Hommage à Raymonde Dien

Nhân Dân en ligne - Nous savions Raymonde très fatiguée, mais nous nous étions habitués à la voir jusqu'à ce que ses forces le lui permettent, partout où il y avait des manifestations d'amitié avec le Vietnam.
Hélène Luc a rencontré Raymonde Dien dans le stand du journal Nhân Dân à la fête de l'Humanité, le 12 septembre 2015. Photo : Khai Hoan
Hélène Luc a rencontré Raymonde Dien dans le stand du journal Nhân Dân à la fête de l'Humanité, le 12 septembre 2015. Photo : Khai Hoan

Très tôt dans une famille communiste, elle a appris ce que veut dire : vivre sa vie pour les autres et l'amour de la paix.

Raymonde depuis Saint-Pierre-des-Corps où elle exerçait des responsabilités importantes au parti communiste et participait activement à la lutte pour la paix au Vietnam, n'a pas hésité à risquer sa vie pour empêcher un train chargé d'armes pour le Vietnam de partir.

Dénoncée, elle est passée devant un tribunal et a été condamnée à un an de prison.

Elle fut envoyée à Bordeaux où la résistante a été incarcérée avec les condamnées de droit commun, elle en a été ulcérée mais elle a résisté à cet affront!

De grandes manifestations ont suivi son arrestation, qui a suscité un grand élan de solidarité pour exiger sa libération.

A sa sortie de prison, loin d'être impressionnée, elle reprend le combat contre la guerrre du Vietnam, notamment pour exiger la libération d'Henri Martin, emprisonné, parce qu'il avait refusé de faire la guerre au peuple vietnamien.

C'est alors que j'ai connu et travaillé avec Raymonde Dien à l'Union des Jeunes Filles de France où elle m'avait rejoint au secrétariat national.

Avec elle nous avons parcouru la France pour rassembler la jeunesse pour la libération d'Henri Martin et la paix au Vietnam.

Nous sommes allées notamment au port de Marseille haranguer les dockers pour qu'à leur tour ils empêchent les bateaux chargés d'armes de partir pour le Vietnam et avons beaucoup travailler pour l'envoi d'un bateau pour le Vietnam.

C'est ainsi qu'avec Raymonde Dien, Henri Martin, Madeleine Riffaud un mouvement important s'est développé dans le pays unissant les intellectuels et une grande partie de la population française.

Et lorsqu'à la fête du Têt en 1968, l'armée vietnamienne a mis en échec la puissante armée américaine, des manifestations énormes se déroulaient aux États-unis avec Jeanne Fonda et John Baez, en Allemagne, en Italie, partout en Europe et dans le monde.

En France, les dizaines de milliers de jeunes qui commençaient à défiler pour les évènements de 1968, avaient à leur tête une banderolle : Hô Chi Minh vaincra!

C'est à ce moment historique que le gouvernement américain a "été obligé d'entamer des pourparlers avec le Vietnam du Nord et du Sud qui se déroulèrent à Paris, rue Kléber.

Accueillie à Choisy le Roi, ville où j'étais élue Conseillère Générale, avec le maire de Choisy Fernand Dupuy, nous n'avions de cesse d'organiser des rencontres de combattants pour la paix de tous les horizons politiques. Raymonde a contribué à organiser ces délégations qui venaient de toutes parts pour rencontrer le ministre Xuân Thuy et Lê Duc Tho. Elle a continué avec le mouvement de la paix à parcourir un grand nombre de pays.

Ce qui l'avait poussée à suivre la voix de son coeur, à accomplir un acte anti-guerre, l'a poursuivie pour aider le Vietnam à se relever de la guerre, à le faire aimer.

Dans le journal Filles de France, elle a raconté la rencontre si émouvante, qui a marqué sa vie avec le Président Hô Chi Minh.Elle racontait son énergie, sa simplicité, sa bonté, sa capacité à ne pas confondre le peuple français et son gouvernement qui faisait la guerre.

Raymonde avait, comme elle disait, le Vietnam au coeur.

Dans la guerre, comme dans la reconstruction du pays, comme dans la construction d'une nouvelle société avec ses grands succès qui étonnèrent le monde, Raymonde est restée fidèle au Vietnam.

Elle était de longue date membre de l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne, ne manquant jamais de lui apporter une aide financière malgré sa faible retraite. Aujourd'hui, nous avons la joie de compter parmi les adhérents du comité de Sarcelles sa petite fille Myriam, nous en sommes fiers.

Lorsque je suis devenue la présidente de l'AAFV en 2008, elle était toujours présente quand on faisait appel à elle et participait à toutes ses initiatives.

Elle nous a fait le grand plaisir de participer au 40ème anniversaire de la signature des accords de Paris à Choisy Le Roi en 2013 avec notre grande amie Madame Nguyên Thi Binh qui dirigeait la délégation du Sud et Trinh Ngoc Thai, collaborateur du ministre Xuân Thuy, Pierre Journoud, l'ambassadeur des historiens, le maire de Choisy Daniel Davisse, Jeanine Rubin, le directeur du Quai d'Orsay de l'époque etc...

Nous avons inauguré la place des accords de Paris, avec le monument réalisé par Dominique De Miscault en présence de l'ambassadeur du Vietnam à Paris, Duong Chi Dung.

Le 26 mars 2018, Raymonde était très heureuse et émue de rencontrer à la mairie de Choisy Le Roi, le Secrétaire du Parti Communiste du Vietnam, Nguyên Phu Trong.

Nous continuerons ce combat en 2023 avec la célébration du 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et le Vietnam et le 50ème anniversaire de la signature des accords de Paris où nous continuerons à faire vivre son combat.

Qu'il me soit permis de rendre hommage à toute sa famille et en particulier à Catherine, sa fille, qui a voué sa vie à sa mère, en étant toujours auprès d’elle, l’accompagnant dans toutes les manifestations, y compris dans la maison de retraite à Saint-Denis ou je suis allée lui rendre visite.

Raymonde n'aura pas eu d'obsèques, ayant donné son corps à la science, dans la continuité de sa générosité pour les autres.

Mais lorsque ses cendres seront rendues à la famille et qu'elles seront ramenées dans le caveau familial à Saint-Pierre-des-Corps, nous espérons de tout coeur rendre hommage publiquempent, tous ensemble à Raymonde Dien que nous aimons.