Le rapport constate une forte progression des mesures restrictives. Entre mi-octobre 2024 et mi-octobre 2025, les importations mondiales affectées par des tarifs douaniers ont atteint une valeur de 2 640 milliards de dollars en un an, d'octobre 2024 à octobre 2025, soit 11,1 % des importations mondiales – un niveau quadruplé par rapport à l'an dernier et le plus haut depuis plus de quinze ans. À l'exportation, près de 2 966 milliards de dollars de flux commerciaux ont été affectés.
Sur la même période, les membres et observateurs de l'OMC ont également introduit un grand nombre de nouvelles mesures visant à faciliter le commerce des marchandises – 331 au total – couvrant des échanges estimés à 2 090 milliards de dollars (environ 1,5 fois plus que les 1 441 milliards de dollars du dernier rapport).
"La forte hausse de la couverture commerciale des droits de douane reflète l'augmentation du protectionnisme observée depuis le début de l'année.Près d'un cinquième (19,7 %) des importations mondiales sont désormais affectées par des droits de douane et mesures similaires introduits depuis 2009 – contre 12,6 % il y a seulement un an", a déclaré la Directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.
Elle a souligné que les membres mènent parallèlement des actions visant à faciliter les échanges et privilégient le dialogue plutôt que les représailles, ce qui témoigne de leur attachement au maintien de flux commerciaux transfrontaliers fluides.
Elle a également estimé que les perturbations actuelles du commerce devraient être mises à profit pour relancer les réformes longtemps attendues de l'OMC. Selon elle, les membres disposent ainsi d'une occasion de traiter les préoccupations liées aux récentes mesures unilatérales, tout en repositionnant l’Organisation afin de mieux saisir les nouvelles opportunités commerciales.
Les économistes de l'OMC estiment que la croissance du commerce mondial de marchandises atteindra 2,4 % en 2025 et 0,5 % en 2026, avec une croissance plus forte que prévu durant le premier semestre 2025, portée par une anticipation des importations, une forte demande pour les produits liés à l'IA, et la poursuite de la croissance des échanges entre la plupart des membres de l'OMC, notamment les économies en développement.
Au cours de la période examinée, les membres de l'OMC ont lancé en moyenne 32,3 enquêtes en matière de mesures correctives commerciales par mois – un niveau juste en dessous du pic de 2024 (37,3 par mois). Bien que les enquêtes ne débouchent pas toutes sur l'imposition de mesures, un nombre élevé d'initiations signale souvent une possible augmentation des mesures appliquées. Le nombre moyen de cessations de mesures est de 11,4 par mois, l'un des plus bas depuis 2012, ce qui suggère que de nombreuses mesures correctives demeurent actives. Les mesures correctives – en particulier les mesures antidumping – restent un outil majeur de politique commerciale, représentant 46,5 % de toutes les mesures sur les marchandises recensées dans ce rapport.
Concernant les services, les membres de l'OMC ont introduit 124 nouvelles mesures entre mi-octobre 2024 et mi-octobre 2025, un niveau globalement conforme aux années précédentes. La plupart visaient à faciliter le commerce ou à améliorer les cadres réglementaires. Plus de la moitié de ces mesures s'appliquaient à la majorité des secteurs. Parmi elles : la moitié concernait la fourniture de services via une présence commerciale (mode 3), un quart via le mouvement de professionnels (mode 4). Environ un cinquième ciblaient l'Internet et les autres services dépendant des réseaux numériques.
Durant la période examinée, les membres de l'OMC ont introduit un nombre croissant de mesures de soutien économique général, dont beaucoup liées à des secteurs clés tels que l'environnement, l'énergie et l'agriculture.
Le rapport note une possible évolution vers des interventions non financières et la poursuite d’objectifs stratégiques plus larges.
Les membres de l'OMC ont continué à soulever des préoccupations commerciales dans les différents comités et organes de l'Organisation, la plupart étant liées aux mesures ou politiques appliquées par d’autres membres.
Les comités de l'OMC demeurent des plateformes essentielles pour aborder ces questions et permettre aux membres de traiter les domaines de friction actuels ou potentiels, indique le rapport.