Par son amour pour son pays d’origine, elle ne se contente pas de perpétuer la tradition familiale, mais collabore également avec le ministère des Affaires étrangères pour organiser des activités culturelles exceptionnelles à l'occasion du Tết traditionnel du Vietnam à la Galerie du Musée du Pont Long Biên, sur la rue piétonne « Le pont de Long Biên » dans le complexe urbain Mailand – Splendora, Bac Anh Khanh, dans le district de Hoài Duc à Hanoi.
Parmi les activités organisées figuraient des promenades florales, la confection de « banh chung » (gâteau de riz gluant) et des rites de culte « hâu dông » (culte de la Déesse-Mère, un élément du patrimoine culturel immatériel), dans l'atmosphère chaleureuse du Têt traditionnel. Cet événement a également attiré la participation de la représentante de l'UNESCO, de Mme Ngô Phuong Ly, épouse du Secrétaire général Tô Lâm, de Mme Phuong ‘Thao, directrice générale de Vietjet, ainsi que d’épouses d’ambassadeurs.
J'ai également eu l'opportunité de rencontrer Mme Nga un après-midi de fin d'année dans l'espace traditionnel du Têt à la Galerie du Musée du Pont Long Biên. Ensemble, nous avons dégusté un thé à la camomille parfumée dans cet espace calme et riche en identité culturelle vietnamienne, écouté ses souvenirs du Têt d'antan et d'aujourd'hui, échangé sur les traditions culturelles du Têt et partagé sa passion pour le projet de préservation du Pont Long Biên – un symbole historique et culturel indissociable du développement de Hanoi.
Les souvenirs du Têt d'antan et d'aujourd'hui de l'architecte Nguyên Nga.
Pour Mme Nguyên Nga, architecte vietnamienne résidant en France, l'une des personnes les plus engagées dans la préservation du pont Long Biên, un des symboles de la capitale Hanoï, cette année, c'est la première fois qu’elle fête le Têt traditionnel au pays avec ses deux fils venus de France.
« Hanoi a su conserver le charme des 36 rues et vieux quartiers, avec des fleurs de pêcher couvrant les trottoirs et les rues. Les rues pendant le Têt traditionnel sont remplies de couleurs florales, avec un parfum particulier des bouquets de vieille coriandre. Dans le vieux quartier, pendant les trois jours du Têt, on peut retrouver l'élégance d'Hanoï d'autrefois, à travers les vêtements, l’allure, les gestes et les paroles des gens ».
Un espace de culte de la Déesse-Mère, un élément du patrimoine culturel immatériel), dans l'atmosphère chaleureuse du Têt traditionnel. |
« Pendant ces quelques jours du Têt traditionnel, ce qui m'a le plus marquée, c'est la tranquillité des rues vides, les trottoirs non envahis, Hanoi avec le lac Hoàn Kiêm (lac de l’épée restituée), le lac de l’Ouest, le lac Truc Bach, ses pagodes et ses temples, tout cela m'est apparu plus ancien et raffiné. L'agitation de la vie quotidienne à Hanoi a disparu ».
Elle a raconté qu’en 1954, il y a 70 ans, lorsqu’elle était encore petite, c'était le dernier Têt passé à Hanoi avec ses parents. « Ce Têt était très traditionnel, la veille du Nouvel An lunaire, nous avons veillé sur la marmite de « banh chung » (gâteau de riz gluant) et écouté des histoires de fantômes. Dès le matin du premier jour du Nouvel An lunaire, mes parents m’ont réveillée, j’ai mis des vêtements neufs cousus par ma mère et mes parents m’ont donné des étrennes de Têt ».
Un autre souvenir marquant était celui de 1989, lorsqu’elle est revenue à Hanoi pour travailler. Le Têt traditionnel de cette époque à Hanoi l’a profondément impressionnée, car les habitants préparaient les fêtes du Têt sur les trottoirs des rues, en lavant du riz gluant, en cuisant du xôi (riz gluant), en préparant des « banh chung », et en bavardant joyeusement.
« Ce qui m’est revenu en mémoire, c'était l'odeur de la poudre du pétard et la couleur rouge éclatante qui recouvraient les rues la nuit de la veille du Nouvel An lunaire ».
Cette année, le Têt traditionnel à Hanoi est totalement différent, la ville s'est élargie, avec des lumières et des fleurs éclatantes, des rues bondées, les gens défilent en grand nombre, mais on ressent l'absence de l'élégance d'antan des habitants de Hanoi.
Les Hanoïens d'antan se font de plus en plus rares et ne se rencontrent guère que pendant les trois jours du Têt traditionnel.
En menant des activités lors du Têt traditionnel cette année, je célèbre le Têt traditionnel à la Galerie du Musée du Pont de Long Biên, sur la rue piétonne « Le Pont de Long Biên », située dans l’écoquartier Mailand Splendora, dans le distrist de Hoài Duc, à Hanoï.
J’organise un événement de donation du livre « Le pont Long Biên – Pont légendaire », ainsi qu’une cérémonie de « hâu dông » (activité religieuse populaire à la dimension à la fois spirituelle et artistique).
En collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, nous organiserons également un atelier de confection de « banh chung » avec Mme Ngô Phương Ly, épouse du Secrétaire général Tô Lâm, Mme Phuong Thao, directrice générale de Vietjet, et des épouses des ambassadeurs.
Comme chaque année, le Têt est pour moi l’occasion de perpétuer les traditions et de partager ces moments précieux avec mes proches.
« Je vais au marché aux fleurs avec mes enfants pour acheter une magnifique branche de fleurs de pêcher aux couleurs éclatantes, ainsi que des roses, des chrysanthèmes, des fleurs d’abricotier et un bouquet de plantes de coriandre à faire bouillir pour se laver le visage. Son parfum enivrant suffit à faire ressentir toute l’essence du Têt et à nous combler de bonheur.
Mes enfants sont émerveillés et ravis de participer aux rituels traditionnels comme la cérémonie de culte aux génies du foyer « Ông Công, Ông Tao » qui montent au ciel ou encore le repas d’offrande aux ancêtres lors de la veille du Nouvel An lunaire », a indiqué Mme Nguyên Nga.
Un atelier de confection de « banh chung » avec Mme Ngô Phương Ly, épouse du Secrétaire général Tô Lâm, Mme Phuong Thao, directrice générale de Vietjet, et des épouses des ambassadeurs. |
D’apèrs Mme Nguyên Nga, architecte passionnée par la préservation du patrimoine, Hanoï, avec son fort développement rapide, a connu des changements impressionnants ces dernières années. Des routes élargies, des gratte-ciels, de nouveaux quartiers modernes et des autoroutes modernes font de Hanoi une ville de plus en plus développée et civilisée. Cependant, dans cette transformation, elle a remarqué que Hanoi manque encore d'une identité propre, que l'on peut encore retrouver dans le vieux quartier de la ville. C'est là que se rencontrent la beauté orientale et occidentale, où les vestiges historiques comme la citadelle de Thang Long et l'architecture de l'époque coloniale française sont encore présents.
Avec le projet de conservation du pont Long Biên, Mme Nguyên Nga a organisé des festivals internationaux pour sauver le pont, qu’on avait décidé de démolir. Ce projet a reçu un large soutien de la part des habitants, des experts et du gouvernement.
Elle espère qu'une fois restauré, le pont Long Biên deviendra non seulement un symbole culturel et économique de Hanoi, mais aussi un pont piéton et un musée unique en son genre, contribuant au développement durable de la ville, à la rénovation de ses environs et à la connexion des zones économiques des rives du fleuve Rouge.
Elle souhaite que Hanoi continue à se développer, à préserver ses valeurs patrimoniales et à viser un avenir durable, tout en conservant son identité et en se développant de manière forte dans une ère de mondialisation.
À travers les souvenirs du Têt d’antan de Mme Nga Nguyên, nous percevons non seulement la profondeur des valeurs traditionnelles, mais aussi un lien indéfectible avec sa terre natale.
Son retour au Vietnam à l'occasion du Têt ne représente pas seulement un moment de retrouvailles familiales, mais également une opportunité pour elle et ses enfants de concrétiser des projets empreints de passion, mettant en valeur la richesse culturelle du Vietnam.
Ce voyage ne marque pas seulement le début d’un Têt accompli, mais aussi une occasion pour sa famille de poursuivre son engagement envers le développement de son pays, à travers des actions en faveur de la protection de l’environnement, de la préservation des traditions et de l’éducation des jeunes générations.
Préserver nos racines, renforcer les liens avec la Patrie
Pour ceux qui vivent loin de leur pays natal, revenir au Vietnam n’est pas seulement un retour à la terre d'origine, mais aussi un retour à la fierté nationale et aux opportunités de contribution.
L’un de ces enfants du pays est Vo Quang Di, le fils aîné de Madame Nguyên Nga, qui est en train de développer un projet éducatif intitulé « E-Learning for Peace » (Éducation morale pour la paix à travers les contes populaires et les chansons traditionnelles).
Il confie : « Si je ne viens pas, c’est une chose, mais une fois que je suis ici, je ne veux plus repartir ». Pour lui, le pays natal n’est pas seulement un lieu, mais aussi une source d'inspiration et un moteur pour contribuer au développement du pays.
Vo Quang Di ressent que lorsqu'il retourne dans son pays natal, il se sent comme s'il revenait dans une grande famille, où les concepts de « compatriotes » et de « Patrie » prennent une signification sacrée plus profonde que jamais. Inspiré par ses racines, il a été motivé à créer le projet « E-Learning for Peace », dans l’espoir de transmettre les valeurs éthiques et culturelles vietnamiennes à la jeune génération.
L'espace riche en culture vietnamienne dans la maison décorée par les fils de Mme Nguyên Nga. |
D’un autre côté, le cadet, Vo Quang Luân, a vu les changements du Vietnam au fil des années. Il a remarqué que le pays avait connu une évolution remarquable par rapport aux années 80, où les enfants de la rue qui mendiaient étaient visibles. Aujourd’hui, ces images ont disparu. À la place, il y a des actions de solidarité entre les riches et les pauvres, entre les zones urbaines, rurales et montagneuses », a indiqué Luân. Cependant, il a souligné qu’il reste encore un problème à résoudre : la protection de l’environnement. C'est pourquoi il met en place le projet « The Đạo » (Le Chemin, qui signifie aussi Mode de vie), dans le but de promouvoir un mode de vie responsable chez les jeunes vis-à-vis de la communauté, de la nature, et surtout face aux changements climatiques.
Bien qu’elle vive à Paris depuis de nombreuses années, Madame Nguyên Nga continue de célébrer le Têt traditionnel avec des plats du Têt traditionnel comme le « banh chung » (gâteau du riz gluant), le giò (pâte de viande pilée) et le cha (hachis de porc grillé) des confiseries et les coutumes liées aux étrennes. Cependant, elle réalise que rien ne peut égaler l'atmosphère solennelle et sacrée du Réveillon (giao thua en vietnamien) et des premiers jours du Nouvel An lunaire au Vietnam.
Pour elle, le Têt traditionnel n’est pas seulement une occasion de se retrouver en famille, mais aussi une opportunité pour les jeunes générations de réviser les traditions et de préserver les valeurs culturelles transmises par les ancêtres. Elle encourage : « Chaque Vietnamien doit préserver, maintenir et développer les traditions afin de toujours être fier d’être Vietnamiens ».
Le Têt vu par un Belge vivant au Vietnam depuis plus de 20 ans
Après plus de 25 ans de vie et de travail à Hanoi, Daniel Van Houtte, enseignant belge, est devenu une partie intégrante de la communauté locale. Pour lui, le Têt, ou le Nouvel An lunaire, est l'événement le plus important de l'année pour les Vietnamiens. Daniel partage son expérience et son regard sur cette période unique, où traditions, ferveur communautaire et renouveau se mêlent harmonieusement.
Avant le Têt, les familles vietnamiennes s'engagent dans un véritable rituel de purification : elles nettoient leur maison pour chasser la malchance et accueillent la nouvelle année avec des décorations colorées, telles que des fleurs de pêcher et de kumquat, symboles de prospérité. Les marchés sont bondés de personnes achetant des fruits, des confiseries et des décorations traditionnelles. Les préparatifs culinaires sont tout aussi importants : la confection du « banh chung », un gâteau de riz gluant enveloppé de feuilles de dong, réunit les familles dans une atmosphère chaleureuse et festive. Cette période est également marquée par des offrandes faites aux génies de la cuisine, une tradition profondément ancrée dans la culture vietnamienne.
Daniel Van Houtte. |
La veille du Têt traditionnel est marquée par le culte des ancêtres. Les familles rendent hommage aux générations passées en visitant les tombes et en préparant des offrandes. Ce moment solennel s'accompagne d'un repas copieux et de l'attente impatiente du passage à la nouvelle année à minuit, souvent célébré avec des feux d'artifice.
À Hanoi, l'atmosphère du Têt est unique et vibrante. La ville se pare de décorations lumineuses, les marchés regorgent de fleurs et de friandises, et l'effervescence des derniers jours avant le réveillon est palpable. Les rues, ornées de lanternes et de lumières scintillantes, créent un décor féerique. « Ce qui me frappe à chaque Têt, c'est cette énergie collective. Les rues, habituellement animées, deviennent soudainement paisibles, et un sentiment de renouveau plane sur la ville », indique Daniel.
Les premiers jours du Têt sont consacrés aux visites familiales et aux échanges de vœux. Les enfants, vêtus de leurs plus beaux vêtements, reçoivent des enveloppes rouges contenant de l'argent porte-bonheur. Pour Daniel, ces traditions rappellent l'importance des valeurs familiales et du respect intergénérationnel dans la société vietnamienne.
Le Têt n'est pas seulement une célébration familiale, il joue également un rôle central dans la cohésion sociale et le dynamisme économique du pays. Le Têt ne se limite pas à un simple changement de calendrier : il incarne une transition spirituelle, un engagement envers les valeurs traditionnelles et une aspiration à un avenir meilleur. Cette fête reflète également l’évolution économique du Vietnam.
En effet, ces dernières années, avec la croissance continue de l'économie vietnamienne, les festivités du Têt sont devenues de plus en plus éclatantes et diversifiées. Cette période booste la consommation et le commerce, notamment à travers l'achat de cadeaux, de décorations et de produits alimentaires traditionnels. Les marchés de fleurs, les festivals et les activités culturelles attirent des millions de visiteurs, contribuant à la vitalité économique locale.
En outre, la politique de Dôi Moi (Renouveau) adoptée par le Vietnam a permis de dynamiser son économie et d'attirer les investissements étrangers.
En 2024, le pays a enregistré une croissance du PIB de 6,4 %, notamment grâce à la relance de la production manufacturière et à l'augmentation des exportations, qui ont atteint 369,9 milliards de dollars, soit une hausse de 14,4 % par rapport à 2023.
Le Vietnam a également attiré 31,38 milliards de dollars en investissements directs étrangers, en particulier dans les secteurs des hautes technologies et des énergies renouvelables. Cette prospérité croissante se reflète dans les célébrations du Têt, qui deviennent chaque année de plus en plus grandioses.
Pour Daniel, le Têt symbolise l'espoir et le renouveau. « Chaque année, je suis touché par la manière dont cette fête rassemble les familles et renforce le lien social. C'est un moment où le passé et le présent se rejoignent, et où chacun formule de nouveaux espoirs pour l'avenir ».