Depuis 100 ans de journalisme révolutionnaire, les femmes journalistes ont affirmé et continuent d’affirmer leur rôle dans les médias, dans la lutte pour la libération et la protection des droits des femmes, ainsi que dans la promotion du progrès social. Cependant, elles doivent faire face aux préjugés de genre, à la pression professionnelle et aux défis de l’ère numérique.
Des pionnières de la plume féminine à la presse moderne
Selon Ta Ngoc Tan, vice-président permanent du Conseil central de théorie, la révolution de libération nationale menée par le Président Ho Chi Minh était aussi étroitement liée à l’émancipation des femmes. Le développement de la presse révolutionnaire a joué un rôle important dans ce processus de libération, à la fois nationale et féminine, accompagnant le développement du pays.
À l’ère du renouveau, les femmes, et les femmes journalistes, jouent un rôle de plus en plus essentiel. Leur épanouissement s’inscrit dans celui de la nation. Aujourd’hui, la famille fait face à de nombreux défis, notamment l’instabilité causée par les divorces. Protéger les femmes et les mères, c’est préserver leur fonction essentielle, qui engage non seulement leur existence, mais aussi l’avenir du pays. La mère reste le pilier le plus sûr de la société.
« La presse doit défendre le développement des femmes, pour qu’elles soient reconnues à leur juste valeur, avec la place et le rôle qui leur reviennent », a souligné Ta Ngoc Tan. Selon lui, la presse et les femmes journalistes doivent faire entendre leur voix afin de mobiliser toute la société dans la mise en œuvre des stratégies de développement des femmes, déjà fixées par le Parti et l’État.
À l’ère du numérique et de la mondialisation, les médias jouent un rôle nouveau dans l’inspiration, l’encouragement des femmes à poursuivre leur mission de transformation et d’innovation du pays. « Elles sont épouses, mères, filles, mais aussi vecteurs d’inspiration, guidant l’opinion publique vers des valeurs positives et humaines. Les femmes journalistes ne se contentent pas de refléter la réalité, elles contribuent à la transformer, en promouvant des valeurs éthiques, humaines et un développement durable », a-t-il affirmé.
Lors du colloque « Les femmes et les 100 ans de la presse révolutionnaire vietnamienne », Nguyen Thi Tuyen, présidente de l’Union des femmes vietnamiennes, a particulièrement souligné le rôle des journaux féminins historiques, de Nu gioi chung (La Voix des femmes, 1919), Tieng goi phu nu (L’Appel des femmes), Phu nu Vietnam (Les Femmes vietnamiennes), jusqu’aux publications modernes. Elle a salué la contribution des femmes journalistes dans la promotion des politiques, la supervision de leur mise en œuvre, la critique sociale et la défense des droits des femmes.
Cependant, Nguyen Thi Tuyen a également mis en lumière les limites actuelles : le faible nombre de rédactrices en chef, l’absence de femmes aux postes dirigeants dans les organes de presse, et le manque de sensibilité de genre dans certains produits journalistiques. Cela appelle un changement à la fois des politiques et des mentalités, tant dans le secteur des médias que dans la société.
« Actuellement, le pays compte plus de 800 organes de presse avec environ 21 000 détenteurs de la carte de journaliste. Les femmes journalistes sont de plus en plus nombreuses et compétentes, mais leur potentiel reste sous-exploité. L’Association des Journalistes du Vietnam compte plus de 40 % de membres féminins, mais aucune femme n’a encore accédé au poste de vice-présidente ou plus. Par ailleurs, le nombre de rédactrices en chef reste largement inférieur à celui des journalistes féminins… », a-t-elle déclaré.
Nombre d’intervenants ont estimé qu’il fallait offrir aux femmes journalistes des opportunités de développement global, non seulement en termes de compétences professionnelles, mais aussi de leadership, de recherche et de plaidoyer politique. C’est une condition essentielle pour que la presse féminine continue d’accompagner le mouvement des femmes et le développement durable du pays.
Surmonter les défis pour affirmer leur place dans l’univers médiatique moderne
Malgré leurs contributions notables, les femmes journalistes font face à de nombreuses difficultés, des stéréotypes de genre à la pression professionnelle, en passant par les défis du numérique. Les technologies évoluent rapidement, les habitudes d’information du public changent, les réseaux sociaux influencent profondément les mentalités, autant de défis qui exigent que les femmes journalistes apprennent en continu maîtrisent les outils technologiques tout en restant fidèles à leur éthique, à leur identité et à leur idéal journalistique.
La journaliste Pham Thi My, rédactrice en chef de la Revue Suc khoe va Moi truong (Santé et Environnement), partage : dans plusieurs rédactions orientées vers les femmes et les enfants, les femmes journalistes représentent jusqu’à 70–80 %. Dans certaines rédactions, tout le comité éditorial est composé de femmes. Ces chiffres illustrent clairement leur rôle croissant dans le paysage médiatique national.
Cependant, les femmes journalistes doivent souvent concilier deux charges : leur mission professionnelle, parfois risquée, et leur rôle familial. Elles travaillent la nuit, partent en reportage de longue durée, affrontent des situations imprévues et parfois dangereuses sur le terrain, parfois à des moments très particuliers pour les femmes. Sans passion, engagement ou courage, elles ne pourraient relever ces défis.
Comme toutes les autres femmes, elles sont épouses, mères, filles, mais elles sont aussi des écrivaines, gardiennes et vectrices de vérité, de justice et d’humanité. Leur métier dépasse le journalisme : elles contribuent à façonner l’image de la femme vietnamienne moderne, cultivée, éthique, en bonne santé et responsable envers elle-même, sa famille et la société.
Ces efforts sont reconnus à travers de nombreux succès. Lors du Prix national de la presse 2024, de nombreuses récompenses prestigieuses ont été attribuées à des femmes journalistes, comme la série d’articles « Attirer les investissements étrangers : tournant après 35 ans et opportunité historique » de Le Thi Thanh Ha du Journal Dau tu (Investissement), ou encore « Presse révolutionnaire & mission de guider l’opinion » de l’équipe féminine du journal Nha bao va Cong luan (Journalistes et Opinion publique). Ces prix saluent non seulement des œuvres remarquables, mais aussi l’engagement, l’intelligence et le dévouement de ces combattantes de l’information.
Pour que la presse féminine se développe durablement à l’ère numérique, Lieu Chi Trung, rédacteur en chef adjoint de la Revue Luat su Vietnam (Avocats vietnamiens), préconise des solutions globales : renforcer la conscience du rôle des femmes, garantir l’égalité des sexes, soutenir les organes de presse féminins par des politiques et moyens adaptés, moderniser leur fonctionnement en les numérisant, et former les femmes journalistes aux compétences nécessaires dans le nouveau contexte.
La presse féminine vietnamienne est aujourd’hui une tribune riche, multiforme et influente. Ce succès est le fruit de l’engagement de générations de femmes journalistes qui, de simples sujets d’articles, sont devenues actrices de la parole publique.
À l’ère de la communication numérique, ce parcours doit continuer à s’enrichir de compétences professionnelles, d’éthique et de responsabilité sociale, pour que la voix des femmes soit non seulement entendue, mais contribue réellement à faire évoluer les mentalités et les politiques.
