La joie des footballeurs vietnamiens. Photo : Dantri.

Le football au Nord (1954-1975)

Un levier révolutionnaire dans la construction nationale en temps de guerre

Pendant la période entre 1954 et 1975, dans les flammes de la guerre et au cœur du processus de construction nationale, le football s’est développé et diffusé discrètement dans le Nord.

Sport populaire, le football est aussi devenu un outil au service de la révolution, améliorant la vie spirituelle et renforçant l’unité communautaire en ces années difficiles.

Le retour du football dans un contexte de paix précaire

Après les Accords de Genève de 1954, le Nord est entré dans une phase de relance économique, de reconstruction et de construction du socialisme.

Dans ce contexte-là, les disciplines sportives, notamment le football, étaient perçues comme des outils efficaces pour éduquer l’esprit, fortifier le corps physique et rassembler le peuple.

Deux ans seulement après le rétablissement de la paix, le football a rapidement retrouvé sa place.

Des équipes ont vu le jour dans les villes, les usines, les écoles et même dans les villages. L’armée et les organisations de jeunesse communistes ont joué un rôle moteur dans la relance de ce sport.

Des clubs comme Hoang Dieu, Tran Hung Dao, Hai Phong ou Nam Dinh ont refait surface, ravivant la ferveur populaire pour le ballon rond.

À cette époque-là, le football n’était plus seulement un sport : il devenait un véritable outil de mobilisation populaire.

La joie d'un joueur après un but marqué. Photo : NDEL.

La joie d'un joueur après un but marqué. Photo : NDEL.

Dans son article « Le football, sport roi au Nord-Vietnam » (1957), le journaliste Nguyen Van Thu a écrit « une circulaire imposait aux villages de réserver quelques hectares de terrains de football ».

Ce détail en dit long sur l’importance du football dans la vie politique et sociale du Nord à cette époque.

On peut dire qu’en dépit du contexte de guerre, le football a repris toute sa vitalité dans ce pays.

Il est devenu un symbole culturel vivant, un lieu de communion spirituelle pour la communauté, ainsi qu’un outil efficace au service de la cause révolutionnaire, éveillant l’esprit de solidarité et le désir d’élévation du peuple.

The Cong et les figures de proue du sport en pleine guerre

Le 23 septembre 1954, sur le point de prendre le contrôle de la capitale, le général de corps d’armée Nguyen Chi Thanh a signé la décision de créer le Groupe militaire de sport et d'entraînement physique, précurseur de The Cong.

Il s’agissait de la première unité sportive de l’Armée populaire vietnamienne, rapidement devenue un symbole du football révolutionnaire.

Les premiers joueurs de l’équipe The Cong. Photo d’archives.

Les premiers joueurs de l’équipe The Cong. Photo d’archives.

Aux côtés de The Cong, l’équipe des Chemins de fer du Vietnam (fondée en 1956), la police de Hanoi et des clubs locaux comme Than Quang Ninh ou Thanh Nien Nam Ha constituèrent une force motrice du football nord-vietnamien.

Le stade Hang Day est devenu alors un lieu de compétition « enflammé », où les derbies militaires, civils et ouvriers ont attiré des dizaines de milliers de spectateurs.

Le tournoi de football de Hoa Binh, lancé en 1955 et précurseur de la Ligue nationale A, est devenu un rendez-vous annuel malgré les bombardements.

Certains matchs ont dû être disputés près de l'entrée du tunnel ou interrompus cinq à sept fois à cause des bombardements américains. Pourtant, l'esprit du football n'a jamais faibli.

En 1976, The Cong et Cong An Hai Phong ont compté chacun dix titres de champion, témoignant de la persévérance et du professionnalisme de ces équipes phares.

Malgré la guerre, le football du Nord n’a cessé de se développer de manière régulière. Les équipes comme The Cong, Police de Hanoi ou Chemins de fer du Vietnam n’étaient pas de simples clubs de football : elles incarnaient la volonté, la résilience et le courage de tout un peuple durant la période de révolution.

Ouverture internationale et mission politique

À cette époque-là, le football du Nord disposait de peu d'opportunités d'échanges internationaux. Pourtant, dès 1960, l’équipe vietnamienne a participé à plusieurs tournois dans le monde socialiste, notamment le GANEFO en 1963 (Indonésie) et le GANEFO asiatique en 1966 (Cambodge).

Des joueurs de The Cong et de Police de Hanoi se battent pour un ballon lors d'un match. Photo : Dantri.

Des joueurs de The Cong et de Police de Hanoi se battent pour un ballon lors d'un match. Photo : Dantri.

Parmi les victoires emblématiques, on peut citer la victoire 4-1 contre Bat Nhat (Chine) en 1974 à Pékin, ou la défaite 2-1 de l'équipe cubaine au stade Hang Day à l'occasion de la Fête nationale, le 2 septembre 1970. Cela montre que le niveau du football du Nord à cette époque n'était pas inférieur à celui de nombreux adversaires du bloc socialiste.

L’équipe de la République démocratique du Vietnam a aussi décroché une médaille de bronze au tournoi international en République populaire démocratique de Corée (RPDC), s’inclinant de justesse (0-1) face au pays hôte et obtenant un match nul (3-3) face à la Chine.

Ces résultats étaient d’autant plus remarquables dans un contexte de compétitions rares et de conditions difficiles.

Bien que cantonné aux matchs d’amitié avec les pays socialistes, le football du Nord a su tirer pleinement parti de ces rares occasions pour affirmer sa position. Ses premiers exploits internationaux ont nourri la confiance et préparé la maturité du football vietnamien dans les décennies suivantes.

Pendant la période 1954 - 1975, le football du Nord n’était pas seulement un sport : il faisait partie intégrante du mouvement révolutionnaire, étroitement lié à la cause de la construction nationale.

Même sous les bombes, le ballon ne cessait de rouler - non pour satisfaire une quête de gloire individuelle, mais pour incarner de grands idéaux : unir le peuple, améliorer la force physique du peuple et raviver le patriotisme.

The Cong, Police de Hanoi, Than Quang Ninh… ont jeté les premières bases d’un football vietnamien indépendant, discipliné et courageux – les fondations mêmes des futurs miracles du football national.

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