Le pont de Rach Chiêc, ancien théâtre de durs combats

Nhân Dân en ligne - Le pont de Rach Chiêc, au Nord-Est de Hô Chi Minh-Ville, est un verrou important de la mégapole du Sud, car il ouvre l'accès vers le Centre et le Nord. Il y a 40 ans, ce pont a été le théâtre de combats incessants trois jours durant, dans le cadre de la campagne Hô Chi Minh qui a permis de libérer le Sud et de réunifier le pays.

Le pont de Rach Chiêc. Photo: VNA
Le pont de Rach Chiêc. Photo: VNA

Les derniers jours d'avril 1975, la campagne Hô Chi Minh a remporté victoires sur victoires. Les troupes de l'Armée populaire du Vietnam avançaient vers Saigon, dans différentes directions. Pour accéder à Saigon depuis l'Est, le pont de Rach Chiêc revêtait une importance stratégique.

Le 26 avril 1975, le commandement de la campagne a ordonné aux commandos en mission secrète aux alentours de Saigon de s'emparer du pont pour favoriser l'attaque du Palais de l'Indépendance. Une mission assignée aux bataillons 81, Z22 et Z23 de la brigade des commandos 316. Le lieutenant Nguyên Duc Tho, ancien agent de liaison et soldat chargé de la reconnaissance de la brigade 316, a tiré la première roquette.

"Quand nous avons reçu l'ordre de nous emparer du pont de Rach Chiêc, nous avons ressenti une sorte d'exaltation. Nous savions que le combat serait très dur mais nous étions confiants, et tout le monde s'y est préparé avec entrain. Nous n'avons pas hésité et nous avons agi très rapidement, avec détermination", raconte le lieutenant Nguyên Duc Tho.

Le pont de Rach Chiêc ne faisait qu'une centaine de mètres de longueur mais il s'agissait du plus dur à traverser. Les ennemis étaient nombreux et prêts à faire sauter le pont pour empêcher les troupes de l'Armée populaire d'avancer. Les commandos de la brigade 316 étaient en position de faiblesse, en matière d'effectifs et d'armement. Plus de 200 soldats ont vaillamment combattu et pris possession du pont après trois jours et nuits de combat, ouvrant la voie aux chars de l'Armée populaire pour qu'ils entrent dans la ville. Le pont de Rach Chiêc a été le théâtre du dernier dur combat de la campagne Hô Chi Minh.

Selon le sous-capitaine Nguyên Van Thuât, ancien membre du bataillon 81 de la brigade de commandos 316, le plan était que les commandos attaquent le pont et bouleversent la stratégie des ennemis. Le pont n'était qu'à 6 km du centre de Saigon. Il était protégé par un grand nombre d'ennemis. La BBC a dit qu'une unité spéciale et exercée de Viêt-công l'avait attaqué, que l'armée de Saigon avait répondu mais n'avait pas la supériorité, et que les deux parties s'affrontaient violemment. "Notre stratégie était d'attaquer Saigon depuis trois ou quatre directions. Les ennemis pensaient que nous n'oserions pas prendre cette direction car ils s'étaient préparés pour faire du pont de Rach Chiêc un "moulin à chair" de Viêt-công", rappelle le sous-capitaine Nguyên Van Thuât.

Après la libération du Sud et la réunification du pays, un mémorial a été érigé au Sud-Ouest du pont de Rach Chiêc en mémoire des soldats de l'Armée populaire tombés lors de ce combat. 52 commandos sont tombés ici. Le mémorial a été construit grâce aux fonds recueillis auprès d'anciens combattants, de familles de morts pour la Patrie et d'autres généreux donateurs. Le mémorial de granite fait deux mètres de hauteur et raconte les sacrifices des soldats lors des derniers jours de la guerre, peu avant la victoire finale.

En septembre 2009, un nouveau pont a été mis en chantier pour remplacer l'ancien. La nouvelle construction a été inaugurée le 10 juillet 2012. Le nouveau pont fait 736 mètres de long, 48 mètres de large et comprend 10 voies. Les navires peuvent même passer en dessous.

En février 2015, Hô Chi Minh-Ville a mis en chantier un autre pont de Rach Chiêc sur le périphérique Est dans son 9e arrondissement. Les travaux devront prendre fin en décembre. De nouveaux ponts remplaceront graduellement l'ancien mais le nom du pont de Rach Chiêc sera toujours attaché à l'épopée héroïque des soldats de la brigade de commandos 316.