Premièrement, il est nécessaire de modifier le modèle économique de l'eau potable en adoptant une politique tarifaire souple, en encourageant l'économie et en passant d'une redevance basée sur la quantité consommée à une axée sur l'efficacité de la réduction des pertes. Le professeur Porcher a souligné que la France ne perd que 20% de son eau potable traitée, tandis que de nombreux autres pays atteignent des taux de 50 à 60%.
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Le professeur Simon Porcher de l'Université Paris Dauphine. Photo: Thoidai |
Deuxièmement, il faut stimuler l'innovation technologique et la réutilisation de l'eau, notamment par la collecte des eaux pluviales, le traitement et le recyclage des eaux grises et des eaux usées, ainsi que la recherche sur le dessalement avec une surveillance rigoureuse pour éviter toute pollution secondaire.
Troisièmement, il convient d'établir un mécanisme de gouvernance mondial, en proposant l'organisation d'une Conférence des Parties (COP) sur l'eau sous l'égide des Nations unies, à l'instar de celles sur le changement climatique et la biodiversité, afin de coordonner efficacement les ressources hydriques au-delà des frontières administratives.
Quatrièmement, il est primordial de sensibiliser le public et de modifier les comportements de consommation concernant l'"eau virtuelle" cachée dans les produits. Un étiquetage clair du niveau de consommation d'eau est indispensable pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus responsables envers l'environnement. Le professeur Porcher a rappelé que 2,2 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable et que plus de 4,6 milliards manquent d'installations sanitaires adéquates, tout en signalant les points chauds de tensions autour de l'eau comme entre l'Inde et le Pakistan, la Chine et l'Inde.
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Le docteur Nguyễn Thanh Hiền de l'Université des Sciences et des Technologies de Hanoï. Photo: Thoidai |
Le docteur Nguyễn Thanh Hiền de l'Université des Sciences et des Technologies de Hanoï a mis en garde contre la situation où le Vietnam devient une destination privilégiée pour l'industrie textile, en particulier la production de jeans, ce qui pourrait être une forme de "transfert de consommation de ressources". La fabrication d'un seul jean nécessite 11 000 litres d'eau, tandis qu'une voiture en requiert environ 30 000. Elle a suggéré d'intégrer des critères environnementaux, notamment "l'empreinte hydrique", dans le processus d'approbation des projets d'investissement afin d'éviter de privilégier les bénéfices économiques à court terme au détriment du développement durable.
M. Nicolas Mainetti, directeur de l'AUF Asie-Pacifique, a souligné que ce colloque s'inscrivait dans une série d'événements scientifiques visant à mettre en lumière des enjeux mondiaux et revêtait une importance particulière pour les étudiants de français au Vietnam.