gouverneur provincial.

L'examen Huong se composait généralement de trois ou quatre épreuves, couvrant un large ensemble de disciplines : interprétation des Classiques (les Quatre Livres et les Cinq Classiques), rédaction des chieu-che-bieu (documents administratifs), en passant par la poésie, la littérature (dissertations sur les affaires de l’État).

Très peu de candidats réussissaient et obtenaient le titre de bachelier, leur permettant de poursuivre leur participation à l'examen Hoi.

Selon l'ouvrage « Quoc trieu Huong khoa luc » de l’historien Cao Xuan Duc (1843-1923), le concours de 1897 rassembla plus de 10 000 candidats, mais seulement 80 furent admis.

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Après le repas, les lauréats attendaient dans un pavillon jusqu’à la fin de la cérémonie de proclamation.

Le concours se déroulait sur un vaste terrain divisé en quatre zones, bordées d’allées en forme de croix.

Au centre se dressaient une tour de garde et le pavillon de surveillance, chargés d’assurer le bon déroulement des épreuves.

En dehors des périodes d’examen, le terrain était souvent reconverti en terres agricoles.

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À partir de 1898, le gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer, signa un décret instaurant un système d'examens supplémentaires, incluant le Quoc Ngu et le français.

Le dernier examen Huong organisé dans le Nord eut lieu en 1915, à Nam Dinh.

Les autorités françaises instaurèrent ensuite progressivement un nouveau système éducatif comprenant l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.

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L’espace d’exposition est conçu d’après le style des anciens centres d’examen de Nam Dinh, avec des clôtures de bambou et des allées étroites, afin de restituer une atmosphère authentique.

L’exposition s’inscrit dans le cadre de Photo Hanoi’25, organisé conjointement par le Comité populaire de Hanoi et l’Ambassade de France au Vietnam.

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