
La conférence a suscité l’intérêt des experts et de la communauté des entreprises. Photo : Minh Khue.
Développement énergétique durable : défis et opportunités pour les entreprises
Le 21 août, le Centre de promotion du commerce et de l’investissement de Ho Chi Minh-Ville (ITPC) et le Centre d’arbitrage international du Vietnam (VIAC) ont organisé la conférence « Coopération pour le développement de projets énergétiques : évolutions, tendances et propositions pour les entreprises », dans le cadre de la série LMS 2025.
L’événement a réuni plus de 200 participants, dont des experts, avocats et représentants d’entreprises.
Dans son discours, M. Tran Phu Lu, directeur de l’ITPC, a souligné le rôle central de l’énergie dans la stratégie visant à faire de Ho Chi Minh-Ville une métropole intelligente et durable.
Selon lui, l’énergie constitue, aux côtés de la transformation numérique, l’un des deux piliers stratégiques. Afin de respecter l’engagement de neutralité carbone d’ici 2050 pris lors de la COP26, le Vietnam encourage activement les investissements nationaux et étrangers dans les énergies renouvelables.
Il a également indiqué que le système juridique dans ce domaine se perfectionnait progressivement, créant un cadre favorable mais exigeant des entreprises qu’elles mettent à jour leurs connaissances et développent des stratégies adaptées pour assurer un développement durable.
Litiges croissants et pressions nouvelles
M. Chau Viet Bac, directeur adjoint du VIAC à Ho Chi Minh-Ville, a constaté une hausse des litiges liés à l’énergie sur la période 2023-2024. Souvent complexes, ces différends exigent une expertise technique et impliquent de nombreux acteurs nationaux et internationaux.
Selon lui, cette tendance découle de l’intérêt croissant des entreprises pour le secteur et de l’expérimentation de nouveaux modèles d’investissement, dans un contexte d’infrastructures encore limitées et d’un cadre juridique incomplet.

M. Chau Viet Bac, directeur adjoint de la succursale de VIAC à Ho Chi Minh-Ville. Photo : Minh Khue.
De son côté, M. Pham Dang An, directeur général adjoint de Vu Phong Energy Group, a alerté sur l’impact du mécanisme CBAM de l’Union européenne, qui entrera en vigueur en 2026 et imposera une taxe carbone aux exportateurs.
Il a identifié trois pressions majeures : la demande croissante du marché, les exigences d’extension de capacité prévues par le Plan Électricité VIII et les contraintes réglementaires.
Ces défis, a-t-il ajouté, représentent aussi des opportunités pour innover, diversifier les modèles d’affaires et renforcer la compétitivité.
Des modèles de coopération diversifiés
Les discussions se sont concentrées sur plusieurs formes de coopération : contrats de coopération commerciale (BCC), exploitation et maintenance (O&M), fusions-acquisitions (M&A) et coentreprises.
Selon M. Théo Millet, conseiller principal chez TWL Law Group, le modèle d’achat direct d’électricité (DPPA), désormais encadré par le décret 57/2025, ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises à capitaux étrangers.
Il a également mis en avant le potentiel des crédits carbone et certificats énergétiques, qui aident à respecter les engagements Net Zero et CBAM tout en générant de nouvelles sources de revenus.
La création d’entreprises spécialisées dans l’exploitation de lignes de transmission privées a aussi été proposée comme solution à la transition verte.

Des experts ont partagé et analysé différents modèles de coentreprises et de partenariats dans l’investissement et l’exploitation de projets énergétiques lors de la session de discussion. Photo : Minh Khue.
Le Dr Nguyen Quoc Vinh, avocat du cabinet Scientia et arbitre du VIAC, a estimé que la hausse de la consommation d’électricité favorisera de nouvelles opérations de M&A. Celles-ci permettent aux investisseurs étrangers de contourner certains obstacles administratifs en s’associant à des partenaires locaux.
Mais il a souligné l’importance d’une évaluation équilibrée – financière, juridique et sociale – pour assurer la durabilité et réduire les risques.
Lors de la deuxième session, l’avocat Nguyen Tuan Phat (Asia Clean Capital Vietnam) a insisté sur le fait qu’une coentreprise n’est viable que si les bénéfices et risques sont partagés équitablement.
Il a recommandé l’arbitrage et la médiation commerciale comme modes de règlement souples et économiques, préservant les relations de coopération.
Dans le même esprit, M. Nguyen Phan Dung Nhan (BCG Energy) a affirmé que les coentreprises sont essentielles pour attirer capitaux, technologies et expertise afin d’atteindre l’objectif Net Zero 2050.
Selon lui, le Vietnam aura besoin d’environ 135 milliards USD d’investissements énergétiques, nécessitant des modèles flexibles et efficaces.
Il a cité l’exemple de la Chine, où les coentreprises ont facilité le transfert de technologies et l’élargissement du marché.
Il a proposé au Vietnam de développer un modèle spécifique, combinant l’expertise locale des investisseurs vietnamiens et les ressources financières et technologiques des partenaires étrangers.
La conférence a permis de dégager des recommandations concrètes sur les modèles de coopération et la gestion des risques dans le secteur énergétique.
Elle a surtout constitué une plateforme précieuse pour le dialogue entre entreprises et experts, contribuant à l’essor du secteur énergétique vietnamien dans une phase de profonde mutation.