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David Jackson, directeur général d’Avison Young Vietnam. Photo : baodautu. |
Une résilience fondée sur des atouts structurels
Pour David Jackson, directeur général d’Avison Young Vietnam, le pays conserve des avantages compétitifs indéniables : une main-d’œuvre bon marché, une position géographique idéale — à la frontière avec la Chine et au cœur de l’ASEAN — ainsi qu’une politique incitative favorable aux investissements. Il affirme sa confiance dans la capacité du gouvernement vietnamien à surmonter les turbulences commerciales grâce à son habileté diplomatique et à ses talents de négociation.
Le Vietnam, souligne-t-il, excelle dans l’art de maintenir un équilibre entre ses partenaires occidentaux et orientaux, tout en tirant le meilleur parti des nombreux accords commerciaux multilatéraux auxquels il participe.
Afin de réduire les risques liés à une dépendance excessive envers les grandes économies telles que les États-Unis et la Chine, les décideurs vietnamiens ont intensifié le développement des relations commerciales avec les marchés émergents et renforcé leur participation aux blocs commerciaux régionaux.
Le succès du Vietnam dans la renégociation de l’accord de Partenariat transpacifique (TPP), après le retrait des États-Unis, illustre sa capacité d’adaptation ainsi que sa détermination à défendre ses intérêts commerciaux.
Au-delà des accords commerciaux, les atouts démographiques du Vietnam jouent un rôle central. Doté d’un marché de consommation en pleine expansion, le pays attire des investissements considérables de la part de multinationales telles qu’IKEA, Samsung ou LEGO.
Les politiques visant à améliorer les compétences de la main-d’œuvre et les infrastructures nationales contribueront à affermir davantage la position du Vietnam en tant qu’acteur clé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
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Dan Martin, conseiller en commerce international chez Dezan Shira & Associates. Photo : baodautu. |
Des inquiétudes dans la communauté d’affaires internationale
Dan Martin, conseiller en commerce international chez Dezan Shira & Associates, prévient que la taxe américaine pourrait affecter sérieusement les secteurs phares de l’exportation vietnamienne, notamment le textile, la chaussure et le mobilier. Ces industries, historiquement tournées vers le marché américain, pourraient voir leurs marges se réduire et leurs carnets de commandes ralentir.
Cependant, Martin tempère : la date d’entrée en vigueur de la mesure, fixée au 9 avril 2025, reste théorique. L’expérience montre que ces initiatives fiscales peuvent être révisées, reportées ou abandonnées.
Au cours de la dernière décennie, le Vietnam a progressivement élargi son architecture commerciale, concluant des accords de libre-échange avec la plupart des grandes économies mondiales, dont l’Union européenne, le Japon, la République de Corée ainsi qu’avec de nombreux partenaires de l’ASEAN. Les États-Unis restent l’un des rares marchés avec lesquels le Vietnam ne dispose pas encore d’accord bilatéral, bien que les échanges commerciaux entre les deux pays aient connu une croissance soutenue — preuve de l’attractivité persistante du Vietnam.
Le gouvernement vietnamien a, ces derniers mois, pris des mesures concrètes pour aligner ses intérêts sur ceux des États-Unis : réduction des droits de douane sur les produits américains, ouverture de secteurs nouveaux comme les services satellitaires ou le gaz naturel liquéfié. Ces actions ne sont pas de simples réactions à une menace tarifaire, mais s’inscrivent dans une stratégie de long terme visant à renforcer la relation bilatérale.
Sur le plan industriel, aucun exode massif n’est à prévoir. Les entreprises avec lesquelles nous nous sommes entretenus n’ont pas choisi le Vietnam pour des gains immédiats, mais pour établir une présence durable en Asie. Pour beaucoup, le pays constitue une plateforme stratégique, soutenue par des coûts compétitifs, une main-d’œuvre abondante, et une intégration solide aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Si certains opérateurs pourraient reconsidérer leurs modes d’acheminement vers les États-Unis, la majorité des entreprises s’adapteront — sans pour autant quitter le pays.
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Nguyên Thi Bich Ngoc, PDG du groupe immobilier Sen Vàng. Photo : baodautu. |
Un impact à court terme sur l’immobilier industriel, mais une vision à long terme intacte
Nguyên Thi Bich Ngoc, PDG du groupe immobilier Sen Vàng, reconnaît que la taxe américaine pourrait peser temporairement sur le marché de l’immobilier industriel vietnamien. Toutefois, elle voit également dans cette crise une opportunité de réorganisation stratégique, en appelant les autorités à renforcer l’attractivité du pays pour les investisseurs directs étrangers (IDE).
Elle souligne que le Vietnam doit capitaliser sur ses forces structurelles : stabilité politique, qualité de la main-d’œuvre, coûts compétitifs, et capacité à s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
C’est également le moment opportun pour le Vietnam de redéfinir et de planifier à nouveau ses secteurs clés et ses priorités stratégiques. Une participation active aux accords de coopération bilatéraux et multilatéraux ouvrira de nouvelles perspectives, permettant au pays de renforcer sa position tant sur la scène régionale qu’internationale. Il est essentiel de tirer parti des défis actuels comme levier de transformation, en vue d’un développement durable à long terme.