Cette dynamique crée un moteur essentiel pour que le pays établisse les fondations d’une croissance durable et s’aligne sur les tendances économiques contemporaines.
En effet, le monde passe du modèle linéaire « extraction – production – consommation – élimination » à un modèle circulaire fondé sur l’utilisation efficace des ressources et la valorisation des déchets.
L’économie circulaire s’impose comme une stratégie de développement durable : elle permet d’accroître la productivité des ressources, de réduire les coûts, de stimuler l’innovation technologique, de créer des emplois verts et de renforcer la compétitivité.
Nguyen Tien Huy, directeur du Bureau des entreprises pour le développement durable (VCCI), souligne que l’économie circulaire, conjointement avec l’économie verte et l’économie bas-carbone, constitue la clé pour répondre aux défis liés aux ressources, à l’environnement et au changement climatique.
Il s’agit d’une tendance de développement incontournable, porteuse de grandes opportunités pour le Vietnam et pour les entreprises.
Selon le Dr Phi Vinh Tuong, directeur adjoint de l’Institut de l’économie du Vietnam et du monde, l’économie circulaire représente une voie obligatoire pour réaliser les objectifs de développement durable 2021–2030, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et mettre en œuvre le Plan d’action national sur l’économie circulaire à l’horizon 2035. L’élévation des standards « verts » dans les grandes économies rend la transition du Vietnam d’autant plus pressante.
Le Dr Phi Vinh Tuong souligne que l’Union européenne, le Japon, les États-Unis et la République de Corée appliquent déjà des normes environnementales strictes, allant de l’écoconception aux critères de recyclage et à la traçabilité du cycle de vie des produits.
Sans une transition rapide, le Vietnam risque d’être écarté des chaînes de valeur mondiales. L’économie circulaire devient ainsi une exigence incontournable pour renforcer la compétitivité et maîtriser l’intégration internationale.
Cependant, le Vietnam fait encore face à de nombreux obstacles. Les activités de recyclage et de réutilisation restent majoritairement artisanales, les technologies sont dépassées et la conception des produits — un élément décisif dans le cycle circulaire — n’est pas suffisamment prise en compte.
Les experts recommandent d’élaborer des politiques claires adaptées à chaque secteur et à chaque localité, tout en associant mécanismes d’incitation du marché et de la coopération internationale.
Le professeur associé Bui Quang Tuan, vice-président de l’Association des Sciences économiques du Vietnam, indique que l’économie circulaire n’en est qu’à ses débuts dans le pays et n’est pas encore déployée à grande échelle.
Les modèles de zones industrielles écologiques ou de symbiose industrielle restent au stade pilote. Cela s’explique par des investissements limités en science et technologie — en particulier dans le secteur privé —, par un cadre institutionnel encore incomplet pour soutenir l’innovation, et par un écosystème vert et numérique insuffisamment développé, manquant de leviers forts pour accélérer l’économie circulaire.
Il préconise de parachever le cadre juridique, de supprimer les obstacles existants et d’harmoniser les normes avec les marchés internationaux.
Il appelle également à un changement décisif dans la mise en œuvre des politiques, à la promotion de l’innovation et à un investissement accru dans la science, la technologie et les infrastructures de collecte, de tri et de recyclage des déchets ainsi que dans les infrastructures numériques.
L’élargissement des mécanismes pilotes (sandbox) et la stimulation des investissements des entreprises dans la technologie, la R&D et l’innovation sont également mis en avant.
Pour les entreprises, la première étape consiste à renforcer la sensibilisation et à instaurer un mouvement de transition verte garantissant équité et inclusion. Elles doivent se préparer en matière d’ESG, de financement, de technologie et de modes de connexion afin de répondre aux exigences des marchés internationaux, tout en développant une culture de double transition — numérique et verte.
Certaines entreprises pionnières ont déjà engagé des stratégies associées à l’économie circulaire grâce à des actions concrètes. Selon Nguyen Quoc Khanh, directeur exécutif de la R&D de Vinamilk, l’entreprise investit dans des technologies respectueuses de l’environnement, réduit l’utilisation de matières premières, assure la transparence dans l’élevage et déploie un modèle d’agriculture biologique. Ses fermes et usines recourent également à des sources d’énergie propre telles que l’énergie solaire.
À l’heure où le monde entre dans une ère de développement vert, l’investissement sérieux dans l’économie circulaire permettra au Vietnam de mieux s’adapter aux exigences des marchés internationaux, de renforcer sa compétitivité et de bâtir une base solide pour un développement durable.