Henri Martin par l’historien Alain Ruscio:
En 1945, lorsque le territoire métropolitain est à peine libéré, Henri Martin, jeune communiste dès seize ans, maquisard FTP à dix-sept, s’engage dans la marine. Appelé en Indochine, il est persuadé qu’il va affronter l’armée japonaise, alliée des nazis.
Mais, lorsqu’il arrive sur place, les Japonais sont déjà désarmés, et il est témoin, à son corps défendant, des premiers combats contre le Viêt minh. C’est à ce moment seulement qu’il entend parler, pour la première fois, le Président Hô Chi Minh et de l’indépendance, nouvellement proclamée, du Vietnam.
De retour en France, il est affecté à l’arsenal de Toulon. Pour lui, il reste, sous l’uniforme, un citoyen. Il commence donc un travail d’intense propagande au sein de l’armée: distributions de tracts, de la presse anti-guerre, inscriptions à la peinture, etc.
Ce qui devait arriver arrive: Henri est arrêté par la gendarmerie militaire le 14 mars 1950. En plus des motifs classiques, atteinte au moral de la nation, agitation politique illégale au sein de bâtiments militaires, l’accusation veut lui mettre sur le dos un acte de sabotage.
Lors du procès, l’édifice s’écroulera, et Henri sera définitivement lavé de cette indignité par le jury, pourtant militaire. Restera, donc, un procès politique, et seulement politique. Pour cette seule activité, certes interdite, le jeune marin va être condamné à cinq années de prison! Il en fera finalement plus de trois, avant d’être gracié (de mauvaise… grâce) par le Président Auriol, en août 1953.