C’est ce qu’a déclaré le docteur Nguyên Si Dung, ancien chef adjoint du Bureau de l’Assemblée nationale du Vietnam, à la suite de l’annonce des États-Unis concernant l’imposition d’un droit de douane de 46 % sur les exportations vietnamiennes.
Selon lui, face à cette annonce, le gouvernement vietnamien a mis en œuvre de manière rapide et proactive une série de mesures diplomatiques et économiques.
Le Vietnam a volontairement réduit les droits d’importation sur 23 lignes tarifaires, dont certaines à 0 %, pour faciliter les activités des entreprises américaines sur son marché.
En parallèle, le pays a promu l’importation de produits américains à travers des contrats d’envergure : achat de 250 avions Boeing, de gaz naturel liquéfié (GNL) pour 6 milliards de dollars, ainsi que d’autres équipements pour une valeur dépassant 90 milliards de dollars.
Le ministre de l’Agriculture et de l'Environnement, Dô Duc Duy, a déclaré que le Vietnam faisait des efforts pour supprimer des barrières techniques à l’importation de produits agricoles américains, tels que le maïs, le soja, les fruits, la viande de bœuf et de poulet…
Concernant les produits génétiquement modifiés, sur 61 dossiers soumis par les États-Unis, 60 ont déjà été traités.
D’autre part, le ministère vietnamien des Finances a ordonné au département des Douanes de renforcer le contrôle des origines, de lutter contre les détournements de provenance et la fraude commerciale.
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Le docteur Nguyên Si Dung. |
« Le Vietnam n’a jamais cherché à s’enrichir de manière déloyale. Le Vietnam ne manipule pas… Il participe sérieusement au jeu mondial, par la force de son propre travail. Et c’est pourquoi le Vietnam mérite d’être traité équitablement », a souligné Nguyen Si Dung.
Deux économies complémentaires plutôt que directement concurrentes
Dans le cadre du partenariat stratégique intégral Vietnam – États-Unis, le Premier ministre Pham Minh Chinh a déclaré à plusieurs reprises avec sincérité et profondeur : « Les économies du Vietnam et des États-Unis ne se font pas concurrence, mais se complètent et se renforcent mutuellement ».
Il ne s’agit pas seulement d’une déclaration diplomatique, mais d’une observation précise, fondée sur la réalité et une compréhension profonde sur les relations économiques entre les deux pays.
Le Vietnam est un pays en développement qui dispose d’une main-d’œuvre abondante, de prix raisonnables et d’une bonne capacité de s’intégrer profondément à la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Les États-Unis, quant à eux, sont une puissance économique du monde, avec des avantages absolus dans le développement des sciences et de technologies, la production des marques globales et la création des produits intellectuels, des logiciels et des services à haute valeur ajoutée.
Ce sont deux économies aux structures et aux niveaux de développement différents. Ainsi, elles ne s'affrontent pas, ne se chevauchent pas, mais se complètent de manière naturelle et stratégique.
Bien que le Vietnam réalise un excédent commercial avec les États-Unis, la valeur ajoutée des produits vietnamiens exportés vers le marché américain reste encore faible.
Par exemple, une paire de chaussures est vendue sur le marché américain au prix moyen de 150 USD, mais la part dont bénéficie le Vietnam (appelée le coût de production) n'est que d'environ 10 USD.
Les bénéfices restants appartiennent souvent à la partie américaine, qui est en charge des étapes de conception, de développement de la marque et de distribution – des éléments situés entièrement en dehors du territoire vietnamien.
Ce n'est pas le Vietnam qui profite de manière excessive de ses exportations vers les États-Unis.
C’est la partie américaine qui profite de la plupart des bénéfices provenant des produits fabriqués par le Vietnam.
Cette relation commerciale est basée sur le partage de la main-d’œuvre et de la valeur des produits.
Dans cette relation, la partie vietnamienne effectue la fabrication des produits, tandis que la partie américaine prend en charge la conception et la distribution des produits.
De cette manière, les États-Unis ne sont pas désavantagés, mais ils bénéficient davantage de cette relation.
Même si le Vietnam ambitionne de s’intégrer profondément à la chaîne de valeur mondiale, notamment dans les segments plus élevés concernant la conception des produits, la technologie ou l’innovation, l’objectif n’a jamais été de concurrencer les États-Unis.
Le Vietnam souhaite seulement créer de la valeur ajoutée pour ses produits, améliorer la qualité de sa croissance et s’orienter vers le développement durable.
Toujours selon le docteur Nguyen Si Dung, l’imposition par les États-Unis des droits de douane élevés – jusqu’à 46 % – sur certains produits d’exportation du Vietnam, sous prétexte d’« excédent commercial », n’est pas raisonnable.
Actuellement, la façon de calculer « l’excédent commercial » se base principalement sur les statistiques concernant les biens matériels, sans tenir compte du flux de produits intellectuels et de services numériques que les États-Unis exportent vers le Vietnam.
La sincérité est le chemin le plus sûr vers la confiance. La compréhension mutuelle est le fondement d’une coopération profonde. Une relation gagnant-gagnant est le seul objectif valable pour l’avenir.
Le docteur Nguyen Si Dung.
« Le Vietnam ne demande pas de privilèges, mais souhaite seulement une approche équitable, basée sur une compréhension substantielle et un esprit de partenariat stratégique. Les économies vietnamienne et américaine se complètent plutôt que de se concurrencer. Les deux pays doivent se comprendre mutuellement et viser une relation gagnant-gagnant dans un monde en constante évolution », a noté Nguyen Si Dung.
« La sincérité est le chemin le plus sûr vers la confiance. La compréhension mutuelle est le fondement d’une coopération profonde. Une relation gagnant-gagnant est le seul objectif valable pour l’avenir », a-t-il ajouté.
Lors d’une réunion consacrée à la nouvelle politique tarifaire américaine, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh a exhorté les négociateurs vietnamiens à élaborer des scénarios de discussion dans un esprit « d’intérêts harmonieux et de risques partagés ».
« Les négociations doivent prendre en compte le développement du pays dans ses relations internationales en général. Autrement dit, il faut résoudre la question des droits de douane américains sans compromettre la résolution d’autres questions ni en amener de nouvelles, il faut améliorer les relations avec un partenaire sans entraver celles que nous entretenons avec d’autres, notamment les signataires de nos 17 accords de libre-échange et nos 60 différents marchés à travers le monde », a souligné le chef du gouvernement.