Au Musée Hô Chi Minh, dans un emplacement des plus solennels, se dresse un buste aux traits d’un vieil homme africain, portant une barbe typiquement vietnamienne, sculpté dans un bois précieux aussi dur que l’acier. Il s’agit du buste du Président Hô Chi Minh, une pièce empreinte d’affection et de profonde admiration que les peuples d’Afrique lui vouent.
En apprenant la nouvelle du décès du Président Hô Chi Minh en 1969, les peuples d’Afrique furent profondément bouleversés. Un sculpteur renommé du Congo, Konongo Benoit, choisit un bois précieux et travailla jour et nuit pour sculpter un buste en hommage à sa mémoire.
Au début de l’année 1970, à l’occasion de la visite au Congo d’une délégation commerciale vietnamienne, il confia le buste du Président Hô Chi Minh à la délégation afin qu’il soit rapporté à Hanoï comme un témoignage de gratitude envers un grand homme du monde.
Depuis 1945, et plus particulièrement après la victoire de Diên Biên Phu en 1954, les dirigeants et les peuples africains ont considéré le Président Hô Chi Minh comme une icône du mouvement de libération nationale, une flamme éclairant leur lutte pour l’indépendance. Ils avaient connu Hô Chi Minh dès l’époque où il militait à Paris sous le nom de Nguyên Ai Quôc, notamment à travers le journal Le Paria dont il était le rédacteur en chef.
L’affection pour lui s’est exprimée de manière sincère et profonde, à travers les salutations enthousiastes des amis africains criant « Hô, Hô Chi Minh » lorsqu’ils rencontraient des Vietnamiens, ainsi que par le respect particulier que lui vouaient de nombreux dirigeants africains tels que les présidents Sékou Touré (Guinée), Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Modibo Keïta (Mali), Ben Bella, Boumédiène, Ben Jédit, Bouteflika (Algérie), Gamal Abdel Nasser (Égypte), Massambat Débat (Congo), Patrice Lumumba (Zaïre), Samora Machel, Joachim Chissano (Mozambique), Dos Santos (Angola), Kenneth Kaunda (Zambie), Julius Nyerere (Tanzanie), Robert Mugabe (Zimbabwe), Nelson Mandela (Afrique du Sud), Sam Nujoma (Namibie)...
Les intellectuels et les peuples africains ont toujours exprimé leur profonde admiration pour l’intelligence, la personnalité et les qualités morales du Président Hô Chi Minh. Il demeure l’un des rares dirigeants au monde à avoir suscité un attachement aussi particulier de la part des amis des cinq continents.
Après avoir été envoyée du Congo en Égypte, la statue du Président Hô Chi Minh n’a pas pu être rapatriée au Vietnam en raison du contexte de guerre, la délégation commerciale vietnamienne ayant été contrainte de la déposer provisoirement à l’ambassade du Vietnam au Caire. En raison de la valeur exceptionnelle de cette œuvre, empreinte d’une profonde charge affective et sculptée dans un bois précieux, les membres de l’ambassade n’ont pas proposé son transfert à Hanoï.

Ce n’est qu’en 1995, après vingt-cinq années de conservation au Caire, que l’ambassadeur Tran Tam Giap – alors en poste en Égypte – se montra profondément préoccupé par le sort de la statue et résolu à la rapatrier au pays.
À ce moment-là, une délégation de l’Inspection d’État, conduite par Duong Ngoc Son, était en visite en Égypte. L’ambassadeur Tran Tam Giap fit part de son souhait à la délégation, qui lui apporta immédiatement son soutien. Ensemble, ils organisèrent le retour de la statue au Vietnam, en l’incluant dans le quota de bagages autorisé, sans recourir au budget de l’État.
Avant le départ de la statue du Caire, le personnel de l’ambassade du Vietnam a prélevé de l’eau du Nil pour la nettoyer, en prenant soin de protéger minutieusement chaque détail, notamment la barbe du Président Hô Chi Minh.
Dans l’après-midi du 29 décembre 1995, la statue du Président Hô Chi Minh quitta l’Égypte, escortée lors du trajet aérien reliant Le Caire à Dubaï, puis à Hanoï. Le 2 janvier 1996, la cérémonie de remise de la statue s’est tenue solennellement au Musée Hô Chi Minh.
Vingt-cinq ans plus tard, lors de leurs retrouvailles, Tran Tam Giap (ancien président du Club des retraités du ministère des Affaires étrangères) et Duong Ngoc Son (vice-président permanent du Club Thang Long de Hanoï) se remémorent encore avec précision ce parcours exceptionnel, symbole vivant de l’affection profonde pour le Président Hô Chi Minh et du lien international sincère exprimé par les peuples d’Afrique.