Volley-ball vietnamien : cap sur l’or aux SEA Games 33

Campées dans la province de Quang Ninh (Nord), les sélections vietnamiennes de volley-ball misent sur les données, l’intensité et la cohésion, avec une ambition affichée : changer la couleur des médailles et viser l’or aux SEA Games 33, prévus en décembre prochain en Thaïlande.

À un mois des SEA Games 33 en Thaïlande, les sélections vietnamiennes de volley-ball entrent en mode commando.
À un mois des SEA Games 33 en Thaïlande, les sélections vietnamiennes de volley-ball entrent en mode commando.

Depuis début novembre, sous un ciel frais à Quang Ninh, les échos des balles qui claquent et des consignes “remets, transition rapide !” rythment les séances. À la baguette, l’entraîneur Nguyên Tuân Kiêt imprime une cadence soutenue : la sélection féminine entre dans sa phase d’affûtage avant le grand rendez-vous régional. Particularité assumée de ce cycle : aucun tournoi amical, ni à l’étranger ni sur le territoire. Les deux équipes ont opté pour près de deux mois de travail à huis clos, afin de stabiliser leur condition physique, de consolider les schémas de jeu et de réduire le risque de blessures.

Un choix stratégique qui en dit long sur les ambitions. Au terme du stage, chaque sélection réduira sa liste à 14 joueurs/joueuses pour le départ en Thaïlande début décembre. Dans un contexte de calendrier resserré et d’exigence accrue, la priorité est donnée à la charge de travail maîtrisée, à la cohésion et aux automatismes.

Expérience et jeunesse

Côté féminin, le groupe a évolué par rapport aux missions internationales du début d’année. La sélection a rappelé des cadres expérimentées : Dang Thi Kim Thanh, Doan Thi Xuân et

Luu Thi Huê, anciennes pièces maîtresses lors des précédents SEA Games. Leur retour apporte leadership, lecture du jeu et solidité dans les moments clés, autant d’atouts indispensables dans les matchs à élimination directe.

Dans le même temps, le staff ouvre résolument la porte à une nouvelle vague. Lê Nhu Anh, Hoàng Hông Hanh, Lê Thuy Linh et Pham Quynh Huong découvrent l’échelon suprême. Ce dosage entre vécu et fraîcheur doit insuffler un nouvel élan, avec une double finalité : performer à court terme et préparer la relève au-delà des SEA Games 33. À signaler : les deux joueuses évoluant actuellement au Japon, Trân Thi Thanh Thuy et Trân Thi Bich Thuy, rejoindront le groupe en décalé, une gestion courante pour des internationales engagées en club à l’étranger.

Transition accélérée

Chez les hommes, la transition générationnelle s’accélère. Pham Van Hiêp, Nguyên Ngoc Thuân, Nguyên Van Quôc Duy, Dinh Van Duy et d’autres espoirs affichent, séance après séance, des progrès tangibles en lecture de trajectoires, timing de saut et régularité au service. L’objectif ne se limite pas à l’édition 2025 : il s’agit d’installer une base compétitive pérenne, capable de rivaliser dans la région sur plusieurs cycles.

La Fédération vietnamienne de volley-ball (VFV) introduit par ailleurs une innovation notable : un dispositif d’analyse de performance embarqué auprès des deux sélections. Un(e) analyste dédié(e) collecte et traite, après chaque session, des indicateurs fins : efficacité offensive, ratio de blocs gagnants, vitesse de réaction, hauteur de détente, précision de la réception, pourcentage de premières balles converties. Cette approche fondée sur les données, désormais standard dans les grandes nations du volley, doit aider les staffs à ajuster tactiques et rotations en temps réel, et permettre aux athlètes d’objectiver leurs points forts et axes de progrès.

La planification suit une progression classique mais rigoureuse. Premier temps : volume physique, endurance, renforcement, pliométrie et réflexes. Second temps : montée en régime tactique, travail des combinaisons, coordination passe-attaque, séquences de side-out et de transition, gestion des fins de set. En l’absence de joutes amicales, le staff a densifié les oppositions internes, formatées comme des matchs - rotations, arbitrage, scénarios de pression - pour entretenir le rythme compétitif et la lucidité sur balles chaudes. Malgré la charge, l’état d’esprit est au beau fixe : la perspective d’un podium, et plus si affinités, sert de boussole.

Bousculer la hiérarchie

Le contexte rappelle les dernières campagnes. Aux SEA Games 32 en 2023, les Vietnamiennes avaient accroché l’argent, tandis que les hommes décrochaient le bronze. Cette fois, le message est clair : les filles visent l’or, les garçons veulent se hisser dans la lutte pour les médailles, avec l’ambition de bousculer la hiérarchie régionale. Pour les unes, il faudra convertir en titre une dynamique souvent séduisante mais parfois inachevée dans l’ultime virage. Pour les autres, capitaliser sur la montée en puissance d’une génération talentueuse, solvabilisée par un cadre de jeu stabilisé.

Au-delà des objectifs, le choix de Quang Ninh comme camp de base n’est pas anodin. Logistique fluide, infrastructures adaptées, environnement propice à la concentration : l’écosystème local offre un cadre idéal pour une préparation “propre”, loin des déplacements lourds et des aléas. L’option “zéro amical” comporte certes un risque de manque de repères face à l’adversité extérieure, mais le staff assume le pari d’une courbe de forme ascendante, avec un pic visé au coup d’envoi des Jeux.

Le dernier filtre interviendra lors de la sélection des 14 noms par équipe. Les critères sont connus : constance en réception pour les réceptionneuses-attaquantes, efficacité au premier tempo chez les centrales, gestion du money-time pour les passeurs, pression au service et qualité de lecture au bloc, sans oublier l’apport en défense de terrain des liberos. La donnée mentale pèsera lourd : capacité à exécuter sous pression, à renverser un set mal embarqué, à tenir la ligne dans un tie-break.

Le Vietnam aborde ces SEA Games avec une feuille de route lisible : continuité, science de la performance et exigence. Si l’or demeure un sommet à atteindre face à une concurrence aguerrie, la combinaison d’un travail ciblé, d’une intégration méthodique des jeunes et d’un retour des cadres offre un signal fort. Reste à convertir les promesses de Quang Ninh et de Bac Ninh en certitudes à Bangkok. Le rendez-vous est pris : le volley vietnamien se donne le droit de rêver plus haut, et s’emploie, méthodiquement, à transformer l’essai.

Volley-ball vietnamien : cap sur l’or aux SEA Games 33 ảnh 1
Volley-ball vietnamien : cap sur l’or aux SEA Games 33
CVN/NDEL
Back to top