Nguyen Luu An : poursuivre le chemin de la promotion de la langue maternelle

Installée en Malaisie, Nguyen Luu An est la plus jeune lauréate du Concours Ambassadeurs, Ambassadrices de la langue vietnamienne à l’étranger 2025, organisé par le Comité d’État chargé des Vietnamiens à l’étranger relevant du Ministère des Affaires étrangères.

Le Nguyen Luu An lors d'une sortie scolaire sur le thème de la Fête de la Mi-Automne. Photo : baoquocte.vn
Le Nguyen Luu An lors d'une sortie scolaire sur le thème de la Fête de la Mi-Automne. Photo : baoquocte.vn

Elle est actuellement assistante pédagogique et participe aux activités extrascolaires du Club de langue vietnamienne en Malaisie, dirigé par sa mère, l’enseignante Nguyen Thi Lien.

Du point de vue d’une jeune Vietnamienne vivant à l’étranger, que représente pour toi la préservation et la promotion de la langue vietnamienne ?

Depuis mon enfance, mes parents ont toujours accordé une attention particulière à ma maîtrise du vietnamien. À l’école, je parle anglais, mais à la maison, notre famille s’exprime exclusivement en vietnamien. Au quotidien, mes parents me rappellent souvent de conserver l’habitude d’utiliser ma langue maternelle.

Au début, je pensais simplement apprendre et parler vietnamien pour pouvoir converser avec ma famille ou communiquer avec mes grands-parents et nos proches lors de nos retours au pays. Mais en grandissant, j’ai compris que la langue vietnamienne m’aide à me connecter plus profondément avec la communauté vietnamienne en Malaisie, et m’ouvre de nombreuses occasions d’échanger et de me lier d’amitié avec des compatriotes vivant au Vietnam. Grâce au vietnamien, je découvre aussi mon pays d’origine à travers la musique, les livres, la presse, la télévision et de nombreuses autres valeurs culturelles.

À 17 ans, je perçois également que le vietnamien offre de réelles opportunités professionnelles aux jeunes Vietnamiens de l’étranger souhaitant travailler au Vietnam, où l’économie est dynamique dans de nombreux secteurs et la demande de main-d’œuvre importante. La langue nous permet de ressentir davantage la proximité avec notre Patrie ; même à l’autre bout du monde, nous savons qu’il y a toujours un lieu familier où revenir.

J’ai aussi compris que, dans un environnement international multiculturel, la langue maternelle n’est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un lien entre chacun et son pays d’origine, son identité. Elle nourrit la valeur personnelle, la fierté et contribue à affirmer la position et la singularité d’une nation sur la carte culturelle mondiale.

Le titre d’Ambassadrice de la langue vietnamienne est une récompense honorifique porteuse de fierté mais aussi de responsabilité. Ta mère t’a-t-elle inspirée dans ton chemin vers l’enseignement du vietnamien à l’étranger ?

Ma mère est responsable du Club de langue vietnamienne en Malaisie depuis 2016 et a été honorée en tant qu’Ambassadrice de la langue vietnamienne à l’étranger en 2023, première année où ce titre a été décerné. Pour moi, elle n’est pas seulement ma première enseignante, mais aussi la source d’inspiration la plus forte dans mon parcours d’enseignement et de promotion du vietnamien loin du pays.

Elle enseigne directement la langue vietnamienne et nous a, ma sœur et moi, fait participer à de nombreuses activités : échanges culturels, spectacles artistiques, actions caritatives au sein de la communauté. Lorsque nous étions élèves du club, nous avons commencé à l’aider en tant qu’assistantes pédagogiques.

En 2021, lorsque la pandémie de Covid-19 a pris fin et que les cours ont rouvert, nous avons continué à l’épauler. En 2022, ma sœur est entrée à l’université et je suis devenue sa principale accompagnatrice, poursuivant le soutien aux cours destinés aux enfants vietnamiens en Malaisie.

En dehors des cours, je participe aussi à l’organisation d’activités extrascolaires sous la direction de ma mère, comme la fête de la Mi-Automne, la Journée mondiale de l’enfance (1er juin) ou Noël. Ce travail d’assistance et l’engagement communautaire m’ont apporté de nombreuses compétences, de la joie et des souvenirs précieux.

Par exemple, après avoir plusieurs fois défilé en áo dài (tunique traditionnelle vietnamienne) et reçu les conseils de metteurs en scène, j’ai pu imaginer moi-même des idées de chorégraphies et guider les plus jeunes dans leurs prestations. Ou encore, après avoir animé la soirée “Đêm hội Trăng rằm 2023” (Fête de la mi-automne), de nombreux enfants m’ont appelée « chị Hằng » (Fée de la Lune) au lieu de mon prénom, ce qui m’a beaucoup touchée.

Le moment où le nom de ma mère a été annoncé lors de la cérémonie d’honneur des Ambassadeurs de la langue vietnamienne en 2023 est un souvenir inoubliable. Beaucoup de membres de la communauté sont venus la féliciter, et j’ai ressenti une immense fierté. C’est d’ailleurs elle qui m’a encouragée à participer au concours cette année. Elle m’a dit que ce serait l’occasion de me challenger, de revisiter mon parcours dans la préservation et la promotion du vietnamien et de mûrir davantage. Je suis profondément reconnaissante qu’elle soit toujours à mes côtés, me soutenant et m’encourageant.

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Nguyen Luu An lors de la cérémonie d’honneur des Ambassadeurs de la langue vietnamienne à l’étranger 2025. Photo: baoquocte.vn

En Malaisie, où la communauté vietnamienne est de plus en plus nombreuse, quel rôle joue la langue dans la connectivité communautaire et la préservation de l’identité ?

En Malaisie, le nombre de Vietnamiens ne cesse d’augmenter, entraînant une hausse du nombre d’enfants d’origine vietnamienne. À part quelques familles entièrement vietnamiennes, la plupart des foyers ne comptent qu’un seul parent vietnamien.

Les enfants de familles entièrement vietnamiennes fréquentent souvent des écoles internationales, parlent principalement anglais et apprennent le malais ou le chinois comme options supplémentaires. D’autres sont inscrits dans des écoles destinées aux communautés chinoise ou malaise, et doivent utiliser et apprendre simultanément le chinois, le malais, l’anglais…

Particulièrement, ceux dont la famille paternelle est originaire du Fujian ou du Guangdong apprennent aussi le hokkien ou le cantonais. Le contexte familial influence donc fortement les langues auxquelles les enfants sont exposés et qu’ils pratiquent chaque jour. Bien que toutes les familles souhaitent que leurs enfants connaissent leur langue maternelle, l’apprentissage de trop nombreuses langues fait que le vietnamien peut facilement être relégué au second plan.

Dans un environnement multilingue et multiculturel comme celui-là, si aucune mesure n’est prise, le vietnamien risque d’être progressivement oublié par les jeunes générations. Et lorsque la langue disparaît, les racines vietnamiennes risquent elles aussi de s’effacer.

Comment fonctionne aujourd’hui le Club de langue vietnamienne en Malaisie ?

Le Club de langue vietnamienne en Malaisie a été fondé en 2016, et j’y ai participé depuis les premières classes. Selon mes observations, de plus en plus de parents inscrivent leurs enfants, et tous expriment leur volonté de préserver la langue maternelle.

Cependant, j’ai remarqué une différence marquée : à niveau égal, les enfants dont les parents les accompagnent assidûment progressent beaucoup plus vite — ceux encouragés à parler vietnamien à la maison, à faire leurs devoirs ou à réviser après chaque cours.

Lors des rencontres communautaires, les adultes communiquent surtout en vietnamien. Dans cet environnement, les enfants qui parlent la langue se montrent plus confiants et spontanés.

Dans de nombreux événements, les organisateurs intègrent des activités ludiques et artistiques inspirées de la culture vietnamienne, ce qui attire beaucoup les enfants. En participant, ils comprennent mieux leurs origines, ce qui renforce leur motivation à apprendre et utiliser le vietnamien.

Avec l’avantage de disposer déjà de cours et d’activités communautaires régulières, l’engagement actif des familles permettra certainement d’obtenir des résultats plus durables dans la préservation du vietnamien chez les enfants et adolescents vietnamiens de Malaisie.

Avec ton titre d’Ambassadrice de la langue vietnamienne à l’étranger 2025, quels sont tes projets pour poursuivre la promotion de ta langue maternelle ?

Avant tout, je continuerai mon travail d’assistante pédagogique au Club de langue vietnamienne en Malaisie. Je souhaite rendre les activités extrascolaires plus attrayantes et plus enrichissantes, transmettre aux enfants l’amour de leur langue maternelle et de la culture vietnamienne à travers la découverte de la gastronomie, de la musique, des histoires, des coutumes ou encore des jeux traditionnels.

Plus tard, lorsque j’entrerai à l’université, je pense que mon nouvel environnement m’offrira encore davantage d’opportunités d’apprendre et d’expérimenter. J’espère pouvoir poursuivre mon parcours de préservation et de diffusion de la langue et de la culture vietnamiennes auprès d’un public international plus large.

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