Lors du colloque scientifique international intitulé « 50 ans de réunification nationale : le rôle de la diplomatie dans la construction de la paix, hier et aujourd’hui », organisé le 23 avril par le ministère des Affaires étrangères à l’occasion du 50e anniversaire de la libération du Sud et de la réunification nationale, des universitaires américains ont partagé des messages émouvants sur la reconstruction et le développement des relations bilatérales après la fin de la guerre.
Panser les blessures «transpacifiques»
Amie fidèle du Vietnam depuis plus de 30 ans, Virginia B. Foote a été témoin des chapitres incroyables de l’histoire des relations vietnamo-américaines, marquées par un passage progressif « du dépassement du passé vers un avenir commun », transformant d’anciens ennemis en partenaires stratégiques intégraux.
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Mme Virginia B. Foote, directrice exécutive de Bay Global Strategies et vice-présidente de la Chambre de commerce américaine au Vietnam, prend la parole lors de la table ronde. Photo : baoquocte. |
Ayant « passé plus de temps au Vietnam qu’aux États-Unis et préférant la cuisine vietnamienne à celle de son pays », son attachement sincère pour ce pays en forme de S s’est traduit par des contributions concrètes à la normalisation et au développement des relations bilatérales. Pour ses efforts inlassables, elle a été honorée en 2016 de l’Ordre de l’Amitié par le président du Vietnam.
Évoquant ces 30 années de cheminement vers « le véritable début de la paix », elle estime que les États-Unis et le Vietnam travaillent ensemble à bâtir un avenir fondé sur une relation renouvelée et une paix durable.
En remontant le temps, on constate que l’Accord de Paris n’a pas seulement mis fin à la guerre, mais a également posé les premières pierres de l’édifice des relations bilatérales en temps de paix. Au cours des négociations de cet accord, les deux pays ont établi des liens étroits, jetant les bases d’une nouvelle phase de construction d’une relation plus harmonieuse.
Tout au long de l’évolution des relations vietnamo-américaines, l’empreinte discrète, mais remarquable des anciens combattants des deux nations a joué un rôle crucial. Dès les années 1980, un lien particulier s’est tissé après la guerre entre d’anciens soldats des deux camps, unis dans une mission commune : résoudre les séquelles du conflit.
Deux figures influentes de la scène politique américaine dans ce processus de réconciliation «transpacifique» sont les sénateurs John Kerry et John McCain. Malgré leurs divergences sur la guerre, ils partageaient un objectif commun: établir une paix durable entre le Vietnam et les États-Unis. Ainsi, ils ont mis de côté leurs différends pour œuvrer ensemble à cet idéal, avec le soutien de nombreux autres anciens combattants.
Les efforts des soldats épris de paix n’ont pas été vains. Les gouvernements et les peuples des deux pays ont franchi de nombreuses étapes décisives, aboutissant à l’établissement d’un partenariat global en 2013, suivi, dix ans plus tard, d’une nouvelle phase des relations bilatérales avec l’élévation au rang de partenariat stratégique intégral.
La coopération entre les deux pays s’étend à de nombreux domaines : politique, économie, défense, culture et éducation. « Les progrès actuels sont le fruit d’efforts considérables des deux côtés : chaque ministère vietnamien et chaque agence américaine ont contribué à créer un lien solide et durable, capable de surmonter les défis de l’après-guerre », a affirmé Virginia B. Foote.
37 ans à « frayer un chemin à travers les rocs »
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M. Tim Rieser, conseiller principal du sénateur Peter Welch et ancien assistant principal pour la politique étrangère du sénateur Patrick Leahy, intervient en ligne lors du colloque. |
Avec dévouement, pendant 37 ans, aux côtés du sénateur Patrick Leahy, Tim Rieser a œuvré sans relâche pour renforcer les efforts de Washington dans la résolution des séquelles de la guerre au Vietnam.
Plus d’un quart de siècle s’est écoulé, mais les contributions de Tim Rieser dans des projets de déminage, de dépollution des sols contaminés, d’aide aux personnes handicapées et d’identification des dépouilles de soldats américains et vietnamiens disparus restent d’une valeur inestimable, ouvrant la voie à de nouveaux jalons dans les relations bilatérales.
Selon Tim Rieser, la normalisation des relations en 1995 a non seulement mis fin à l’antagonisme, mais a également ouvert une porte d’espoir pour l’avenir des deux nations, marquant le début d’un engagement de 37 ans aux côtés du sénateur Leahy, poursuivant l’héritage laissé par les sénateurs Kerry et McCain dans la réconciliation des blessures de guerre avec le Vietnam.
Bien qu’ayant vécu les temps de guerre et compris profondément les conséquences dévastatrices du conflit pour les deux peuples, ni le sénateur Leahy ni Tim Rieser n’auraient imaginé pouvoir « frayer un chemin à travers les rocs » pour la coopération vietnamo-américaine. Cependant, la normalisation des relations a ravivé des lueurs d’espoir.
À l’époque, Patrick Leahy, alors président de la Commission des crédits du Sénat américain, et son assistant Tim Rieser ont pu se concentrer sur la résolution des séquelles de la guerre, un obstacle majeur freinant l’essor des relations bilatérales.
En particulier, ils ont bénéficié du soutien étroit du général Nguyên Chi Vinh, qui partageait avec le sénateur Leahy la vision de voir les deux nations « se soutenir mutuellement » pour sortir des marécages du passé et avancer vers « la lumière au bout du tunnel ».
Le général Nguyên Chi Vinh et le sénateur Leahy ont travaillé en étroite collaboration pendant de nombreuses années, devenant des amis proches.
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Les États-Unis sont le principal bailleur de fonds pour les activités de déminage et de neutralisation des bombes non explosées au Vietnam. Photo d'illustration/Dantri. |
Dès lors, les États-Unis ont commencé à participer à la dépollution et à l’élimination de la dioxine à l’aéroport de Dà Nang, et mènent actuellement des travaux similaires à l’aéroport de Biên Hoa. Washington met également en œuvre des programmes d’aide aux personnes handicapées dans 10 provinces vietnamiennes, touchées par des blessures graves, tant physiques que cognitives, dues aux mines ou à l’exposition à l’agent orange.
Tim Rieser a souligné: « Avant tout, nous devons changer notre regard et notre comportement les uns envers les autres, car il persiste encore des méfiances et des ressentiments hérités de la guerre. Par conséquent, nous devons transformer notre façon de penser et trouver des solutions pour convertir ces ressentiments en opportunités de coopération.»
Raviver les sources du développement depuis le Vietnam
« Je me suis opposé à la guerre du Vietnam à la fois par raison et par sentiment », telle est la déclaration célèbre de John McAuliff, directeur exécutif du Fonds pour la réconciliation et le développement (FRD), lors d’une interview accordée à la presse vietnamienne à l’occasion du 50e anniversaire de la signature des Accords de Paris (27 janvier 1973 – 27 janvier 2023).
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M. John McAuliff, directeur exécutif du Fonds pour la réconciliation et le développement (FRD), est l’une des personnalités ayant activement milité pour la signature des Accords de Paris en 1973. Photo : baoquocte. |
Cette affirmation résume son engagement dans le mouvement antiguerre dynamique aux États-Unis entre 1967 et 1975. Il fut l’un des fervents défenseurs de la signature de l’Accord de Paris en 1973, contribuant à la victoire « retentissante à travers les cinq continents, ébranlant le monde » du Vietnam face à la puissance de l’autre côté du Pacifique.
Au fil des années, les activités de diplomatie populaire menées par lui et le FRD ont permis de connecter et de renforcer les échanges entre des individus et des organisations non gouvernementales américaines et vietnamiennes. Pour ces contributions, il a reçu la Médaille pour la paix et l’amitié entre les peuples de l’Union des organisations d’amitié du Vietnam (VUFO) en 2018, ainsi que l’Ordre de l’Amitié en 2024.
S’exprimant sur les « Perspectives de la diplomatie de réconciliation du Vietnam », John McAuliff a affirmé : « Le Vietnam est le pays qui m’a enseigné presque tout ce que je sais sur la diplomatie créative au cours de ces près de 50 dernières années. »
À l’avenir, le Vietnam pourrait tirer parti de son rôle de médiateur et de facilitateur du dialogue dans les conflits internationaux, en coordonnant les efforts des ministères et des secteurs concernés pour promouvoir la compréhension mutuelle et renforcer la confiance entre les pays. Il a particulièrement souligné le rôle de VUFO dans la création et l’expansion d’un réseau de relations extérieures entre le peuple vietnamien et les amis épris de paix à travers le monde.
Ensuite, le Vietnam pourrait entreprendre une réforme profonde de l’intérieur, créant des conditions favorables au développement économique, libérant ainsi la créativité et les capacités productives de l’ensemble de la population, tout en préservant les valeurs du socialisme. « Montrez au monde les avantages d’une ouverture aux investissements commerciaux. La politique de Đổi Mới (Renouveau) a contribué à inciter les États-Unis à lever l’embargo contre le Vietnam. »
Enfin, le Vietnam pourrait assumer un rôle de leader et de médiateur, remplir efficacement ses responsabilités internationales tout en participant aux missions de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies et en soutenant activement des solutions humanitaires dans les zones de conflit.
Il y a un demi-siècle, le peuple vietnamien, soutenu par un élan mondial, y compris au sein même des États-Unis, a triomphé d’une force considérée comme « invincible » après 1945. Aujourd’hui, John McAuliff espère que le Vietnam jouera un rôle proactif et positif dans le maintien de la stabilité et de la prospérité, tout en suscitant une aspiration au développement pour les nations du monde entier.