Bâtir un écosystème pour propulser le cinéma vietnamien

Le cinéma vietnamien traverse aujourd’hui une période d’effervescence remarquable. Des œuvres nationales, longtemps éclipsées par les superproductions étrangères, connaissent des succès retentissants au box-office et suscitent l’adhésion d’un public de plus en plus vaste.

Le film Combat aérien témoigne de la coopération efficace entre le Cinéma de la Police populaire et une unité privée. Photo : Équipe de production.
Le film Combat aérien témoigne de la coopération efficace entre le Cinéma de la Police populaire et une unité privée. Photo : Équipe de production.

Ce renouveau traduit non seulement la créativité et la résilience des professionnels du secteur, mais ouvre aussi des perspectives inédites pour le développement d’une véritable industrie culturelle.

Pour transformer cet élan en progrès durable, il est indispensable de construire un écosystème cinématographique complet. Celui-ci doit couvrir toute la chaîne de valeur : écriture, production, distribution, diffusion, formation, technologies et accompagnement des publics.

La loi sur le cinéma de 2022, qui fait de cette activité un pilier des industries culturelles, jette les bases d’une politique plus incitative et d’un cadre juridique propice aux investissements et à l’innovation tout en préservant l’identité culturelle des œuvres.

La coopération entre l’État et les acteurs privés constitue l’un des leviers majeurs de cette mutation.

Les grands circuits de distribution et d’exploitation, CGV, Galaxy, Lotte et BHD, interviennent désormais bien au-delà de la simple projection : conseil sur les scénarios, cofinancement, stratégie de communication, partage des risques.

Cette implication professionnalise l’ensemble de la filière et permet aux productions vietnamiennes d’atteindre un niveau de qualité et de visibilité comparable à celui des films importés.

De son côté, l’État poursuit la clarification et la modernisation de ses mécanismes de soutien, notamment pour les films à thématique historique ou éducative.

Des procédures transparentes et cohérentes doivent garantir à ces œuvres une diffusion effective auprès du grand public au lieu de se limiter à des projections internes.

La distribution et la diffusion demeurent cependant le principal goulot d’étranglement.

Trop de films vietnamiens, malgré leur qualité artistique et technique, peinent à trouver des écrans ou disparaissent rapidement de l’affiche.

Pour lever cet obstacle, il convient de renforcer les passerelles entre producteurs et distributeurs, d’encourager les partenariats public-privé et d’instaurer des incitations afin d’assurer une présence équilibrée des films nationaux sur le marché.

Un tel dispositif réduirait le risque commercial pour les créateurs et contribuerait à fidéliser le public.

Scène du film Pluie rouge. Source : GALAXY.

Le numérique offre un axe stratégique décisif. En prolongeant la vie commerciale des œuvres après leur sortie en salle, les plateformes en ligne élargissent considérablement l’audience, y compris dans les régions éloignées ou à l’étranger. Mais cette opportunité suppose un cadre solide de protection des droits d’auteur et une lutte efficace contre le piratage.

Sans garantie de rentabilité ni sécurité juridique, les producteurs hésiteront à investir et à innover.

Une politique publique de soutien à la distribution numérique et à la propriété intellectuelle renforcerait donc la confiance et la viabilité économique du secteur.

Enfin, le public demeure le juge ultime du succès. Le cinéma n’est pas seulement une industrie ; c’est un vecteur de valeurs et un outil de cohésion culturelle.

En cultivant l’habitude de voir des films vietnamiens de qualité et en éduquant au goût et à la diversité, on bâtit un marché intérieur solide et on stimule la créativité des auteurs.

Plus l’exigence des spectateurs sera élevée, plus l’offre nationale s’améliorera.

Cette interaction vertueuse entre créateurs et public est la clé d’un développement harmonieux.

En somme, le dynamisme actuel du cinéma vietnamien ne doit pas rester un feu de paille.

Il offre l’occasion historique de consolider un secteur capable de rivaliser sur son marché domestique et de rayonner à l’international.

Pour cela, l’élaboration d’un écosystème complet, fondé sur la coopération public-privé, la distribution équitable, l’innovation numérique et la fidélisation du public, apparaît comme la condition essentielle d’une percée durable et de l’émergence d’une véritable industrie cinématographique nationale.

NDEL
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