Investir dans la discipline-phare de l’athlétisme vietnamien

À partir du 1er octobre prochain, les athlètes de cette discipline partiront en stage en France, nourrissant beaucoup d’espoirs de la part des responsables sportifs, même si l’efficacité de cette démarche reste encore à démontrer.

Équipe féminine vietnamienne du relais 4x400 m. Photo : nhandan.vn
Équipe féminine vietnamienne du relais 4x400 m. Photo : nhandan.vn

Une percée grâce à un stage aux États-Unis

Depuis plus de dix ans, les responsables de l’athlétisme vietnamien ont identifié le relais 4x400 m féminin comme l’une des rares disciplines capables de viser des médailles continentales, des billets olympiques, et bien entendu l’or aux Jeux d’Asie du Sud-Est (SEA Games).

En 2014, pour la première fois, l’équipe féminine de relais 4x400 m a bénéficié d’un stage de longue durée (de près de cinq mois) aux États-Unis. Ce fut une étape marquante, suscitant une vive attention dans le milieu sportif national. Jusque-là, la Chine demeurait la destination privilégiée pour les stages d’entraînement. Mais les dirigeants espéraient un bond en avant en termes de performances, avec un groupe de talents prometteurs tels que Quach Thi Lan, Nguyen Thi Huyen, Nguyen Thi Oanh et Nguyen Thi Thuy.

L’équipe commença à s’entraîner dans le New Jersey, avant d’être transférée dans un centre moderne en Floride, après des critiques sur la qualité des installations.

Ce stage, aussi remarqué que controversé, permit toutefois aux athlètes de laisser une certaine empreinte : Quach Thị Lan décrocha l’argent sur 400 m aux Jeux asiatiques (ASIAD 17) en 2014, tandis que le relais féminin termina 5e. Ce classement, inférieur aux attentes, constitua néanmoins une base d’investissement pour l’avenir. Par la suite, les stages concerneront surtout des athlètes individuellement, financés par les budgets du sport central et local.

En 2015, Quach Thi Lan repartit aux États-Unis pour préparer les SEA Games 28. Mais une préparation courte et des blessures limitèrent ses performances : elle ne remporta que l’or du relais 4x400 m avec ses coéquipières. Dans la foulée, entre 2015 et 2016, le Département général des Sports et Thanh Hóa investirent environ 2 milliards de dôngs pour envoyer Quach Thi Lan et son frère Quach Cong Lich à l’académie IMG (Floride) sous la houlette de l’expert Loren Seagrave.

Les résultats, jugés en deçà des attentes, firent polémique : les deux athlètes prirent du poids et régressèrent sur le plan technique. L’opinion publique s’interrogea alors sur la pertinence de ces investissements coûteux. Les dirigeants expliquèrent que les bénéfices ne pouvaient pas être immédiats, l’objectif étant de préparer l’ASIAD 2018, et que les athlètes avaient surtout travaillé sur la technique, une prise de poids légère n’étant pas alarmante.

Malgré les débats, dès leur retour fin 2016, Quach Thi Lan et Quach Cong Lich brillèrent aux championnats nationaux en décrochant l’or. Eux-mêmes affirmèrent que le stage avait amélioré leur vitesse, leur condition physique et posé les bases pour les objectifs futurs.

Un nouveau chapitre ?

Le stage prévu en France en octobre prochain, avec l’apport de l’expert ukrainien Valerii, ouvre de nouvelles perspectives pour l’équipe féminine de relais 4x400 m – épreuve-clé de l’athlétisme vietnamien en vue des SEA Games 33 (2025) et de l’ASIAD 20 (2026).

Les figures de proue comme Quach Thi Lan, Nguyen Thi Hang, Hoang Thi Minh Hanh et Nguyen Thi Ngoc, auteurs de performances régulières en Asie, restent les piliers de cette équipe.

En 2024, le relais féminin a battu le record national (3’30’’81) et remporté l’or aux championnats d’Asie de relais. Toutefois, il n’a pas décroché de billet pour les Jeux olympiques de Paris 2024. En 2025, l’équipe a pris l’argent aux championnats d’Asie avec un temps de 3’34’’77, juste derrière l’Inde (3’34’’18). Une performance révélatrice de potentiel, mais aussi du chemin restant à parcourir pour viser l’or asiatique.

Selon le Département des Sports, lors de l’ASIAD 19 (Hangzhou 2022), le bronze est revenu au Sri Lanka (3’30’’88), tandis que le Vietnam terminait 4e (3’31’’61). Avec des stages à l’étranger et une préparation structurée, l’équipe aurait les moyens de figurer parmi les trois meilleures formations du continent.

C’est pourquoi les autorités sportives ont décidé d’envoyer les quatre titulaires en stage en France dès octobre 2025. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la coopération entre le Département des Sports du Vietnam, l’Association d’amitié Vietnam–France et l’Association francophone du sport. L’objectif est de permettre aux athlètes d’évoluer dans un environnement d’entraînement de haut niveau et d’évaluer leurs progrès dès les SEA Games 33 de fin d’année.

Des attentes précises

Pour Nguyen Duc Nguyen, responsable de la discipline, ce stage en France sera une étape déterminante avant les SEA Games 33-2025. Les résultats lors de ces Jeux serviront à évaluer l’efficacité de l’investissement et à estimer les chances de médailles aux Jeux asiatiques 2026 au Japon.

« Nous visons l’or au relais féminin 4x400 m aux SEA Games 33 et une médaille à l’ASIAD. Ce sont des objectifs concrets et parfaitement atteignables si la préparation est adéquate », affirme-t-il.

Les quatre titulaires – Quach Thi Lan, Hoang Thi Minh Hanh, Nguyen Thi Hang et Nguyen Thi Ngoc – s’entraînent actuellement au Centre national d’entraînement de Hanoï dans une dynamique intense. Parallèlement, elles bénéficient de compétitions internationales de préparation.

Cette décision d’investir dans un stage de longue durée en France, avec l’appui d’un expert étranger expérimenté, témoigne de l’orientation claire du sport vietnamien : dépasser le cadre régional pour s’imposer à l’échelle continentale. Forts des expériences passées de stages à l’étranger, les responsables ont cette fois soigneusement planifié le lieu, l’encadrement et le calendrier de compétitions.

À moins d’un an de l’ASIAD 20, le relais féminin vietnamien devra prouver ses progrès étape par étape, à commencer par les SEA Games 33. En cas de succès, ce sera une preuve convaincante de la pertinence d’investir dans les disciplines-clés, là où le Vietnam a de réelles chances de médailles et d’affirmation sur la scène asiatique.

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