J’ai commencé à boire du vin quand j’avais 5 ans. Le dimanche, lors des repas familiaux, mon oncle ou mon grand-père me donnait un verre de vin dilué dans beaucoup d’eau : 20% de vin et 80% d’eau. A 10 ans, ils me donnaient un verre moitié vin moitié eau et à partir de 14 ans, j’ai eu le droit de boire un verre plein. J’ai grandi avec le vin et c’est un peu pareil pour tous les Français. La dégustation de vin dans notre famille était un moment de plaisir où chacun racontait ses histoires de la semaine. Le vin fait un peu partie de l’éducation de tous les Français. J’ai eu la chance de naître et de vivre à Bordeaux, la capitale mondiale du vin. J’ai encore de la famille là bas et des cousins qui travaillent dans la filière viticole. Ce sont mes grands-parents qui avaient acheté des vignes à Moulis pour le château Chasse-Spleen. A l’époque, un hectare de vigne coûtait des sommes ridiculement faibles. Aujourd'hui, un hectare de vigne comme château Margaux peut valoir plus d'un million d'euros. A l'époque, mes grands-parents ont dû vendre ça pour une poignée de pain. Voilà, on est très ancrés dans le vin.
Pourquoi avez-vous décidé de travailler au Vietnam ?
Après mon master en commerce international, spécialité vin, je suis venu au Vietnam pour faire un stage de fin d'étude. Au bout de deux, trois mois, j’ai trouvé un travail et ça fait maintenant six ans que je travaille pour cette société. Mon épouse est vietnamienne, on s'est mariés il y a deux ans. Le Vietnam est mon pays d'adoption. C’est aussi et surtout le pays où je me lève tous les matins en me disant que je suis heureux d'être là et que demain sera mieux qu’aujourd’hui. En France, on se lève le matin et on se dit que demain ressemblera ou sera pire qu’aujourd’hui. C’est l'avantage de vivre dans un pays en pleine expansion économique. Tout va se développer et je suis vraiment content de participer à cette dynamique et de partager mon enthousiasme avec mes amis, mes clients, mes confrères.
Quel est à votre avis le potentiel de développement du marché vietnamien?
Le potentiel de développement est énorme. Nous sommes sur des croissances de 25 à 30% chaque année. Le marché devrait doubler d’ici trois ou quatre ans. La classe moyenne émergente a des salaires aujourd’hui avoisinant les 600 - 1.500 euros par mois. Les gens peuvent donc s'offrir du vin français et ceux de Bordeaux-la capitale mondiale du vin.
Pourriez-vous présenter un peu votre société?
La société Tân Khoa a été créée en 1996. Nous avons fêté nos 20 ans d’activité l’année dernière. Elle emploie 300 personnes dont 10 expatriés: un Américain, quatre Français, un Ecossais et nous avons de plus en plus d’étrangers qui viennent travailler dans notre société. Nous avons quatre réseaux de distribution. L’avantage c’est que nous sommes importateur et distributeur. Nous travaillons avec beaucoup de vignobles avec lesquels nous signons des contrats d’exclusivité. Nous avons une gamme de près de 600 vins provenant de 14 pays différents. Nous vendons également des sakés, des spiritueux et des sirops.
Des sirops?
Nous travaillons avec les sirops Monin pour faire des cocktails. Ils sont fabriqués à Bourges, en France. Depuis quelques années, les Vietnamiens raffolent des cocktails, des smoothies. Le Vietnam est un très important producteur et exportateur de café. Il existe une très très grosse culture du café. Notre société est propriétaire de deux bartenders, qui travaillent pour nous à temps complet et qui sont à Ho Chi Minh-ville et à Hanoi. Ils vont former les jeunes vietnamiens à faire des cocktails à base d’alcool ou de café. Avec le café, on peut utiliser toutes sortes de sirops comme le sirop au macaron, à la vanille ou à la cannelle. C’est aussi une bonne opportunité pour l’industrie de café du Vietnam d’élargir ses débouchés.