Les rituels et le jeu de tir à la corde ont été reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité lors de la 10e session du Comité intergouvernemental de Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture), qui a eu lieu début décembre à Windhoek, en Namibie.
C’est la première fois que le Vietnam participait à l’élaboration d’un dossier multinational pour l’UNESCO, et ses efforts ont été récompensés.
Exprimer la force de l’union
Les rituels et le jeu de tir à la corde des cultures rizicoles d’Asie de l’Est et du Sud-Est sont pratiqués au sein des communautés pour s’assurer de récoltes abondantes. Ils favorisent la solidarité communautaire et marquent le commencement d’un nouveau cycle cultural, tout en étant un divertissement. De nombreux rituels et jeux ont ainsi une profonde signification religieuse.
Le professeur associé Nguyên Van Huy, membre du Conseil patrimonial du Vietnam, a participé à l’élaboration de la candidature multinationale de ce patrimoine. «Le tir à la corde n’existe pas seulement au Vietnam, mais aussi dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est et d’Asie de l’Est. Les rituels et jeux de tir à la corde expriment le fondement culturel des peuples de la région, notre souhait commun de bonnes récoltes, d’une bonne santé et de sérénité», précise-t-il.
Au Vietnam, ce jeu traditionnel est un incontournable depuis très longtemps, notamment pour les ethnies Kinh, Thai, Tày, Nùng et Giay. La corde peut toutefois être remplacée par une perche. Et, dans certains cas, il n’y a pas de corde du tout, les joueurs se tirant par les mains. Mais quelle que soit sa forme, le tir à la corde exprime la force de l’union.
«Tirer à la corde fait penser plus à un sport qu’à un rituel. Pourtant, c’est un jeu traditionnel associé aux us et coutumes de plusieurs populations du Nord du Vietnam», explique Lê Thi Minh Ly, directrice du Centre de recherche et de valorisation du patrimoine culturel du Vietnam.
Selon elle, loin d’être «purement et simplement» un jeu tel que perçu par l’imaginaire collectif, le tir à la corde possède une «valeur culturelle et rituelle historique». «L’important, c’est d’en valoriser les qualités, symboles de l’unité communautaire», insiste-t-elle.
Un jeu international très populaire
Au Vietnam comme partout en Asie, les règles du jeu sont identiques: deux équipes de tireurs se font face, séparées par une ligne transversale tracée au sol. Chaque équipe s’efforce de tirer vers elle la corde, aux sons des tambours et des gongs, sous les clameurs des spectateurs. Cette «lutte», qui se traduit généralement par une série de va-et-vient, prend fin lorsqu’une équipe se retrouve entièrement dans le camp adverse. Tout le monde prend plaisir au jeu, spectateurs, vainqueurs et vaincus.
Beaucoup de pays d’Asie relevant de la culture agricole pratiquent le tir à la corde. Au Cambodge, le jeu est organisé un peu partout à l’occasion du Nouvel An. Il est un des éléments importants des rites «Chlong Chet» qui, chez les Khmers, rendent hommage au Génie de la riziculture.
Aux Philippines, il est le rite principal des cérémonies religieuses organisées après les récoltes pour remercier le dieu protecteur. À Singapour, il se pratique dans les cours d’eau (rivière, étang...) pour vénérer le Dieu de l’eau. En République de Corée, la corde se caractérise par ses nœuds servant de poignées pour les joueurs.
Les rituels et jeux de tir à la corde sont devenus le 10e patrimoine culturel immatériel du Vietnam reconnu par l’UNESCO.