Les conséquences imprévisibles

Nhân Dân en ligne - Autrefois considéré comme le plus grand succès des efforts de maîtrise des armements pendant la guerre froide, le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) a été annulé par les signataires. Le fait que les États-Unis et la Russie aient mis fin à la validité de ce document a créé un effet dangereux, bouleversant les engagements en matière de sécurité.

Les drapeaux de la Russie et des États-Unis. Photo : NDEL.
Les drapeaux de la Russie et des États-Unis. Photo : NDEL.

Le 2 août 2019 a marqué l'effondrement de la FNI, après le retrait officiel des États-Unis et la révocation par la Russie de la validité de ce traité historique. Le FNI a été signé par les dirigeants américains et soviétiques le 8 décembre 1987 et est entré officiellement en vigueur le 1er juin 1988. Les deux parties s’étaient engagées à ne pas produire, tester ou déployer de missiles balistiques et de croisière à moyenne et courte portée. Le FNI a été décrit comme le premier « bouclier » de la sécurité européenne quand il a complètement éliminé les missiles nucléaires capables d’attaques destructrices sur tout le continent en moins de six minutes, le territoire attaqué n'ayant presque aucune chance de réagir à temps.

Après la signature, la Russie et les États-Unis ont détruit plus de 2 600 missiles à moyenne et à courte portée, contribuant de manière positive à la promotion de la maîtrise des armements dans le monde.

Au cours des dernières années, les États-Unis et la Russie se sont mutuellement accusés de violer le traité, tout en maintenant leurs engagements, limitant en partie les menaces dangereuses. La controverse autour de cette question a atteint son paroxysme quand, en octobre 2018, Trump a accusé la Russie de violer le FNI en fabriquant le missile Novator 9M729. Deux mois plus tard, le Président de la Maison Blanche a annoncé qu'il se retirerait du FNI si Moscou ne respectait pas ses obligations dans les 60 jours (à compter du 2 février 2019). Cependant, la Russie a insisté pour ne pas détruire le missile, invoquant l'absence de violation du FNI.

Les alliés proches des États-Unis au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne sont pas liés par les règles du FNI. Moscou est donc devenue plus prudente alors que l'OTAN continuait d'étendre sa présence militaire à l'Est, près de la frontière russe.

Ayant mis un terme à la mise en œuvre du FNI, mais la Russie a souligné que si les États-Unis ne déployaient pas de missiles à moyenne portée dans certaines zones, la Russie ferait de même. Le président russe Vladimir Poutine a appelé à des pourparlers urgents sur le contrôle des armements afin d'empêcher une course aux armements chaotique à la suite de la fin du traité. Il a également déclaré que la Russie ne déploierait de nouveaux missiles à portée intermédiaire que si les États-Unis le faisaient.

Apparemment indifférent à la réaction de la Russie, juste un jour après le retrait officiel de Washington du traité de contrôle des armements avec la Russie, le chef du Pentagone, Mark Esper, a déclaré que les États-Unis envisageaient de placer de nouvelles armes classiques à moyenne portée en Asie, maintenant que Washington n'était plus lié par le FNI.

La fin du Traité sur les missiles conclu entre les États-Unis et la Russie a suscité des inquiétudes quant à un effet domino. Une série de structures de sécurité régionales et mondiales risquent d'être brisées, telles que le Traité sur la réduction des armes stratégiques ou START, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Invoquant le fait que la capacité de développer des armes est considérablement limitée en raison des contraintes imposées par les traités, les États-Unis ne cachent pas leur volonté de se soustraire aux « anciens » traités. Washington a déclaré qu'il n'avait pas encore l'intention de renouveler le START, également appelé START-3, qui expirera en février 2021. Le monde s'inquiète maintenant d'une nouvelle course aux armements qui pourrait exacerber le déséquilibre stratégique mondial. Certes, les États-Unis sont impliqués, mais d’autres grandes puissances, tentées de renforcer leur position seraient entraînées dans cette course.

Face aux conséquences imprévisibles de l'effondrement du FNI, les pays sont devenus plus prudents vis-à-vis des activités militaires et de sécurité. Un certain nombre de pays de la région Asie-Pacifique ont nié déjà que les États-Unis envisageaient de déployer des missiles sol-sol sur leur territoire. Les membres de l'OTAN en Europe ne sont pas non plus désireux de déployer de grands projets militaires pour faire face à la Russie.

Dans le contexte ou les accords et traités sur le désarmement rencontrent de nombreux défis, il est nécessaire que davantage de pays, notamment les puissances militaires, déploient des efforts supplémentaires pour assurer la stabilité et la sécurité stratégiques dans le monde.