Les dirigeants du Brésil, de Russie, d'Inde, de Chine et d'Afrique du Sud vont tenter de s'accorder sur une nouvelle architecture financière, serpent de mer qui agite depuis des années ce club représentant 40% de la population et le cinquième du PIB de la planète.
La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a promis de poser la première pierre d'une «nouvelle banque de développement» et d'un «accord sur les réserves» monétaires. «Lors de ce sommet, tous les deux vont naître», a-t-elle affirmé.
Les réunions de travail débuteront dans la station balnéaire de Fortaleza (Nord-Est), avant de s'achever mercredi 16 juillet à Brasilia, deux villes placées sous la protection de 6.400 militaires dans un pays où plane la menace d'un climat social agité après le Mondial de football.
La banque des BRICS, qui vise à financer les travaux d'infrastructures, devrait compter sur un capital initial de 50 milliards de dollars, apporté à part égales par les membres d'ici sept ans. «C'est une clé pour renforcer la croissance des BRICS», a lancé le ministre brésilien des Finances, Mauro Borges.
Un argument qui fait mouche au moment où la croissance des émergents donne des signes d'essoufflement, notamment au Brésil et en Russie, dont les prévisions avoisinent les 1% pour cette année.
Une colonne vertébrale
L'accord sur les réserves offrirait un matelas de 100 milliards de dollars, dont 41 apportés par la Chine, 18 par la Russie, le Brésil et l'Inde, et 5 par l'Afrique du Sud. Une sécurité en cas de crises monétaires sans passer par le Fond monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale (BM).
Le président russe Vladimir Poutine au 6e sommet des BRICS, le 15 juillet au Brésil. Photo: CVN.
«L'établissement d'une nouvelle banque de développement est un pas important pour donner aux Brics une colonne vertébrale», admet l'analyste brésilien Marcos Troyjo, directeur du «BRICLab», un centre de recherche spécialisé dans les pays émergents au sein de la prestigieuse université américaine de Columbia.
Ce nouveau système n'est «pas dessiné pour concurrencer les institutions traditionnelles» mais «a pour but de jouer un rôle complémentaire aux institutions basées à Washington», précise cet expert, qui voit là pour les BRICS l'occasion de «démontrer leur capacité à construire».
Les BRICS devraient en revanche s'entendre pour dénoncer leur sous-représentation dans les institutions de Bretton Woods.
Dans un entretien à l'agence russe Itar-Tass diffusé avant le sommet, le président russe, Vladimir Poutine, a fustigé la «lenteur déraisonnable» de la réforme du FMI visant à accroître leurs droits de vote.
Le patron du Kremlin, de retour dans un grand sommet international en pleine crise ukrainienne, espère aussi rallier ses partenaires dans sa croisade pour un «nouveau monde multipolaire».
«Ensemble, nous devrions penser à un système de mesures qui empêcherait le harcèlement de pays en désaccord avec les décisions des États-Unis et leurs alliés», a affirmé M. Poutine, qui a profité du sommet brésilien pour effectuer une tournée plus large, de Cuba à l'Argentine.