Un documentaire qui met à l’honneur l’ao dài vietnamien : une « lettre d’amour » pleine de grâce

Hân Lê, une jeune réalisatrice passionnée et talentueuse résidant au Royaume-Uni, nourrit de grands espoirs pour son projet « The Long Dress », un documentaire remarquable avec pour mission de rendre hommage à l’ao dài (tunique traditionnelle vietnamienne) et d’explorer le patrimoine culturel vietnamien.
La jeune réalisatrice passionnée et talentueuse résidant au Royaume-Uni, Hân Lê (à droite) et l'ambassadeur du Vietnam au Royaume-Uni, Dô Minh Hùng (à gauche). Photo : baoquocte.vn
La jeune réalisatrice passionnée et talentueuse résidant au Royaume-Uni, Hân Lê (à droite) et l'ambassadeur du Vietnam au Royaume-Uni, Dô Minh Hùng (à gauche). Photo : baoquocte.vn

Tourné à partir de juillet 2024, le film est une interférence de mode, d’art, d’histoire et de culture. Il réunit une équipe de tournage composée de membres vietnamiens et internationaux, tous animés par le même objectif : magnifier la beauté et la valeur de l’ao dài, tout en révélant la puissance du lien tissé à travers les vêtements et les récits qu’ils portent…

Un amour guidé par la culture vietnamienne

The Long Dress met en lumière des personnages venus des États-Unis, du Royaume-Uni et du Vietnam, partageant une passion commune pour l’ao dài : Thai Nguyên, créateur de mode américano-vietnamien, premier à avoir introduit l’ao dài sur le tapis rouge des Oscars ; Anna Hoàng, une jeune fille qui, dès l’âge de 10 ans, a commencé à concevoir des modèles d’áo dài uniques au Royaume-Uni ; et enfin, un designer renommé au Vietnam, incarnant l’alliance entre tradition et modernité.

À travers ce film, Hân Lê souhaite présenter au monde la beauté et la délicatesse de l’ao dài, tout en racontant comment les Vietnamiens, aux quatre coins du monde, préservent et valorisent cette tenue traditionnelle. L’ao dài n’est pas seulement un symbole culturel, mais aussi un lien précieux qui unit les générations et rassemble la communauté vietnamienne, où qu’elle se trouve.

Pour Hân Lê, l’ao dài n’est pas simplement une tenue traditionnelle, c’est un emblème d’identité, d’histoire et de résilience des femmes vietnamiennes.

Elle se remémore un moment particulier à l’été 2022, lorsqu’elle est retournée à son université à Cheltenham, au Royaume-Uni. Invitée à porter une tenue représentative de sa culture lors d’un événement important, elle a choisi l’ao dài.

En entrant dans le hall, elle a senti les regards chaleureux et curieux de ses amis internationaux qui lui demandaient : « C’est magnifique, Hân ! Que portes-tu ? ».

C’était le premier instant de son voyage, où elle a ressenti un profond sentiment d’appartenance et une fierté silencieuse mais intense.

La jeune réalisatrice passionnée et talentueuse résidant au Royaume-Uni, Hân Lê (à droite) et le créateur de mode américano-vietnamien, Thai Nguyên (à gauche). Photo : baoquocte.vn
La jeune réalisatrice passionnée et talentueuse résidant au Royaume-Uni, Hân Lê (à droite) et le créateur de mode américano-vietnamien, Thai Nguyên (à gauche). Photo : baoquocte.vn

Cependant, le parcours pour réaliser « The Long Dress » n’a pas été simple. Hân Lê a dû faire face à de nombreux défis tout au long du processus de tournage, notamment sur le plan créatif et logistique.

Le fait de filmer sur trois continents avec des fuseaux horaires, des conditions géographiques et des décors différents a rendu la production très complexe.

Elle se souvient : « Tout se passait en même temps, partout. Imaginez que j’avais une scène à tourner tôt le matin à Londres, je cherchais des lieux de tournage à Los Angeles pendant l’heure du déjeuner, puis, au milieu de la nuit, j’échangeais avec un historien à Hô Chi Minh-Ville ».

Au-delà des défis liés au temps et à l’espace, Hân Lê a également été confrontée à des dilemmes émotionnels, se posant des questions profondes sur l’équilibre entre l’identité traditionnelle et les tendances mondiales.

« Suis-je trop focalisée sur la tradition, ou suis-je en train de diluer l’identié de l’ao dài en essayant de l’introduire au monde entier ? ».

C’est une question que Hân Lê n’a cessé de se poser tout au long de la réalisation du film.

Elle admet avoir parfois ressenti des tiraillements intérieurs, mais ce sont précisément ces réflexions qui ont donné au film toute son authenticité et sa charge émotionnelle.

Ce qui rend le parcours de Hân Lê si particulier, ce sont les moments de joie et d’émotion qu’elle a vécus en rencontrant des personnes créatives et passionnées.

L’un des souvenirs les plus marquants reste sa conversation avec Anna Hoàng, une jeune créatrice de mode à Londres.

Lorsqu’elle a rencontré Anna, la fillette n’avait que 10 ans et esquissait déjà un design d'ao dài fusionnant des éléments culturels britanniques avec des motifs vietnamiens.

Hân Lê raconte : « Pour Anna, l’ao dài est un voyage à la découverte de son identité en tant que Britannique d’origine vietnamienne. Sa créativité m’a rappelé que la culture peut évoluer sans jamais perdre son identité ».

À travers ces rencontres, Hân Lê a réalisé que les petites histoires autour de l’ao dài pouvaient porter de grands messages sur les liens culturels et la préservation du patrimoine.

Son film ne se contente pas de capturer l’élégance et la grâce de l’ao dài, mais raconte aussi l’histoire des jeunes générations, celles qui perpétuent la tradition tout en insufflant une nouvelle vitalité à la culture vietnamienne dans le monde contemporain.

Une découverte historique inattendue

L'un des moments les plus magiques du processus de réalisation du film a été celui où Hân Lê découvrit des images rares de l'impératrice Nam Phuong, la dernière impératrice du Vietnam, en visite au Vatican en 1939.

Elle portait une robe ao dài brodée de dragons, accompagnée d'une écharpe rouge et d'une couronne dorée, assortie à un pantalon en soie argentée, créant une allure majestueuse et imposante.

Hân Lê confie : « Cette apparence n'était pas qu'une question de mode, c'était une déclaration d'identité de l'impératrice vietnamienne, devenant ainsi un symbole culturel. Dans un monde dominé par les idéaux occidentaux, Nam Phuong a capté l'attention internationale grâce à son habile fusion de tradition et de modernité ».

L'équipe de tournage du documentaire "The Long Dress". Photo : baoquocte.vn

L'équipe de tournage du documentaire "The Long Dress". Photo : baoquocte.vn

Ces images de l’impératrice Nam Phuong ont poussé Hân Lê à réfléchir sur la notion de représentation dans son film.

Elle réalise que cette représentation est au cœur de son projet : elle espère que son film sera un rappel puissant que chaque individu, peu importe son origine, porte en lui des valeurs uniques qui méritent d'être reconnues.

Ne jamais oublier ses racines

Bien que « The Long Dress » soit principalement centré sur l'ao dài, Hân Lê intègre habilement des images de la culture vietnamienne pour offrir au public une expérience plus profonde de l'identité nationale.

Ainsi, le film ne parle pas uniquement de l'ao dài, mais raconte aussi l'histoire des gens et des paysages du Vietnam : des villes animées aux villages paisibles, des rues bondées aux montagnes majestueuses.

Le film est encore en cours de production et devrait sortir en juillet prochain. Hân Lê veut transmettre un message fort : le Vietnam n'est pas seulement un pays au passé glorieux, mais aussi une nation qui se projette avec énergie vers l'avenir.

À travers cela, elle souhaite recréer un Vietnam en plein essor, où les valeurs traditionnelles comme l'áo dài coexistent avec les tendances de la mode mondiale.

Le projet de film est toujours en cours de réalisation et devrait sortir en juillet prochain.

Hân Lê souhaite transmettre un message fort : le Vietnam n'est pas seulement un pays ayant le passé glorieux, mais aussi une nation qui s'élance avec puissance vers l'avenir.

La réalisatrice explique : « Je veux emmener le public découvrir mon pays natal sous tous ses angles : sa vivacité, sa sérénité et l'esprit dynamique de ses habitants.

Le Vietnam ne demeure plus coincé dans le passé, mais s’élève rapidement avec des récits qui résonnent à travers le monde.

« Je porte le Vietnam en moi, racontant des histoires qui honorent la résilience et l’identité de notre peuple », confie-t-elle.

On peut dire que le film « The Long Dress » ressemble à une lettre d'amour que Hân Lê adresse au Vietnam, un pays en plein essor qui devient peu à peu une source d'inspiration créative pour le monde entier.

Elle espère que, une fois terminé, le film ne sera pas seulement une œuvre artistique, mais aussi un moteur pour encourager les gens à apprécier et à diffuser les valeurs culturelles vietnamiennes.

Née et ayant grandi à Hanoi, Hân Lê vit et travaille actuellement à Londres, au Royaume-Uni.

Elle est diplômée d'un master en production cinématographique de Goldsmiths, à l’Université de Londres.

Participant à de nombreux projets de documentaires prestigieux à travers le monde, elle a travaillé directement avec l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair lors du Sommet sur l'avenir du Royaume-Uni en 2022, avec l'ancienne secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, ainsi qu'avec des dirigeants de grandes entreprises telles que TikTok, Planet, Khosla Ventures et Zero Avia.

Elle a également réalisé plus de 15 films interactifs pour le Musée scientifique du Royaume-Uni.

Pour Hân Lê, le cinéma ne se limite pas à la création artistique, mais constitue aussi un moyen puissant de compréhension, de connexion culturelle et d'autonomisation des communautés.

Avec « The Long Dress », elle affirme l'importance de préserver l'identité culturelle vietnamienne dans un contexte de mondialisation.