Pourriez-vous tracer un premier bilan de l’année en termes de formations, de projets et de réalisations ?
D’abord, on constate une augmentation continue du nombre de nos étudiants. Avec l’objectif d’en accueillir 5 000 en 2030, ce chiffre sera très certainement de 3 000 en 2024, dont 1 000 candidats aux concours d’entrée.
Ensuite, l’USTH (ou Université Vietnam - France) a reçu en novembre 2023 l’accréditation institutionnelle du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), très difficile à obtenir et qui offre beaucoup de perspectives, notamment en matière de visibilité. Ce n’est pas une reconnaissance autoproclamée mais une reconnaissance des pairs à l’échelle internationale.
En quatre ans, le nombre de nos étudiants est passé de 700 à 3 000. Face à cette hausse, nous devons être encore plus professionnels dans tous nos services. Cela nécessite des outils modernes. Ainsi, l’USTH déploie un nouvel outil informatique globalisé - ERP (Enterprise Resource Planning, ou PGI pour “Progiciel de gestion intégré” en français) - pour gérer son système d’information, permettant d’avoir une plateforme commune aux différentes fonctions de l’université, du recrutement à la scolarité, en passant par les finances et les ressources humaines. C’est un investissement important en termes de coût et d’engagement des équipes.
Cérémonie de remise du certificat d’accréditation institutionnelle du Hcéres à l’USTH, en décembre 2023.
Quels seront les grands changements à la prochaine rentrée ?
Il y en aura au moins quatre majeurs. Le premier est un changement partiel. En effet, nous avons ouvert le parcours Pharmacie tardivement l’année dernière pour seulement une quinzaine d’étudiants car l’autorisation du ministère de la Santé est arrivée à la dernière minute. Or, ce département comptera beaucoup de nouveaux étudiants à la rentrée.
Le deuxième changement concerne un secteur important pour le Vietnam qui manifeste une forte volonté de renforcer les formations autour des semi-conducteurs.
L’USTH collabore depuis sa création avec l’Université Paris Cité (une université de recherche intensive qui contribue à la puissance scientifique française et européenne, Ndlr) dans le domaine des matériaux semi-conducteurs. Notre Département AMA (Advanced Materials and Applications - Matériaux avancés et applications) a été conçu pour répondre pleinement aux attentes du gouvernement.
Aussi, notre Département Semiconductor and IC technology (Technologie des semi-conducteurs et des circuits intégrés) suscite un engouement extrêmement fort des candidats. Ce département de semi-conducteurs nécessite un plateau technique et des équipements de pointe que l’USTH possède depuis longtemps, ainsi que des enseignants-chercheurs spécialisés et formés en France et un grand nombre de publications de recherche sur ces sujets. Nous sommes donc prêts à accueillir des étudiants pour les former dans cette vision économique du Vietnam.
Par ailleurs, nous ouvrirons également deux nouveaux masters en biologie : un master Food science (Sciences alimentaires) et un second dans le domaine médical, faisant suite à une licence déjà proposée par l’université. Notre offre de formation s’élargit mais reste ciblée sur l’attente du marché car la question de l’employabilité est selon nous primordiale. Ces métiers étant tournés vers l’international, l’enseignement se fait en anglais. Ainsi, je suis convaincu que grâce à d’excellentes compétences professionnelles et linguistiques, les jeunes qui sortent de ces formations seront immédiatement compétents sur le marché.
L’USTH a accueilli de multiples délégations de nombreux partenaires, dont le réseau ASAIHL (Association des établissements d’enseignement supérieur d’Asie du Sud-Est). Pourriez-vous nous expliquer en quoi c’est important ?
Cette année, nous avons accueilli des délégations du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), de l’Institut de recherche pour le développement (IRD)... Toutes ont pu estimer les progrès de l’USTH.
Pour ces institutions, un des facteurs premiers est la recherche. L’USTH bénéficie d’un bon taux de publications de qualité avec une à cinq par an et par chercheur, soit bien plus que la plupart des universités vietnamiennes. J’espère que ces visites nous permettront d’augmenter nos partenariats en recherche avec ces établissements.
Aujourd’hui, nous en bénéficions notamment avec l’IRD, encore peu avec le CNRS. Nos objectifs sont des programmes IRP (International Research Projects - Projets de recherche internationaux) entre l’USTH et le CNRS sur des sujets d’actualité, dont le premier, dès 2024, concerne les batteries nouvelle génération, grand centre d’intérêt pour le Vietnam.
L’USTH a également accueilli une centaine d’universités partenaires de l’ASAIHL (Association of Southeast Asian Institutions of Higher Learning - Association des Établissements d’enseignement supérieur d’Asie du Sud-Est), fondée en 1956 et dont l’USTH est au conseil d’administration. Car notre université s’ouvre aux autres pour travailler sur de nouveaux programmes de coopération. L’ASAIHL est un véritable écosystème d’universités et nous souhaitons collaborer avec ses membres japonais, sud-coréens, taïwanais (Chine). Cela offre des opportunités de mobilité aux étudiants et aux chercheurs d’un côté comme de l’autre.
L'USTH s'ouvre fortement à l'international en intensifiant ses étroites coopérations avec des partenaires français et aussi des institutions et établissements en Asie.
Vous êtes recteur principal de l’USTH depuis presque trois ans. Pourriez-vous nous partager les grandes lignes de votre bilan personnel à ce poste, vos projets, vos espoirs, vos envies ?
Je travaille beaucoup avec mes collègues français et vietnamiens sur des méthodologies basées sur le respect. Nous essayons de contextualiser nos objectifs, de les rendre aussi ambitieux que réalisables.
Ce n’est pas un travail simple quand le nombre d’étudiants est multiplié en très peu de temps. Nous essayons de rendre l’université plus forte, plus robuste. Voilà ce à quoi j’essaie de contribuer depuis que je suis à l’USTH.
Quelles sont mes envies ?
Recteur est un poste éphémère, ainsi mes envies concernent l’établissement. Je souhaite qu’il continue à grandir et à s’ancrer dans la recherche qui fait sa force. Les paramètres de succès de l’université de technologie sont la stratégie, le nombre de publications et la qualité de ses installations.
Ainsi, il faut avoir un modèle économique permettant d’investir et de réinvestir constamment dans ces plateaux technologiques. Nous devons également travailler sur la qualité du recrutement et la structuration de nos recherches avec les partenaires vietnamiens et français. Ce sont les paramètres que nous souhaitons assurer pour fournir des formations de qualité à tous nos étudiants.
Le maintien du niveau de publication est aussi important ; si l’USTH continue comme cela, elle aura 160 chercheurs à temps plein d’ici 2030. Si chacun en publie une à six par an, l’Université Vietnam - France deviendra un acteur d’Asie du Sud-Est incontournable en termes de publications scientifiques.
L’USTH fêtera ses 15 ans de maturité en 2024. Un jalon important ! Comment envisagez-vous les 15 prochaines années, les prochaines étapes ?
L’USTH a 15 ans cette année et la priorité est le renouvellement de l’accord intergouvernemental en 2025. Il est nécessaire de poursuivre cette coopération importante pour les deux parties.
De plus, j’espère qu’en 2030, nous approchons de notre objectif de 5 000 étudiants. Ce jalon est crucial en termes de chiffre, de marqueur, de modèle économique.
Je souhaiterais également que l’USTH puisse avoir son propre laboratoire d’ici six ans. Notre établissement a déjà une équipe de recherche solide et j’espère voir un jour ces groupes de travail réunis dans un laboratoire, avec une politique scientifique. Ce que je souhaite, c’est d’aller jusqu’au bout dans les cinq à dix ans en préservant le marqueur français et l’ancrage dans la recherche de cette université.
L’ambassadeur de France au Vietnam, Olivier Brochet :
Vous avez fait une formation d’enseignant avant de poursuivre une brillante carrière au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Récemment, vous preniez en charge la supervision de tout le réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Aujourd’hui dans votre fonction d’ambassadeur, vous êtes aussi en responsabilité au niveau universitaire avec notamment l’USTH. Cette volonté de transmettre les connaissances est-elle une singularité française ?
L’éducation est au cœur du projet démocratique de la République française depuis 150 ans. L’accès à une éducation de qualité pour le plus grand nombre se traduit par la gratuité de l’éducation pour les familles depuis l’école primaire jusqu’aux plus hauts diplômes universitaires. La France considère toujours que l’éducation est un investissement pour son avenir et son développement, et cette philosophie est aussi au cœur de sa politique internationale.
Comme vous le dites, le réseau des établissements d’enseignement français à l’étranger, piloté par l’AEFE, a une double mission : permettre aux familles françaises expatriées d’accéder à l’enseignement français, mais aussi, depuis toujours, offrir aux familles étrangères la possibilité de scolariser leurs enfants dans des établissements francophones et plurilingues de très grande qualité, porteurs de valeurs éducatives fortes. Il se développe avec désormais 580 établissements scolaires et près de 400 000 élèves dans 139 pays. Deux tiers des élèves sont étrangers. Au Vietnam, le lycée Alexandre Yersin à Hanoï et le lycée Marguerite Duras à Hô Chi Minh-Ville ainsi que cinq écoles primaires composent le réseau.
En ce qui concerne nos coopérations universitaires avec le Vietnam, nous avons aussi des partenariats de grande qualité qui s’appuient notamment sur des actions structurelles telles que les trois campus franco-vietnamiens, créés par des accords entre nos deux gouvernements, à savoir : le Centre franco-vietnamien de formation à la gestion (CFVG) fondé en 1992 ; le Programme de formation d’ingénieurs d’excellence au Vietnam (PFIEV), dont nous allons célébrer cette année le 25e anniversaire ; et bien sûr l’USTH qui accueillera sa 15e promotion à l’automne prochain.
Il existe à travers le monde plusieurs dizaines de collaborations universitaires entre la France et un pays hôte. Ces partenariats sont souvent basés sur des accords intergouvernementaux et l’USTH en fait partie. En quoi cette dernière est-elle spécifique et quel bilan tirez-vous de ce projet au bout de 15 années. Quelle projection faites-vous pour les prochaines années ?
Il existe en effet une trentaine d’écoles regroupées sous le concept d’”université franco-x”. Chacune est différente, contextualisée, mais l’USTH est certainement l’une des rares à répondre aujourd’hui complètement aux missions d’enseignement, de recherche et d’accompagnement des diplômés à l’emploi. À ce titre, c’est l’unique projet franco-x qui est aujourd’hui accrédité institutionnellement par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) sur les trois volets de la gouvernance, de la formation et de la recherche. C’est un succès indéniable, fruit d’un travail conjoint entre nos deux pays et de l’engagement de nos gouvernements à déployer les moyens nécessaires à cette réussite.
De nombreux enseignants chercheurs de l’USTH ont obtenu un doctorat dans les universités françaises et sont aujourd’hui à pied d’œuvre pour former les étudiants vietnamiens en sciences et technologies et monter des projets scientifiques de haut niveau avec l’IRD ou le CNRS par exemple.
Photo : USTH/CVN. |
Je me suis déjà rendu à plusieurs reprises à l’USTH depuis ma prise de fonctions, et je suis convaincu de son important potentiel de développement. Quelque 200 chercheurs de haut niveau seront formés pour les dix prochaines années, qui vont nécessairement contribuer à imposer l’USTH et donc le Vietnam comme une plateforme scientifique d’excellence en Asie du Sud-Est sur des thématiques centrales au développement du pays. Je vois également une amplification des collaborations de haut niveau avec la France.
Aujourd’hui, 40% de l’économie du Vietnam est tournée vers la mer (l’économie bleue). Il existe en Europe des réseaux d’universités qui font de la mer ou de l’océan une vitrine de leur expertise. L’USTH devrait-elle, selon vous, s’afficher davantage sur ce secteur à la fois pour former aux multiples métiers qui sont induits par cette activité et afficher une expertise scientifique franco-vietnamienne sur un sujet central au Vietnam pour les années qui arrivent ?
En effet, les questions climatiques, la biodiversité, l’océan et la transition énergétique sont centrales dans l’agenda international de la France. Le président Emmanuel Macron est extrêmement actif sur ces thématiques et nous nous réjouissons de la qualité des travaux engagés avec le Vietnam sur ces sujets. L’entretien entre le chef de l’État français et le Premier ministre vietnamien à Dubaï lors de la COP28 en est le dernier exemple.
En juin 2025, la ville de Nice accueillera la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 2025) qui rassemblera les dirigeants de gouvernements du monde entier durant une semaine de débats et de décisions pour le futur de notre planète.
Plus près de nous, nous aurons aussi en mai prochain la chance d’accueillir la Campagne océanographique côtière PLUME au Vietnam (Particle transport along river pLUmes and their iMpact on coastal ecosystems off viEtnam - Transport de particules le long des panaches fluviaux et leur impact sur les écosystèmes côtiers au large du Vietnam, Ndlr), menée conjointement par l’Académie des sciences et technologies du Vietnam (VAST) et l’IRD. Cette campagne de plus de deux mois, exceptionnelle par son ampleur et ses ambitions scientifiques, permettra de mieux comprendre l’impact sur l’océan des sédiments apportés par les grands fleuves vietnamiens tels le fleuve Rouge et le Mékong.
Il est donc normal que l’USTH prenne à bras le corps ces questions, car les diplômés universitaires à travers le monde seront les acteurs du changement pour nous permettre d’approfondir les défis écologiques et énergétiques qui sont devant nous.
D’un point de vue de la recherche, l’USTH doit continuer et amplifier ses actions avec l’IRD, le CNRS et les instituts de la VAST et, ce faisant, former les nouvelles générations de chercheurs vietnamiens qui seront demain les experts du pays aptes à éclairer par leurs conseils les décideurs politiques.
Vous êtes en poste à Hanoï depuis l’été 2023. Comment percevez-vous l’USTH, en termes de visibilité, de résultats, de projets et d’objectifs ?
Comme déjà évoqué, le succès de l’USTH est au cœur de la collaboration universitaire entre le Vietnam et la France. Aujourd’hui, l’université a beaucoup gagné en visibilité et s’impose pour les familles vietnamiennes comme une institution solide pour des parcours en sciences et technologies. La tutelle de la VAST et la forte présence d’enseignants-chercheurs français dans le cursus sont un gage de qualité évident pour les parents.
Après seulement 15 ans d’existence, l’USTH a déjà acquis une reconnaissance remarquable en matière de recherche. Le nombre de publications scientifiques qu’elle produit chaque année et les projets de recherche qu’elle gère en font un acteur important de la VAST. C’est aussi l’avis du Hcéres, qui a accrédité en novembre 2023 l’USTH pour cinq ans.
Votre carrière vous a amené à côtoyer de nombreux établissements universitaires et à voyager dans le monde entier. Quels sont les atouts du système vietnamien, et de l’USTH en particulier, tant en termes d’attractivité que de formation, de diplôme, d’employabilité, de différences… ?
Les performances du système d’enseignement supérieur en Asie sont très variables d’un pays à l’autre. Si l’on se réfère aux classements internationaux, Singapour, la Chine, le Japon, la République de Corée, pour ne citer qu’eux, se placent parmi les meilleurs mondiaux.
L'ambassadeur de France au Vietnam, Olivier Brochet (4e à droite), a participé à la cérémonie de la rentrée universitaire 2023-2024 à l'USTH. Photo : USTH/CVN. |
Au Vietnam, le Gouvernement conduit aujourd’hui une politique active pour moderniser ses établissements d’enseignement supérieur et se dote de critères d’évaluation conformes aux standards internationaux. L’USTH a été créée en ce sens, pour construire avec les collègues français une nouvelle université fortement ouverte à l’international. Nous pouvons dire que nous avons réussi !
Avec une licence en trois ans au lieu de quatre, l’USTH est un sérieux compétiteur dans les sciences et technologies, solidement ancré sur la recherche et bénéficiant de l’excellence de l’enseignement scientifique à la française.
Les formations en double diplôme sont aussi intéressantes pour les étudiants car la dimension internationale et les mobilités sont des atouts pour les futurs emplois de haut niveau au Vietnam. Comment estimez-vous l’avenir de l’USTH ?
Il revient aux autorités de gouvernance de se prononcer sur l’avenir de l’établissement. Le Gouvernement français considère que l’USTH est un acteur stratégique de notre collaboration scientifique actuelle et future avec le Vietnam.
Sur une philosophie de co-construction et des bases scientifiques solides, nous bâtirons avec nos partenaires vietnamiens des coopérations de très haut niveau, capables d’apporter des innovations scientifiques et technologiques nécessaires à nos deux pays.
Du point de vue de l’ambassade, il faut veiller à garder des liens forts avec les universités françaises et permettre au maximum d’étudiants de l’USTH d’effectuer par la suite des doctorats en France.
L’IRD est présent sur beaucoup de continents et, très souvent en partenariat avec des établissements d’enseignement supérieur avec lesquels il met en place des projets et des laboratoires internationaux. Comment placez-vous l’USTH dans cet écosystème ? Et à l’inverse, l’IRD est un catalyseur de la recherche à l’USTH ? Qu’en pensez-vous ?
L’IRD compte de nombreuses universités parmi ses partenaires au Sud, mais peu d’entre elles accueillent des laboratoires internationaux structurants comme c’est le cas à l’USTH.
Sa spécificité dans l’écosystème du partenariat de l’IRD est due, sans doute, à son statut d’“Université nouveau modèle” et au Consortium USTH.
L’IRD y a pris part depuis la genèse de l’USTH et a su accompagner cet établissement pour surmonter les vicissitudes de certaines années. Cette fidélité aurait sans doute été malmenée en l’absence de la mise en place de ces laboratoires structurants maintenant un cap constant en dépit des inévitables fluctuations interannuelles.
Le “D” dans IRD est l’ADN de notre organisme, le seul parmi les établissements publics français de recherche à avoir pour mandat de fournir des évidences scientifiques propres à accompagner les politiques des pays du Sud pour mieux répondre aux défis globaux. Ce rôle ne peut être efficacement rempli que si recherche et formation sont menées en parfaite cohérence et concertation.
La formation à la recherche et par la recherche fait partie de la mission de tout chercheur de l’IRD. Réciproquement, un établissement d’enseignement supérieur comme l’USTH doit être en prise complète avec la nécessité de former les chercheurs vietnamiens de demain. L’IRD contribue à cette alchimie entre formation et recherche, et bénéficie en retour de l’expertise des chercheurs partenaires que l’institut forme dans des domaines cruciaux pour le devenir du Vietnam. La catalyse fonctionne en toute réciprocité.
Que retenez-vous de la visite de la Pdg de l’IRD, Valérie Verdier, à l’USTH l’année dernière ? Comment évaluez-vous les relations entre les deux structures aujourd’hui ?
L’année dernière, la Pdg de l’IRD, Valérie Verdier, a visité l’USTH, l’un des temps forts de son déplacement au Vietnam, destiné à réaffirmer l’importance stratégique du Vietnam dans le paysage régional de la recherche en Asie du Sud-Est.
Ce que j’en retiens est à deux niveaux. D’abord, l’excellence de l’USTH dans l’arène d’un enseignement supérieur au Vietnam devenu très concurrentiel en raison d’un nombre croissant d’établissements d’enseignement privés. Cette excellence, l’USTH la doit à des choix résolument axés sur la recherche. Mais son rayonnement doit s’envisager au-delà du Vietnam, et cette visite traduit le fait que l’IRD voit dans cette université un partenaire majeur dans la construction d’une recherche à portée régionale.
S’agissant de la coopération actuelle entre nos structures, deux des quatre laboratoires mixtes internationaux (LMI) déployés au Vietnam par l’IRD sont accueillis à l’USTH et co-portés par des enseignants-chercheurs de l’université : le LMI “LOTUS” (pour : Land-Ocean-aTmosphere regional coUpled System study center - Centre d’études régional des systèmes couplés terre-océan-atmosphère) et le LMI DRISA (Drug Resistance in Southeast Asia - Résistance aux médicaments en Asie du Sud-Est).
L’université héberge en outre le Groupe de recherche international de l’IRN SOOT-SEA (Impact of black carbon in South East Asia - Impact du Black carbon en Asie du Sud-Est) sur la pollution au carbone suie en Asie du Sud-Est. Ces dispositifs structurants sont financés sur un long terme et fonctionnent comme des laboratoires, au cadre pérenne de partenariat scientifique, moins tributaires des opportunités trop court-termistes du financement de la recherche. Ils permettent de mieux intégrer étudiants et formations dans le processus de recherche.
Les dispositifs structurants de partenariats, tels que LMI, IRN et également JEAI (Jeunes équipes associées à l’IRD), portés par des chercheurs partenaires, permettent justement de projeter le partenariat dans la durée et de garder la maîtrise des priorités de recherche et de formation. Il faut limiter notre dépendance de financements à court terme décidés par les bailleurs tout en restant évidemment réactif aux opportunités qui peuvent se présenter.
Mais, au regard des projections de forte croissance de l’USTH à l’horizon 2030, l’IRD ne pourra pas répondre seul aux besoins accrus en encadrement et formation à la recherche. Il importe que d’autres opérateurs de recherche, comme le CNRS et le Cirad, s’associent, à leur manière, à cette dynamique.