VIH/sida : le Vietnam vise l’éradication d’ici 2030

Après 35 ans d’efforts acharnés, le Vietnam confirme son leadership en Asie-Pacifique dans la lutte contre le VIH/sida. Le pays conjugue accès élargi aux soins, prévention innovante et réduction de la stigmatisation pour atteindre l’objectif ambitieux fixé pour 2030.

Jeunes femmes de la province de Son La (Nord) en session de sensibilisation à la lutte contre le VIH/sida. Photo : VNA.
Jeunes femmes de la province de Son La (Nord) en session de sensibilisation à la lutte contre le VIH/sida. Photo : VNA.

Durant les 35 dernières années, le pays a transcendé la simple persévérance dans sa riposte contre le VIH/sida.

Hanoï s’est attelé à démanteler la stigmatisation, élargir l’accès aux traitements et offrir une pleine réintégration sociale à des centaines de milliers de personnes séropositives. Cette trajectoire remarquable incarne un profond esprit humaniste et la promesse nationale qu’“ aucune personne ne soit laissée pour compte”.

Le Vietnam se rapproche ainsi de son objectif capital : l’éradication de l’épidémie d’ici 2030.

Selon le ministère de la Santé, depuis la première séropositivité détectée en 1990, le virus du VIH s’est propagé aux 63 provinces et municipalités nationales. Fin 2024, le bilan s’élevait à 245.762 personnes infectées encore en vie, avec 116.004 décès cumulés.

Bien que les nouvelles contaminations continuent de progresser, en particulier chez les jeunes - force vive de la société - les actions menées ont réussi à maîtriser la dynamique de transmission et à atténuer l’impact de la maladie sur la population.

Très tôt, le Parti et l’État ont élevé la riposte au VIH/sida au rang de priorité absolue pour la santé et le développement social. Cette volonté s’est traduite par la promulgation de cadres normatifs exhaustifs (directives, politiques et textes législatifs) visant à structurer les initiatives.

L’implication intersectorielle - des ministères et organisations sociopolitiques aux associations locales - a créé un “front populaire uni” face à ce fléau.

Partant d’un contexte initial de pénurie de ressources et de méconnaissance, la nation a bâti un programme national de riposte au VIH/sida complet et durable, axé sur la maîtrise totale de l’infection d’ici la fin de la décennie.

Dépistage précoce, résultats visibles

Trois décennies et demie après le début de la crise, le pays, qui met en œuvre sa stratégie “Zéro sida en 2030”, enregistre des progrès significatifs. Les piliers que sont le dépistage rapide, la prévention de la transmission et la prise en charge thérapeutique sont déployés de concert avec une efficacité prouvée.

En moyenne, plus de 2 millions de tests du VIH sont réalisés annuellement, permettant la détection de plus de 10.000 nouveaux cas. Ce dispositif a été décentralisé jusqu’aux structures de santé locales, et systématiquement intégré aux services de soins courants, aux programmes de prévention de la transmission mère-enfant (PTME) et à la santé reproductive.

Initiée en 2000, l’administration d’antirétroviraux (ARV) couvre désormais 184.214 patients (dont 181.849 adultes et 2.365 enfants, selon les données de décembre 2024).

Fait marquant : plus de 90% des bénéficiaires reçoivent leur traitement grâce au financement de l’Assurance maladie. Cet effort financier assure la pérennité des soins, soulage considérablement les familles et élève la qualité de vie des personnes séropositives.

En parallèle de l’arsenal thérapeutique, la nation excelle en prévention secon-daire, notamment via la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Quelque 70.000 individus à haut risque ont déjà bénéficié de ce service. En reconnaissance de cette proactivité et de son efficacité remarquable, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désigné le Vietnam en 2023 comme le chef de file régional en Asie-Pacifique pour le nombre d’utilisateurs de PrEP.

En vertu de sa Stratégie nationale d’éradication du sida en 2030, l’État s’est fixé la triple ambition 95-95-95 : garantir que 95% des porteurs du VIH soient diagnostiquées, que 95% des cas connus bénéficient d’un traitement ARV, et que 95% des personnes sous traitement affichent une charge virale indétectable (inférieure au seuil de suppression).

En 2024, les résultats inter-médiaires sont éloquents : 87,3% pour le premier 95, 78,9% pour le second, et 96% pour le troisième. Ces chiffres dépassent la moyenne régionale Asie-Pacifique et se rapprochent des standards mondiaux, attestant de la robustesse du dispositif sanitaire et de la mobilisation communautaire.

Sensibilisation des séropositifs aux traitements antirétroviraux dans un centre de santé à Son La (Nord). Photo : VNA
Sensibilisation des séropositifs aux traitements antirétroviraux dans un centre de santé à Son La (Nord). Photo : VNA

Union et engagement au cœur de la lutte

Pour marquer cet anniversaire de 35 ans de riposte, et à l’occasion du Mois d’action national (10 novembre - 10 décembre 2025) et de la Journée mondiale contre le sida (1er décembre), le ministère de la Santé a dévoilé le thème de 2025 : “L’Union fait la force - ensemble pour mettre fin à l’épidémie de sida”.

Ce slogan martèle une conviction fondamentale : seule l’action solidaire de toute la société - des institutions étatiques aux organismes de santé, des entreprises jusqu’à l’individu - permettra d’atteindre l’objectif “Zéro sida en 2030 “.

L’instance ministérielle a également diffusé des messages clés percutants, notamment : “Équité et égalité dans l’accès aux services anti-VIH/sida - vers la fin de l’épidémie d’ici 2030”.

Des campagnes de sensibili-sation, des événements publics (rassemblements et tables rondes), des unités de dépistage mobiles et des forums pour la jeunesse seront organisés à travers le territoire. Ces initiatives visent à rehausser la prise de conscience, réduire l’opprobre et inciter chacun à se faire dépister et à suivre activement son traitement.

Au-delà de la seule expertise médicale, la lutte contre le VIH/sida est avant tout une guerre contre la stigmatisation et les préjugés. Les campagnes de sensibilisation et l’éducation communautaire ont permis de transformer la perception sociale.

Les séropositifs sont désormais perçues non plus comme de simples patients, mais comme des individus nécessitant empathie, soutien et l’opportunité de mener une existence saine et épanouie.

Le message “Pas de discrimination envers les personnes vivant avec le VIH/sida” a été largement relayé. Il a concrètement ouvert les portes de l’emploi, de l’éducation et des services de santé aux personnes séropositives.

L’ouverture de la société permet aux porteurs du virus d’accéder plus sereinement au dépistage et au traitement, réduisant de fait le risque de propagation et menant à une maîtrise épidémique durable.

Trente-cinq ans après une riposte acharnée, le pays se trouve à un moment décisif de sa trajectoire vers l’éradication de la pandémie de VIH/sida en 2030. Des défis persistent – notamment le risque de re-contamination, la pérennisation des financements et le maintien de l’engagement sociétal. Néanmoins, l’optimisme quant à la réussite est solidement étayé.

Fort d’un cadre politique robuste, d’un système de santé modernisé, de l’implication communautaire et, en particulier, de l’esprit “L’Union fait la Force”, le Vietnam possède tous les atouts pour concrétiser l’objectif “Zéro sida en 2030” - au service d’un avenir sain, juste et bienveillant pour l’ensemble de ses citoyens.

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