Le Général Vo Nguyen Giap est sans doute l’un des premiers journalistes de l’histoire de la presse vietnamienne : à l’âge de 16 ans, alors qu’il était encore élève au lycée Quoc Hoc de Hué, il a rédigé son tout premier article.
La presse fut pour lui un moyen de diffuser des idées révolutionnaires progressistes, d'orienter l'opinion publique et de servir les missions révolutionnaires du peuple tout au long de sa vie d'activiste.
Le Général Vo Nguyen Giap s'est engagé dans le journalisme dès les premiers jours de son activité révolutionnaire. Photo d'archive.
Un engagement au service de la presse révolutionnaire
Les documents attestent que dès la lecture du premier article de Vo Nguyen Giap, intitulé « À bas le petit tyran du Lycée National » et publié dans le journal L'Annau à Saigon en juin 1925, le rédacteur en chef Phan Van Truong s'exclama : « Une nouvelle plume apparaît pour la première fois dans ce pays, avec un style aussi acéré que celui de Nguyen Ai Quoc à Paris. »
Il s'engage professionnellement dans le journalisme à partir d'avril 1927, après avoir participé à un boycott scolaire en protestation contre l'expulsion de M. Nguyen Chi Dieu. À cette époque, il fut classé par les autorités coloniales parmi les « éléments d'opposition » et expulsé du Lycée National de Hue.
Recommandé par plusieurs révolutionnaires chevronnés, il commença à travailler au journal Tieng Dan avec M. Huynh Thuc Khang à Hue le 28 septembre 1929. Son premier article dans ce journal fut « L'Univers et l'Évolution ». Doté d'un style argumentatif profond, il devint une plume majeure, responsable de la rubrique « Chronique mondiale » de ce journal, avec 27 articles publiés dans 36 numéros sous le pseudonyme Van Dinh.
Après une période d'activité dans le Nord, il réalisa que la censure coloniale sur le contenu et les conditions de publication des journaux vietnamiens entravait la diffusion des idées révolutionnaires. C'est pourquoi, avec d'autres plumes renommées, il lança un journal en français, intitulé Le Travail (Le Travail), au moment précis du Front populaire (1936-1939).
Le journal Le Travail affirma sa position dans le front de lutte démocratique, propageant des idées révolutionnaires et reflétant fidèlement la vie et les difficultés des paysans, les grèves et la question de la liberté des organisations politiques. C'est pourquoi ce journal devint rapidement la tribune des comités interprovinciaux du Tonkin et de l'Annam.
Par la suite, avec le professeur Dang Thai Mai, Tran Huy Lieu et Hai Trieu, il fonda Hon Tre, le premier journal vietnamien à encourager ouvertement la lutte pour les droits civiques et la démocratie, à exiger l'amnistie des prisonniers politiques, à soutenir le Front populaire français et à rassembler les aspirations de toutes les couches de la population.
Le journal Hon Tre s'imposa rapidement, avec un grand nombre de lecteurs et une large diffusion. Les élèves de l'école Thang Long – Hanoï se portèrent volontaires pour vendre le journal et donner de l'argent pour le soutenir. Conscients du « danger » que représentait Hon Tre, les dirigeants coloniaux s'empressèrent de fermer le journal après seulement 12 numéros.
Tout au long de la période du Front populaire, il assuma la quasi-totalité des tâches du métier de journaliste : rédaction d'éditoriaux, chroniques, enquêtes, reportages, édition, relecture, agencement du contenu... jusqu'à la mise en page, la composition, l'impression, la correction des épreuves et, souvent, la distribution du journal. Le journaliste Vo Nguyen Giap considérait l'écriture journalistique comme un devoir et une responsabilité, sans rémunération ni indemnité. Il menait une vie simple, grâce à son salaire d'enseignant.
Durant cette période, il fut l'une des plumes principales des journaux Thoi Gian et Notre Voix, connectant et publiant une série d'articles de P.C.Lin (un des pseudonymes du dirigeant Nguyen Ai Quoc) envoyés depuis la Chine.
Le 24 avril 1937, lors du premier Congrès des journalistes du Tonkin, le journaliste Vo Nguyen Giap fut élu Président du Comité de la Presse du Tonkin. En mai 1940, le journaliste Vo Nguyen Giap et M. Pham Van Dong furent envoyés au Yunnan (Chine) par le Comité du Tonkin pour y poursuivre leurs activités. À partir de ce moment, le journaliste révolutionnaire Vo Nguyen Giap put participer à la révolution et faire du journalisme aux côtés du dirigeant Nguyen Ai Quoc.
Dans la dernière phase de la lutte pour l'indépendance nationale, entre 1941 et 1945, le journaliste Vo Nguyen Giap assuma de nombreuses tâches préparatoires aux forces armées en vue du soulèvement général imminent, mais il mena toujours à bien les missions de propagande d'un journaliste révolutionnaire. Immédiatement après la première victoire de l'Armée de Propagande et de Libération du Vietnam, il publia un journal manuscrit intitulé Tieng Sung Reo (Le Bruit des Coups de Feu).
Durant les mois de préparation à la Révolution d'Août 1945, il laissa de nombreuses empreintes dans l'histoire du journalisme révolutionnaire vietnamien. À cette période, il fut rédacteur en chef et dirigea la rédaction des 5 premiers numéros (du 20 juin au 5 août 1945) du journal Nuoc Nam Moi de la Zone Libérée, écrivit des articles directeurs pour le journal Vietnam Doc Lap du Front Viet Minh, et lança le journal Quan Giai Phong (Armée de Libération) de l'Armée de Libération du Vietnam.
Dans le premier numéro du journal Quan Giai Phong, paru le 5 août 1945, sous le pseudonyme Tri Dung, le Commandant en Chef Vo Nguyen Giap écrivit un article important résumant et tirant les leçons des combats passés. Cet article eut une signification cruciale pour encourager activement notre armée et notre peuple à la lutte armée durant la phase culminante menant au succès du Soulèvement général de la Révolution d'Août 1945.
Après que l'Oncle Ho eut lu la Déclaration d'Indépendance, fondant l'État de la République démocratique du Vietnam le 2 septembre 1945, le Commandant en Chef Vo Nguyen Giap se vit confier par le Parti et le Gouvernement de nombreuses missions importantes au sein de l'armée. Durant cette période, il continua de participer aux activités journalistiques, rédigeant des articles pour diriger les questions militaires, la défense nationale et la construction progressive et solide des forces armées révolutionnaires.
Pendant la résistance contre les Français et particulièrement lors de la bataille historique de Diên Biên Phu, il dirigea et rédigea (sous le pseudonyme Chinh Nghia) des éditoriaux et des analyses percutantes dans 33 numéros du journal Quan Doi Nhan Dan (Armée du Peuple) sur le front. C'est grâce aux directives du Général – Commandant en Chef de génie Vo Nguyen Giap que les différents théâtres d'opérations se sont coordonnés pour aboutir à la victoire de Diên Biên Phu, retentissante dans les cinq continents et ébranlant le monde le 7 mai 1954.
Le Général n'était pas seulement un stratège militaire talentueux, mais aussi un organisateur d'information perspicace.
Par la suite, tout au long des plus de 20 ans de la résistance contre l'invasion impérialiste américaine pour libérer le Sud et réunifier le pays (1954-1975) et du chemin de construction et de développement du pays sous la Doi Moi, le journaliste, Général Vo Nguyen Giap, a continué de produire de nombreux articles percutants sur la doctrine de guerre, la construction des forces armées, l'arrière, les principes tactiques pour vaincre l'ennemi envahisseur ; sur le travail du Parti, le travail politique ; sur la pensée de Ho Chi Minh ; sur l'éducation, la culture, etc. Les œuvres journalistiques du journaliste-Général Vo Nguyen Giap ont enrichi le trésor de la théorie et de la pratique de l'art militaire vietnamien ainsi que de nombreux autres domaines de la vie sociale.
En particulier, un thème majeur qui a profondément marqué l'empreinte du Général Vo Nguyen Giap dans la presse révolutionnaire vietnamienne est celui de la recherche sur la pensée et l'œuvre du Président Ho Chi Minh. Surtout depuis que le Parti a affirmé que la pensée de Ho Chi Minh est un précieux patrimoine pour tout le Parti et la nation, et a organisé une étude approfondie de la pensée de Ho Chi Minh (VIIe Congrès, 1991), le Général Vo Nguyen Giap a été l'un des pionniers dans l'étude de la pensée et de la grande œuvre révolutionnaire de celui qui fut son dirigeant, son camarade et son mentor direct pendant près de 30 ans.
Un style journalistique révolutionnaire exemplaire
Parlant du style journalistique du Général Vo Nguyen Giap, le défunt journaliste vétéran Do Phuong a un jour partagé : le Général Vo Nguyen Giap, l'excellent disciple du Président Ho Chi Minh, n'était pas seulement un stratège militaire de génie, mais aussi un maître du journalisme révolutionnaire vietnamien.
Pour le Général, le journalisme était un art passionnant. Préparer un numéro de journal était comme organiser une bataille coordonnée. C'était un travail qui exigeait de la rapidité ; il fallait détecter les nouveautés, alerter sur le mal, lutter contre le négatif ; il fallait saisir les exigences et la psychologie diverses et constamment changeantes des lecteurs ; il fallait aussi s'attacher aux aspirations profondes du peuple pour savoir quoi faire...
La vision journalistique du Général Vo Nguyen Giap était de prendre le peuple comme racine. Faire du journalisme, c'était refléter fidèlement et en temps opportun les aspirations du peuple. Le style d'écriture destiné à un large public devait être clair, concis, facile à comprendre et à mémoriser.
Selon le Général, le contenu journalistique doit bien sûr être précis et rigoureux, mais l'efficacité auprès du lecteur est souvent déterminée par la manière de s'exprimer et de présenter. Une composition d'œuvre illogique réduirait l'efficacité d'un journal contenant de nombreux bons articles. Les articles principaux et secondaires, courts et longs, lourds et légers, devaient être combinés harmonieusement de manière organique, créant une harmonie comme les couleurs d'une œuvre d'art, afin d'apporter de l'intérêt au lecteur.
Le Général Vo Nguyen Giap conseillait aux journalistes de prêter attention au titre de l'article. Titrer un article est très difficile. Il passait souvent beaucoup de temps à réfléchir, à trouver les types de caractères appropriés pour présenter le titre d'un article de quelques lignes seulement. La deuxième ligne était souvent la plus importante, mais les autres lignes ne pouvaient être sous-estimées, car elles devaient contribuer à former un tout.
Le Général est un excellent journaliste du peuple. Photo Internet.
Le Général rappela: « Le journalisme doit refléter la réalité. L'Union soviétique avait autrefois nommé le journal du Parti La Vérité, pour mettre en avant le bon et le positif, critiquer le moins bon, le négatif, les fléaux, ce que l'on pourrait appeler des “ennemis intérieurs”. Nous avons vaincu l'ennemi extérieur, maintenant la presse doit contribuer à vaincre cet “ennemi intérieur”. »
Les œuvres journalistiques du Général Vo Nguyen Giap sont des arguments solides, convaincants et visionnaires. Ses opinions sont pleines de responsabilités et recèlent derrière elles beaucoup d'amour, beaucoup de préoccupations, reflétant une intelligence perspicace qui discerne les problèmes stratégiques et un cœur chaleureux et proche du peuple d'un dirigeant de haut rang.
En lisant ses œuvres à travers les époques, nous avons l'impression de revivre l'atmosphère héroïque, courageuse, résiliente, indomptable, fidèle et inébranlable de notre armée et de notre peuple lors des grandes guerres de défense de la patrie, ainsi que pendant les années de paix, de renouveau et de développement du pays. Les écrits du Général Vo Nguyen Giap ont systématisé : l'art militaire vietnamien unique ; la pensée de Ho Chi Minh et les valeurs de l'époque ; la construction de la culture, de la science, de l'éducation et la formation de l'homme nouveau ; la guerre et la paix ; la nation et l'époque ; le développement durable... et conservent à jamais leur valeur éclairante pour aujourd'hui et demain. De là, ils continuent de renforcer la force et l'esprit national pour aider chaque Vietnamien à aimer et à être fier davantage, à s'efforcer de construire et de protéger notre belle patrie vietnamienne, durable et puissante.
Toute sa vie d'activités révolutionnaires passionnées pour le pays, pour le peuple, pour la paix et le progrès de l'humanité, le Général Vo Nguyen Giap, l'aîné de l'Armée populaire du Vietnam, le général du peuple, l'illustre général pour la paix, le héros d'une nation héroïque, l'excellent disciple du dirigeant.
La presse est une force puissante, capable de transformer les êtres humains. La presse doit participer activement au travail idéologique, à la construction du Parti, à la formation des cadres, à la diffusion de nouvelles connaissances au sein du peuple, et, sur cette base, construire un Vietnam héroïque, mais prospère.
