Dès l’aube, Hanoï s’est embrasée de la couleur rouge des drapeaux révolutionnaires. Des dizaines de milliers de paysans et de pauvres, armés de moyens rudimentaires, sont arrivés de Lang et de Moc pour occuper l’agence de Hoan Long, proclamer l’instauration du pouvoir révolutionnaire dans la zone du carrefour So et donner le coup d’envoi de l’insurrection au cœur de la ville.
Des dizaines de milliers d’habitants des régions rurales environnantes, venus des districts de Thanh Tri, Thuong Tin, Phu Xuyen, Hoai Duc, Dan Phuong (Ha Dong) et Gia Lam (Bac Ninh) ont avancé vers le centre de la ville avec des drapeaux du Viet Minh, des bâtons, des machettes, des faucilles et des armes de fortune, tels un torrent irrésistible.
Tous se sont rassemblés devant l’Opéra de Hanoï. Toute la ville a tremblé sous les clameurs des slogans : « Soutien au Viet Minh », « Pouvoir populaire révolutionnaire », « Gloire éternelle à la Révolution victorieuse », « Établir le comité des milices révolutionnaires », « Indépendance totale du Vietnam », « À bas les invasions », « À bas toutes les forces hostiles à la révolution vietnamienne », « Contre l’agression »…
À onze heures, devant plus de deux cent mille personnes rassemblées devant l’Opéra de Hanoï, le Comité insurrectionnel a lu l’appel à l’insurrection. Ensuite, le rassemblement s’est transformé en une manifestation armée pour la prise du pouvoir. '
Les masses révolutionnaires, précédées par des unités d’autodéfense armées, se sont divisées en deux grands blocs pour occuper les positions stratégiques : le Palais du résident supérieur, la Poste centrale, le Commissariat de police…

Sous l’élan irrésistible des masses et de la vaillante force d’autodéfense, la plupart des bureaux de l’administration ennemie sont rapidement passés sous le contrôle du peuple. Seuls au camp de la garde de sécurité, les Japonais ont envoyé des chars pour bloquer la tête du cortège. Cependant, face à l’ardeur bouillonnante des masses et grâce aux camarades qui les ont convaincus en exposant clairement la politique du Parti et du Viet Minh, ils ont dû se replier.
Dès la prise du Palais du résident supérieur, le membre de la Permanence du Comité régional du Nord présent sur place a téléphoné au maire et aux gouverneurs des provinces de Hai Phong, Hai Duong, Bac Ninh, Ha Nam et Nam Dinh pour leur annoncer que la révolution avait triomphé à Hanoï et leur ordonner de remettre sans délai le pouvoir aux organes locaux du Viet Minh. Dans la soirée du 19 août, l’insurrection pour la prise du pouvoir à Hanoï s’est achevée par une victoire éclatante.
La victoire de l’insurrection à Hanoï a revêtu une importance considérable.
Pendant plus d’un demi-siècle, Hanoï a été la capitale de l’Indochine française. La victoire de l’insurrection à Hanoï a symbolisé l’effondrement du régime colonial sur notre pays.
Le succès de l’insurrection à Hanoï a porté un coup fatal au régime fantoche japonais dans presque tout le pays, le poussant à la désespérance totale, à la désintégration et à la reddition devant la Révolution.

Le succès de l’insurrection à Hanoï a résonné comme une détonation qui s’est propagée rapidement partout, mobilisant et incitant le peuple de tout le pays à se soulever pour prendre le pouvoir. Presque toutes les provinces du Nord, jusqu’à Thanh Hoa et Nghe An, ont suivi l’exemple de Hanoï en lançant leur propre insurrection. Lorsque l’armée chinoise est entrée dans les chefs-lieux des provinces de la haute région, toutes les zones intermédiaires et les deltas avaient déjà été parés des drapeaux révolutionnaires. Le pouvoir est passé aux mains du peuple.
La victoire à Hanoï a permis au Comité central du Parti et au leader Hô Chi Minh de transférer leur quartier général à Hanoï, d’où ils ont dirigé l’insurrection générale dans tout le pays jusqu’à son triomphe complet, préparant les conditions pour accueillir les forces alliées.
La victoire de l’insurrection à Hanoï a également revêtu une importance particulière en montrant une méthode d’insurrection consistant à « s’emparer du pouvoir sans effusion de sang dans les lieux où la lutte avec les troupes japonaises et le régime pro-japonais était intense, ou même dans les endroits où nous avions déjà pris le pouvoir, mais où l’autorité n’était pas encore stable ».
Le camarade Truong Chinh a estimé : « La victoire de l’insurrection dans le Nord, comprenant Hanoï et Hue, constitue un succès décisif de l’insurrection. La victoire dans le Nord a créé les conditions et encouragé les habitants du Sud ainsi que des régions encore non libérées à se soulever pour s’emparer du pouvoir sans plus tarder ».
À Thai Nguyen, dans la matinée du 19 août, l’équipe de propagande volontaire du district de Vo Nhai a mobilisé la population et les forces d’autodéfense de la commune de Dong Bam pour entrer dans le chef-lieu. Les habitants des rues sont descendus manifester et montrer leur force. Les troupes japonaises stationnées en ville, prises de panique, se sont repliées dans leurs casernes pour se défendre.
Sur le même élan que l’insurrection de Hanoï, les habitants des provinces de Thai Binh, Phuc Yen et Khanh Hoa, sous la direction du Parti et du Front Viet Minh, s’est soulevé et a pris le pouvoir avec succès dans le chef-lieu, le même jour.