Un projet stratégique atteint sa cible grâce à des technologies innovantes

Lors d’une récente conférence consacrée au transfert et à l’application des technologies NATM et TBM dans la construction de tunnels, les entreprises vietnamiennes d’infrastructures de transport ont échangé leurs points de vue et défini une feuille de route pour l’adoption de ces procédés.

Le tunnel routier du col de Deo Ca.
Le tunnel routier du col de Deo Ca.

Lors d’une récente conférence consacrée au transfert et à l’application des technologies NATM et TBM dans la construction de tunnels, les entreprises vietnamiennes d’infrastructures de transport ont échangé leurs points de vue et défini une feuille de route pour l’adoption de ces procédés. Cette initiative marque une étape importante dans la maîtrise progressive, par les constructeurs nationaux, des technologies de creusement de tunnels.

Cette démarche s’inscrit également dans l’orientation stratégique du Parti et de l’État visant à propulser le secteur des infrastructures vietnamien dans une phase de développement accéléré. Selon des estimations préliminaires, les besoins d’investissement pour les ouvrages souterrains (routes, chemins de fer, etc.) pourraient atteindre 550 000 milliards de dôngs d’ici 2035, soit environ 300 km de tunnels. Le secteur nécessitera quelque 29 600 techniciens et 10 300 équipements spécialisés pour répondre à la demande de construction à venir.

Face à la montée en puissance des projets d’infrastructures intégrant des technologies avancées, la maîtrise technique devient un impératif stratégique. Faute de s’adapter, les entreprises nationales risquent de perdre du terrain face aux concurrents étrangers. Ce défi constitue à la fois une pression considérable et une opportunité de renforcer leurs capacités, de s’approprier les technologies et d’élargir leurs parts de marché.

Le chantier comme terrain d’entraînement

Selon M. Nguyen Quang Huy, directeur général du groupe Deo Ca, le réseau autoroutier nécessitera, à court terme, environ 20 km de tunnels pour une valeur estimée à 15 000 milliards de dôngs, mobilisant 1 350 équipements et 3 000 techniciens. Le projet de train à grande vitesse prévoit à lui seul 183 km de tunnels, pour un investissement de 160 000 milliards de dôngs, soit 7 000 équipements et 20 000 employés. Les lignes de métro de Hanoï et de Hô Chi Minh-Ville totaliseront 110 km de tunnels, pour un budget de 412 500 milliards de dôngs, nécessitant 1 950 équipements et 6 600 techniciens. Autant de « parts de marché » que les entreprises nationales peuvent viser si elles disposent des compétences adéquates.

Actuellement, le groupe Deo Ca détient plus de 70 % du marché des tunnels au Vietnam, avec plus de 55 km déjà construits et l’exploitation de 11 tunnels routiers totalisant 32,5 km. Il est le seul au pays capable de réaliser des tunnels de catégorie spéciale (plus de 1 500 m de long), grâce à une méthode de creusement « système Deo Ca » adaptée à la géologie, au climat et aux ressources locales.

Cette méthode a déjà fait ses preuves sur plusieurs grands chantiers à travers le pays. Le groupe dispose aujourd’hui d’une maîtrise complète des techniques de creusement modernes, avec plus de 4 000 ingénieurs et ouvriers qualifiés, 1 700 équipements spécialisés, et une chaîne de valeur intégrée, de l’étude et la conception à la construction et au contrôle.

Parallèlement, Deo Ca s’approprie progressivement la technologie TBM, utilisée pour les projets de métro et de train à grande vitesse. Des équipes d’ingénieurs ont été envoyées en Chine pour se former et participer directement à des chantiers TBM. Le groupe a récemment investi dans ses propres tunneliers TBM, qu’il a su adapter à ses besoins spécifiques, comme il l’avait fait auparavant avec la technologie NATM.

Transfert de savoir-faire et formation intégrée

Fort de cette expertise, Deo Ca prévoit de transférer et d’appliquer ses technologies aux entreprises partenaires, en constituant des équipes capables de maîtriser la technique, les équipements et l’organisation de chantiers dans des conditions géologiques complexes, tout en garantissant sécurité, efficacité et qualité. Les partenaires bénéficieront aussi de formations en gestion et en renforcement des capacités de leadership.

Dans la deuxième phase de l’autoroute Dong Dang – Tra Linh, trois tunnels serviront de « terrain d’entraînement » pour la formation pratique des stagiaires.

Pour M. Nguyen Ba Khuong, président du groupe de construction 568, cette coopération a permis à son entreprise de renforcer son organisation et d’augmenter significativement son chiffre d’affaires, passant d’un maximum de 700 milliards de dôngs par an à une projection de 4 000 à 5 000 milliards. Pour 2025, l’objectif est de 3 500 milliards, un seuil difficile à atteindre pour une société purement axée sur la construction.

M. Nguyen Xuan Hai président de la société 559, a exprimé sa volonté de former du personnel sur les prochains chantiers de tunnels. Tous les partenaires s’accordent à dire que le transfert technologique est la voie la plus réaliste pour rester compétitif sur le marché national.

Selon le Dr Nguyen The Phung, expert de premier plan en ingénierie des tunnels au Vietnam, posséder des équipements ne suffit pas : la technologie de creusement exige la combinaison de la science, de l’ingénierie et d’une solide expérience de terrain.

Une vision à long terme

Pour Ho Minh Hoang, président du groupe Deo Ca, la stratégie est claire : absorber les technologies étrangères, les maîtriser pleinement, puis les transférer aux partenaires nationaux avant d’envisager leur exportation. Cette approche répond également à l’appel du secrétaire général To Lam en faveur de « l’apprentissage tout au long de la vie, de l’audace de penser et d’agir, et du sens des responsabilités ».

Le groupe va rapidement finaliser ses modules de formation théorique et pratique. Au nord, les équipes formées participeront aux travaux de tunnels de la deuxième phase de l’autoroute Dong Dang – Tra Linh et au sud, elles interviendront sur le chantier du pont à haubans Dai Ngai 1.

« Pour aller loin, il faut aller ensemble, partager les bénéfices et les risques, et bâtir des valeurs durables pour le pays. Nous avons choisi les technologies adaptées, préparé les équipements et formé non seulement nos propres équipes, mais aussi celles de nos partenaires, afin de conjuguer nos forces dans les grands projets nationaux à venir », conclut M. Ho Minh Hoang.

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