Au Vietnam, l’engagement à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 a posé un défi de transition sans précédent dans de nombreux secteurs, dont celui de l’énergie. La question des centrales thermiques au charbon constitue ainsi une préoccupation majeure, à la fois pour garantir la sécurité énergétique et pour répondre aux objectifs de développement durable.
Transition énergétique – une tendance incontournable
Selon Le Van Hoang, conseiller en énergie du projet Case for Southeast Asia, la tendance mondiale à la transition énergétique est évidente. Entre 2015 et 2024, les investissements dans les énergies propres ont représenté les deux tiers du total des investissements énergétiques, tandis que l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité ont fortement progressé, alors que le charbon a reculé, notamment aux États-Unis et en Europe.
Le nombre de centrales à charbon mises hors service dans le monde dépasse déjà celui des nouvelles constructions. Toutefois, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, le rythme de réduction du charbon doit s’accélérer.
Les moteurs de la transition actuelle ne tiennent pas seulement au changement climatique, mais aussi à trois facteurs essentiels : la sécurité énergétique, la compétitivité et le développement durable. Au niveau national, les politiques de soutien aux énergies propres deviennent de plus en plus claires. Pour les entreprises, le recours aux énergies renouvelables permet de bâtir des chaînes d’approvisionnement vertes répondant aux exigences internationales. Pour la population, la baisse des coûts d’investissement dans le solaire a suscité un fort engouement.
Selon le Plan directeur révisé pour l’électricité VIII, d’ici 2050, le Vietnam mettra fin à l’utilisation du charbon pour la production d’électricité et passera à la biomasse et à l’ammoniac, avec une capacité totale de plus de 25 000 MW. Ainsi, la transition énergétique dans les centrales thermiques au charbon n’est pas seulement une tendance, mais bien une exigence vitale.

Le Plan directeur pour l’électricité VIII prévoit une réduction progressive du charbon et un fort développement des énergies renouvelables, qui devraient représenter environ 70 % de la production électrique sur la période 2045-2050. Le Vietnam participe également à des initiatives internationales telles que le JETP afin de mobiliser des ressources financières et technologiques pour accompagner cette transition.
Cependant, les défis demeurent de taille. Tout d’abord sur le plan technologique : les solutions de co-combustion avec la biomasse, l’ammoniac ou la capture et le stockage du carbone (CSC) restent limitées en termes de rentabilité. Ensuite, le cadre juridique manque de dispositions précises, ce qui complique la tâche des entreprises. Enfin, les ressources humaines ne répondent pas encore aux exigences des nouvelles technologies, alors que la transition requiert des compétences techniques élevées.
Orientations et expériences internationales
Le Van Hoang souligne trois approches principales. La première consiste à réutiliser ou à reconvertir les centrales : accroître leur flexibilité, pratiquer la co-combustion avec la biomasse ou l’ammoniac, ou expérimenter la capture et le stockage du carbone (CSC) lorsque les conditions le permettent.
La deuxième approche vise à mettre certaines installations en réserve, les conservant pour les mobiliser en cas de besoin, afin d’éviter le gaspillage et de garantir la sécurité énergétique. Enfin, la dernière approche prévoit de mettre hors service les centrales trop anciennes, à la technologie obsolète, polluantes et coûteuses.
L’expérience internationale montre que plusieurs modèles de transition sont possibles. Aux États-Unis, le système hybride solaire-thermique a permis de réduire la consommation de charbon de 22 %. En Chine, certaines mines à ciel ouvert ont été transformées en fermes solaires flottantes. Au Canada, des centrales anciennes ont été démolies pour laisser place à des installations solaires et de stockage. Au Vietnam, la centrale de My Son combine panneaux solaires sur les toits et batteries de stockage, ce qui permet de diminuer la consommation de 4 à 5 % de sa capacité.
Ces modèles confirment que la transition peut se dérouler selon diverses modalités : de l’intégration des énergies renouvelables à la reconversion des infrastructures, voire au remplacement complet. Cependant, le Vietnam doit élaborer une feuille de route propre, adaptée à ses conditions économiques et sociales, tout en tirant parti du soutien international.
Outre l’investissement technologique, la formation des ressources humaines pour accompagner le processus de transition revêt également une importance capitale. Lorsque les trois facteurs — technique, financier et social — sont synchronisés, la transition énergétique des centrales thermiques au charbon peut véritablement réussir.