Le Vietnam, une destination stratégique potentielle pour les investissements suédois

Le Vietnam, une destination stratégique potentielle pour les investissements suédois

Grâce à une croissance économique dynamique et à une vision stratégique claire, le Vietnam continue de renforcer son attractivité auprès des entreprises suédoises. Une expansion significative des investissements venus de Suède est attendue dans un avenir proche.

C’est ce qu’a affirmé M. Benjamin Dousa, ministre suédois de la Coopération internationale au développement et du Commerce extérieur, dans un entretien accordé à la presse vietnamienne à l’occasion de sa visite de travail au Vietnam.

Monsieur le Ministre, quelle est la position du Vietnam dans la stratégie commerciale de la Suède ?

Le Vietnam est actuellement l’un des pays les plus prometteurs et les plus souvent évoqués en Suède. Au cours des trois dernières décennies, il a réalisé des progrès économiques remarquables, avec un taux de croissance moyen d’environ 7 % par an — un chiffre réellement impressionnant.

Aujourd’hui, plus de 70 entreprises suédoises sont implantées au Vietnam, et je suis convaincu que ce nombre augmentera fortement dans les années à venir. Lors de mes récentes rencontres avec des entreprises suédoises présentes dans votre pays, j’ai ressenti un optimisme clair et de grandes attentes à l’égard du marché vietnamien. La plupart de ces entreprises souhaitent élargir leurs activités et renforcer leur présence ici.

Du point de vue du milieu des affaires suédois, le Vietnam offre un environnement d’investissement dynamique, stable et plein de promesses. C’est d’ailleurs l’une des raisons majeures de ma visite actuelle.

Quels sont, selon vous, les secteurs les plus prometteurs pour les entreprises suédoises au Vietnam ?

Tout d’abord, le Vietnam affiche une croissance économique soutenue et met en œuvre des réformes profondes, ce qui prouve qu’il est sur la bonne voie. De plus, il bénéficie d’une main-d’œuvre jeune, qualifiée et compétente — un atout considérable que peu de marchés possèdent. Avec près de 100 millions d’habitants, le Vietnam représente un marché de consommation à fort potentiel, attirant les investisseurs suédois tant pour la consommation que pour la production.

Il y a 10 ou 15 ans, les entreprises suédoises s’implantaient principalement au Vietnam pour y produire. Aujourd’hui, elles investissent également dans la recherche et le développement (R&D), profitant du vivier d’ingénieurs hautement qualifiés du pays. Dans un avenir proche, je pense que de plus en plus d’entreprises suédoises de distribution ne se contenteront pas d’exporter depuis le Vietnam, mais viseront aussi à servir directement les consommateurs vietnamiens.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la tendance croissante des investissements suédois au Vietnam ?

L’industrie suédoise est très diversifiée. Nous sommes présents dans de nombreux secteurs au Vietnam, notamment la vente au détail avec les groupes H&M et IKEA, qui considèrent le pays comme un marché clé tant pour la production que pour la distribution.

Dans les domaines de la construction portuaire, aéroportuaire, ferroviaire ou routière, de nombreuses entreprises suédoises opèrent activement.

Un investissement notable récemment est celui du groupe suédois Syre, qui a signé un protocole d’accord avec la province de Binh Dinh pour un projet de recyclage de fibres polyester d’un milliard de dollars.

Lors de mes échanges avec des sociétés comme H&M et d’autres, toutes m’ont assuré vouloir accroître leurs investissements au Vietnam. Je leur ai demandé franchement : « Parmi tous les pays d’Asie du Sud-Est, lequel vous attire le plus ? » Toutes ont répondu : « Le Vietnam ». Cela montre bien l’attrait de ce marché.

Il est également important de souligner que le Vietnam monte progressivement dans la chaîne de valeur, passant de la simple production à des activités de R&D. Les entreprises suédoises viennent désormais pour produire mais aussi pour développer des services et des activités de recherche. Elles savent qu’elles peuvent trouver ici des talents d’exception, parmi les meilleurs ingénieurs au monde. Le gouvernement suédois fait tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir cette dynamique.

La transformation numérique est l’une des priorités du développement socio-économique du Vietnam. Comment la Suède peut-elle l’accompagner dans ce processus ?

La Suède est un partenaire et un ami de longue date du Vietnam. Nous avons été le premier pays occidental à établir des relations diplomatiques avec le Vietnam en 1969. Cette relation historique s’est renforcée bien au-delà de la diplomatie, jusqu’aux échanges commerciaux et aux liens humains, avec de nombreux Suédois ayant visité le Vietnam au fil des années.

Dans le domaine du numérique, je suis convaincu que la Suède et le Vietnam peuvent approfondir leur coopération. Nous possédons de nombreuses entreprises de logiciels de premier plan. Spotify, par exemple, n’est pas seulement un fleuron technologique suédois, c’est aussi la plus grande entreprise de logiciels en Europe.

D’autres sociétés suédoises dotées d’une expertise technologique solide sont également prêtes à accompagner le Vietnam dans sa transition numérique. Plusieurs d’entre elles manifestent déjà un vif intérêt pour ce marché. J’ai donc bon espoir que nos deux pays puissent nouer un partenariat solide et durable dans ce domaine.

Outre le commerce et l’investissement, quels sont les domaines de coopération potentiels que la Suède et le Vietnam pourraient explorer davantage ?

Nos deux pays disposent déjà d’une base de coopération diversifiée. Par exemple, dans le domaine de la santé, l’Institut Karolinska — l’un des plus prestigieux établissements médicaux de Suède — est activement engagé au Vietnam. Nous avons également mis en place plusieurs programmes de coopération éducative. De nombreuses entreprises suédoises du secteur scientifique s’intéressent elles aussi au marché vietnamien.

Mon objectif est d’encourager encore plus d’entreprises suédoises à venir s’implanter au Vietnam. Aujourd’hui, on en compte environ 70, mais je pense que ce chiffre atteindra bientôt 100, voire 150, notamment grâce aux petites et moyennes entreprises. Attirer davantage de PME est crucial, et je m’y attelle activement. Ma priorité est d’aider ces entreprises à prendre conscience du potentiel que recèle le marché vietnamien.

Alors que certains pays, comme les États-Unis, ferment progressivement leurs frontières et augmentent les droits de douane — non seulement envers le Vietnam mais aussi envers l’Europe — la Suède choisit d’ouvrir davantage son commerce. Nous sommes l’un des pays les plus favorables au libre-échange dans le monde, et je sais que le Vietnam partage cette vision.

C’est pourquoi nous devons être des partenaires proches et des alliés dans la défense du commerce libre. Le commerce est un moteur de prospérité. Un monde où les pays érigent sans cesse de nouvelles barrières douanières ne peut que devenir plus pauvre et instable. La Suède est donc un partenaire fiable pour le Vietnam sur la voie d’un commerce libre et durable.

Quelle est la position de la Suède face aux perturbations actuelles du commerce mondial, en particulier à l’augmentation des droits de douane imposée par les États-Unis?

Je suis un fervent partisan du libre-échange et je n’aime vraiment pas les barrières tarifaires. Pour moi, le mot « tarif douanier » est probablement le pire du dictionnaire. C’est grâce au commerce que nous pouvons promouvoir l’innovation et le progrès scientifique. L’une des raisons pour lesquelles la Suède est devenue l’un des pays les plus innovants au monde, c’est justement grâce au commerce.

Je pense que, pour favoriser l’innovation, un pays doit disposer de nombreuses institutions efficaces. La première condition est d’avoir un marché ouvert et un commerce libre.

Ensuite, il faut un marché des capitaux performant. Aujourd’hui, la Suède possède l’un des écosystèmes de capital-investissement les plus efficaces d’Europe, allant des sociétés de capital-investissement privé aux fonds de capital-risque, sans oublier le fait que nous avons le plus grand nombre d’entreprises cotées en bourse par rapport à tout autre pays européen, et ce, bien que nous ne soyons pas le plus grand pays.

Enfin, un bon système éducatif joue également un rôle essentiel dans la promotion de l’innovation.

Si l’on observe le Vietnam au cours des 30 à 40 dernières années, la Suède a participé à de nombreux programmes d’aide visant à aider le pays à construire ces institutions. C’est une chose dont nous sommes très fiers. Suivre le développement du Vietnam au cours de ces trois dernières décennies est quelque chose de remarquable, et nous souhaitons continuer à l’accompagner dans les 30 prochaines années, voire pendant cent ou même mille ans.

Selon vous, que peuvent faire le Vietnam et la Suède pour promouvoir l’innovation dans les deux pays dans les temps à venir ?

Je pense que ma visite au Vietnam constitue déjà un bon point de départ pour cette dynamique. Nous espérons également accueillir prochainement des ministres et dirigeants vietnamiens en Suède. L’essentiel est de créer des conditions propices aux rencontres, aux échanges et à la recherche de nouvelles opportunités de coopération entre les entreprises suédoises et vietnamiennes.

À l’heure actuelle, les relations d’amitié entre le Vietnam et la Suède connaissent un développement extrêmement positif, et il est essentiel de maintenir et de valoriser les acquis obtenus. Comme je l’ai déjà mentionné, en Suède, de plus en plus de personnes s’intéressent au Vietnam et en parlent, ce qui montre que le Vietnam est sur la bonne voie et progresse de manière impressionnante. Il suffit donc de rester fidèle à cette trajectoire de développement, et je suis convaincu que le Vietnam ira encore plus loin.

Quel message souhaitez-vous transmettre en Suède à l’issue de cette première visite de travail au Vietnam ?

Le message que je souhaite rapporter en Suède, c’est que le Vietnam est un marché formidable. Je suis convaincu que non seulement les 70 entreprises suédoises déjà présentes sur place, mais aussi de nombreuses autres devraient venir visiter, investir et établir des relations commerciales avec le Vietnam. Avec toutes les réformes en cours, le Vietnam est un marché extrêmement attractif.

Si l’on regarde le monde aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de pays qui enregistrent une croissance impressionnante de 7 % par an, et le Vietnam vise même les 8 à 10 %. C’est véritablement impressionnant. Voilà le message le plus important que je ramènerai en Suède.

Dans la même rubrique

Back to top