Dans les premiers jours de 2023, John McCarthy est retourné au Vietnam, où il a occupé le poste d'ambassadeur d'Australie pendant 3 ans (1981 - 1983). Cette visite l'a rendu très ému car l’année 2023 marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et l'Australie (26 février 1973 - 26 février 2023).
L'Australie a été l'un des premiers pays à établir leurs relations diplomatiques avec le Vietnam juste après la signature de l'Accord de Paris (27 janvier 1973).
A cette occasion, il a eu un entretien avec la presse sur ses expériences particulières au Vietnam.
Changement spectaculaire au Vietnam
Cela fait 40 ans que vous avez terminé votre mandat au Vietnam. Lors de votre présente cette visite, quels changements avez-vous constatés au Vietnam ?
Après la fin de mon mandat, je suis retourné au Vietnam environ 6 fois. À chaque fois, je constate un changement dans votre pays.
En 1981, lorsque je suis venu pour la première fois au Vietnam, le pays venait de traverser une guerre. Le niveau de vie des gens était très bas. L'économie faisait face à de nombreuses difficultés. Les conséquences de la guerre étaient si grandes qu'il était difficile pour les habitants de s’en sortir.
Au cours des 40 dernières années, le Vietnam s'est développé pas à pas.
Tout d'abord, l’œuvre de « Đổi mới » au Vietnam en 1986 a contribué à créer de grands changements dans la société, apportant des résultats positifs dans le développement socio-économique, la vie des habitants a été considérablement améliorée.
Ensuite, le Vietnam a établi des relations diplomatiques avec de nombreux pays occidentaux, a adhéré à des accords internationaux et cela a contribué considérablement au développement économique.
L'ambassadeur John McCarthy a accompagné le ministre des Affaires étrangères vietnamien, Pham Co Thach, à Canberra. Photo : Ambassade d'Autralie au Vietnam. |
Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), le PIB par habitant du Vietnam en 2020 a atteint 3 561 de dollars, supérieur au PIB par habitant des Philippines (3 229 USD).
Sur le plan social, il y a 40 ans, les gens souffraient d'une manque de nourriture, bien qu'il n'y avait pas de famine. À présent, la population de Hanoi a atteint plus de 8 millions d’habitants et la vie des gens s'est beaucoup améliorée.
Un changement très évident concerne le trafic et l'infrastructure. Dans le passé, Hanoi n'avait qu'une seule autoroute. Les gens faisaient sécher souvent le riz directement sur la route.
Quand vous étiez en poste au Vietnam, quels avantages et inconvénients avez-vous rencontrés en tant qu'ambassadeur d'Australie au Vietnam ?
Cette année-là, j'avais 39 ans et j'étais chef de cabinet du ministère australien des Affaires étrangères. Lorsque j'ai accepté la mission, je me sentais fier, excité et j'avais le sentiment que ma mission au Vietnam serait très intéressante.
Le Vietnam est un pays ayant une culture de longue date influencée par le confucianisme.
Sur la base de mes expériences de travail dans un certain nombre de pays asiatiques, je trouvais que le Vietnam disposait d’une culture similaire à d'autres pays de la région mais possèdait toujours sa propre identité unique.
A cette époque, les pays occidentaux dont l'Australie ont coupé l'aide au Vietnam, et les relations entre les deux pays n'étaient pas « chaleureuses », mais j'ai été traité très poliment et courtoisement par les Vietnamiens.
Grâce à de nombreux dialogues, nous avons fait des progrès dans le renforcement de nos relations.
Lorsque le Parti travailliste, dirigé par Bob Hawke, est revenu au pouvoir en mars 1983, le ministre des Affaires étrangères, Bill Hayden a voulu changer la politique d'isolement du Vietnam et a proposé de continuer de fournir des aides au Vietnam.
En juin 1983, le ministre des Affaires étrangères Bill Hayden s'est rendu au Vietnam et en avril 1984, le ministre des Affaires étrangères, Nguyên Co Thach, s'est rendu à Canberra pour continuer à discuter de cette question. Après cela, les relations entre les deux pays se sont progressivement améliorées.
J'ai appris que vous aviez accueilli le ministre des Affaires étrangères Bill Hayden à Hanoï en 1983 et que vous aviez accompagné le ministre Nguyên Co Thach lors de sa visite en Australie en 1984, alors même que votre mandat d'ambassadeur était terminé. Quelles impressions ces visites vous ont-elles laissées ?
En ce qui concerne la visite du ministre des Affaires étrangères, Bill Hayden, nous avons rencontré de nombreuses difficultés. L'Ambassade d'Australie à Hanoï était très petite. Le personnel n’était composé que de deux personnes : moi et une autre personne.
Entre-temps, Bill Hayden a fait venir plus de 10 journalistes car il attachait une grande importance à cet événement et souhaitait que la presse australienne couvre largement la visite. Nous avons fait de notre mieux pour soutenir les journalistes pour envoyer des nouvelles en Australie.
De même, la visite du ministre Nguyên Co Thach a également été remarquée par les médias australiens. J'ai été très impressionné, car il parlait couramment les langues étrangères et avait une grande capacité à faire passer des messages.
Après ces deux visites, les relations entre l'Australie et le Vietnam se sont améliorées très positivement.
Vers un partenariat stratégique global
Le Président de l'Assemblée nationale Vuong Dinh Huê et le Premier ministre Anthony Albanese ont convenu de soutenir l’élévation des relations au niveau de partenariat stratégique intégral. Comment évaluez-vous ce potentiel et que devraient faire les deux parties pour le concrétiser ?
Cela deviendra bientôt une réalité. Je suis convaincu qu'il y aura une visite de haut niveau du Premier ministre Albanese dans le cadre de la célébration par les deux pays du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques.
Anthony Albanese est un dirigeant très habile en matière de politique étrangère. Je suis convaincu qu'il fera quelque chose qui profitera aux deux pays.
L'Australie possède de nombreux atouts dans l'exploitation des ressources, l'éducation, les soins de santé et l'agriculture. Par conséquent, je pense que le Gouvernement doit investir dans les bons domaines pour promouvoir ses points forts.
En particulier, nous pouvons envisager la possibilité d'une coopération en matière d'investissement dans la transformation numérique, la science et la technologie.
Personnellement, j'aimerais voir un accord sur la science et la technologie entre le Vietnam et l'Australie. Nous envisageons une coopération avec l'Inde et l'Indonésie dans ce domaine. J'aimerais voir une coopération similaire avec le Vietnam