Situé le long de la paisible rivière Nam Rom, à environ 6 km du centre de la ville de Diên Biên Phu, le village de Phieng Loi, où vivent exclusivement des Thai noirs, s’efforce de s’affirmer progressivement comme une destination de tourisme communautaire emblématique de la province de Dien Bien (au nord-ouest du Vietnam).
Grâce à une stratégie de développement bien structurée, plaçant l’être humain au cœur du processus et la culture comme socle fondamental, Phieng Loi ambitionne de devenir un modèle de tourisme communautaire durable, préservant les valeurs traditionnelles et créant des moyens de subsistance stables à sa population.
Un fort potentiel
Dien Bien est une province riche en ressources touristiques, où vivent ensemble 19 groupes ethniques.
Elle compte 35 sites historiques classés au niveau provincial et national, 22 patrimoines culturels immatériels nationaux et 138 produits labellisés dans la cadre du programme « Chaque commune, un produit » (OCOP).
Dans ce tableau multicolore, Phieng Loi se distingue par un espace culturel Thai noir relativement préservé : l’architecture traditionnelle des maisons sur pilotis « adossées à la montagne et tournées vers la rivière », les métiers du tissage de brocart, de la vannerie, ainsi qu’une vie communautaire profondément marquée par l’identité culturelle.
Cependant, selon Nguyen Minh Phu, vice-président du Comité populaire provincial de Dien Bien, la province ambitionne de compter au moins sept destinations de tourisme communautaire reconnues d’ici 2030, dont une répondant aux normes de l’ASEAN en la matière, tout en favorisant la numérisation et la promotion des produits touristiques dans le cadre du programme OCOP.
Les ressources humaines locales – la clé d’un développement durable
Selon le modèle du tourisme communautaire, les habitants ne sont pas seulement des prestataires de services, mais aussi les détenteurs et porteurs de la culture, jouant un rôle décisif dans l’assurance de la qualité et la valorisation de l’identité de la destination.
C’est pourquoi l’investissement dans les ressources humaines locales est considéré comme « l’âme » du tourisme à Phieng Loi.
Selon Pham Hai Quynh, directeur de l’Institut de développement du tourisme asiatique, le développement du tourisme communautaire exige une synergie entre les autorités publiques, les entreprises et les communautés locales.
Les ménages doivent participer ensemble et partager les bénéfices, afin d'éviter un développement touristique spontané et fragmenté ou une dépendance totale aux ressources extérieures.
D’un point de vue de la recherche, Pham Hong Long, professeur associé et docteur, président du Conseil scientifique de la Faculté de tourisme (relevant de l’Université des sciences sociales et humaines de Hanoi), a souligné que Phieng Loi compte actuellement 68 ménages, mais que les activités touristiques n’y ont réellement émergé qu’en 2020.
Le village ne compte que deux établissements de restauration, un homestay et deux troupes artistiques amateurs.
Les insuffisances en matière d’infrastructures, de compétences en communication, de langues étrangères et d'expertise touristique limitent la diversification de l’offre et rendent difficiles l’attraction et la fidélisation des visiteurs.
Pour résoudre le problème des ressources humaines, les experts suggèrent une formation concrète, étroitement liée aux besoins du marché.
Il est primordial de passer d'une approche axée sur la production agricole à une approche axée sur le tourisme culturel, afin d'aider les habitants à prendre pleinement conscience de leur rôle d'« ambassadeurs du tourisme ».
Le tourisme durable ne se limite pas à l'accueil des visiteurs ; il implique également la protection de l’environnement, la sauvegarde du patrimoine culturel et la prévention d’une commercialisation excessive.
De plus, il est indispensable de renforcer les compétences professionnelles : communication, traitement des situations, identification des besoins des clients ; formation à l’anglais de base du tourisme ; connaissances en interculturalité.
Les services de homestay, la gastronomie traditionnelle, ainsi que les expériences immersives, telles que « faire la cuisine avec les habitants », doivent être standardisés afin d'améliorer la qualité des services.
Coopération tripartite et diversification des produits
Le développement durable du tourisme communautaire à Phieng Loi exige une coopération étroite entre l’État, les entreprises et la communauté locale.
L’État joue un rôle clé dans l’investissement en infrastructures, le soutien à la formation, l’élaboration du cadre juridique et la gestion des activités.
Les entreprises participent au conseil en conception de produits, à la formation adaptée aux exigences du marché et s’engagent à fournir les touristes.
La communauté, en tant qu’acteur central, met en œuvre les pratiques touristiques, respecte les règles, partage équitablement les bénéfices et valorise le rôle des artisans et des chefs du village dans la transmission culturelle aux jeunes générations.
En outre, la diversification des produits touristiques liés à la production agricole, au développement de l’artisanat et des produits OCOP, tel que le brocart de l’ethnie Thai noire, contribuera à créer une valeur ajoutée, donnant au tourisme de Phieng Loi davantage de profondeur et une identité unique.
Les actions de communication et de promotion sur les canaux institutionnels, associées à un code de conduite pour un tourisme civilisé, constituent également des éléments indispensables.
La communication et la promotion par les canaux officiels, ainsi que l’élaboration d’un code de conduite pour un tourisme responsable, sont également indispensables.
Lorsque chaque habitant devient un « artisan qualifié » dans le secteur du tourisme, Phieng Loi préservera non seulement le précieux héritage ancestral, mais ouvrira également la voie à un développement durable pour sa terre locale.