Exportations de produits aquatiques : une restructuration stratégique à l’horizon

Face aux incertitudes du marché mondial, l’industrie vietnamienne des produits aquatiques intensifie ses efforts pour renforcer ses exportations. Pour de nombreux experts et entreprises, cette conjoncture représente une opportunité cruciale de restructuration, d’amélioration de la qualité et de diversification des débouchés.

Les entreprises exportatrices doivent assurer la transparence de leur chaîne d’approvisionnement et concentrer leurs investissements sur la transformation à haute valeur ajoutée. Photo : TBNH.
Les entreprises exportatrices doivent assurer la transparence de leur chaîne d’approvisionnement et concentrer leurs investissements sur la transformation à haute valeur ajoutée. Photo : TBNH.

Selon l’Association vietnamienne des producteurs et exportateurs de produits aquatiques (VASEP), les exportations ont atteint 5,2 milliards de dollars au premier semestre 2025, soit une hausse de près de 19 % par rapport à la même période de l’an passé. Les États-Unis, troisième marché à l’export du Vietnam après le Japon et la Chine, ont généré à eux seuls un chiffre d’affaires estimé à 891 millions de dollars, en progression de 16 %.

M. Nguyen Hoai Nam, secrétaire général adjoint de la VASEP, souligne qu’un maintien à long terme des niveaux actuels de taxation aux États-Unis permettrait d’approcher l’objectif annuel de 10 milliards de dollars d’exportations. À l’inverse, une hausse prolongée des taxes pourrait réduire significativement les recettes du secteur.

Cette pression fiscale, bien que difficile, agit aussi comme un levier de transformation pour l’ensemble de la filière. En effet, de nombreuses entreprises vietnamiennes maîtrisent désormais la chaîne de valeur complète – de la sélection génétique à l’élevage, en passant par la transformation et l’exportation. L’heure est à la transparence des chaînes d’approvisionnement, à la certification des zones d’élevage, à l’intégration des codes QR pour la traçabilité et à la conformité des documents d’origine. Ces exigences sont particulièrement cruciales sur des marchés comme les États-Unis ou l’Europe.

La demande évolue également vers des produits à haute valeur ajoutée : filets prêts à consommer, produits panés (tempura), qualité sushi, plats surgelés. Ce changement représente à la fois un défi technique et une chance de montée en gamme. En réponse, plusieurs entreprises ont investi dans des lignes de transformation modernes, augmentant la qualité et la durée de conservation des produits pour répondre aux normes des marchés les plus exigeants.

Le ministère de l’Industrie et du Commerce observe que l’accord EVFTA facilite fortement les exportations vers l’Union européenne, où de nombreux produits aquatiques bénéficient désormais d’un taux de droit de douane nul. D’autres partenaires tels que le Japon, la République de Corée, l’ASEAN ou la Chine présentent également un fort potentiel, bien que les conditions d’accès soient strictes. Les pays membres du CPTPP, comme le Canada, l’Australie ou le Mexique, restent quant à eux largement sous-exploités.

Dans ce contexte, plusieurs entreprises s’emploient à certifier leurs zones d’élevage selon des normes internationales (ASC, BAP), tout en adoptant des technologies avancées de traçabilité. Certaines cherchent également à renégocier leurs tarifs avec les acheteurs internationaux afin d’absorber les hausses de coûts.

Nguyen Hoai Nam insiste sur le fait que la nouvelle politique tarifaire américaine constitue une épreuve pour la compétitivité du secteur, mais aussi une occasion de redéfinir les priorités : transparence, spécialisation, diversification des marchés. Si cette période est surmontée avec succès, l’industrie aquatique vietnamienne pourra consolider sa position à l’échelle mondiale tout en poursuivant une croissance plus durable.

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