À l’approche de la Fête de la mi-automne, les artisans redoublent d’activité.
Car ces libellules en bambou, simples et rustiques, incarnent un cadeau à la fois original, familier et empreint des souvenirs de l’enfance.

Symbole familier pour les enfants, que ce soit dans les livres ou dans la vie quotidienne, la libellule en bambou est depuis longtemps un jouet populaire, rustique, mais attachant, indissociable dans le monde des enfants.

Nguyen Van Tai, fondateur de l’atelier artisanal « Tai Tan » et premier à avoir introduit ce métier dans le village, se souvient : « Autrefois, Thach Xa n’avait pas de tradition liée aux libellules en bambou. Moi-même, je travaillais comme photographe. »

À l’origine, Tai fabriquait ces libellules pour s’amuser et comme accessoires lors des séances photo.
Mais, face aux demandes de ses clients désireux d’en offrir à leurs enfants, il a décidé de les produire pour la vente.

Trois décennies plus tard, plus de vingt familles dans le village perpétuent désormais ce savoir-faire, donnant naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui « le village des libellules en bambou ».

Hors des libellules, le village fabrique aussi des oiseaux, tortues, ou papillons en bambou.
Ce métier exige minutie et patience : plus le travail est soigné, plus l’objet est élégant, équilibré et captivant aux yeux des enfants.

Les matériaux pour fabriquer des libellules sont des sections de bambou minces, mais dures.
Bien que Thach Xa soit une localité où les bambous sont nombreux, pour garantir la flexibilité et la durabilité des produits, les villageois doivent faire venir du bambou des provinces de Phu Tho, Tuyen Quang.

Chaque étape réclame une précision millimétrique.
Le corps et les ailes de la libellule sont réalisés avec une grande précision.
En particulier, l'étape la plus difficile consiste à installer les ailes sur le corps.

Selon cet artisan, le principe d’équilibre est basé sur trois points que sont le bec, les ailes et la queue. Ces trois points doivent être égaux, et le poids, tomber au milieu.
Le centre qui relie ces trois points de la libellule doit être bien calculé de telle sorte qu’il se trouve juste sur le bec de la libellule. C’est ce principe qui permet à celle-ci de tenir en équilibre sur n’importe quel support.

Une fois la structure brute achevée, l’artisan vérifie l’équilibre de l’objet, avant de le faire sécher, puis de passer à l’étape de décoration et de peinture.
La mise en couleur exige également habileté et précision, afin de donner vie à des libellules, oiseaux ou papillons éclatants, parés de motifs raffinés.
Les motifs des produits s'inspirent de la campagne vietnamienne, avec des images simples et familières, associées à des couleurs vives et attrayantes.

Après séchage, l’artisan ajoute les derniers détails décoratifs, étape délicate qui requiert autant de soin que de sens artistique.
Selon Tai, un artisan peut terminer chaque jour entre 200 et 300 pièces, selon la taille et le modèle.
Le prix de vente au détail varie de 20 000 à 30 000 dongs pour un article standard, tandis que les pièces de grande taille, destinées à la décoration de jardins ou d’intérieurs, sont fixées selon la commande.

Aujourd’hui, les libellules en bambou ne sont plus seulement des jouets pour enfants : elles figurent aussi en bonne place dans les boutiques de souvenirs des sites touristiques, où de nombreux visiteurs étrangers en achètent pour leurs proches.

La gamme de produits ne cesse de s’élargir : aux libellules se sont ajoutés oiseaux, papillons, tortues et paons en bambou, répondant ainsi à une clientèle toujours plus diversifiée.
Avec le temps, les artisans du « village des libellules en bambou » enrichissent sans cesse leur collection, multipliant modèles et innovations esthétiques.
