Le 36e Régiment se vit confier la mission de faire pression sur la base de Ban Keo pour qu’elle se rende, mais il s’en empara sans avoir à se battre.
Le matin du 17 mars 1954, les soldats de souche Thaï de l’armée française à Ban Keo étaient en émoi à cause de la nouvelle selon laquelle les troupes vietnamiennes étaient sur le point de les attaquer.
Sachant qu’il était impossible de tenir Ban Keo, le général de Castries ordonna au capitaine Clarchambre de faire reculer le bataillon Thaï à Muong Thanh. Mais aussitôt sortis du camp, les soldats fantoches ne suivirent plus les ordres du commandant et se précipitèrent vers la forêt où des haut-parleurs retentissaient : « Les soldats Thaï ! Quittez les rangs ennemis, entrez à la résistance, revenez à votre famille ! »
Les Français tirèrent des coups de canon pour bloquer leur passage et envoyèrent des chars pour les poursuivre. Notre armée couvrit rapidement les déserteurs avec des obus d’artillerie jusqu’à ce qu’ils se réfugient dans les abris dans la forêt. Les soldats ennemis qui se rendirent étaient au total de 241, tandis que les officiers français et thaïs furent forcés de se retirer vers le secteur central. Le 36e Régiment prit Ban Keo sans ouvrir le feu et par la suite avança pour occuper les collines au nord de l’aérodrome de Muong Thanh.
À l’issue de la première phase de la campagne de Diên Biên Phu, en 5 jours (du 13 au 17 mars 1954), avec deux batailles majeures (Him Lam et Dôc Lâp), l’armée et le peuple vietnamiens brisèrent le système de défense ennemi dans les directions nord et nord-est, détruisant le secteur nord et une partie du secteur central, anéantissant deux bataillons d’élite de l’ennemi, dispersant un autre bataillon, et ouvrant ainsi la voie vers le centre de la cuvette.
Pour la première fois dans la résistance contre les colonialistes français, notre armée a mené des opérations interarmes impliquant des troupes d’infanterie, d’artillerie terrestre et d’artillerie antiaérienne pour attaquer les points d’appui fortifiés du camp retranché le plus puissant de l’ennemi en Indochine. C’était une chose que les colonialistes français n’auraient jamais pu imaginer. De Castries lui-même était très fatigué et anxieux, alors il télégraphia en urgence à Hanoï pour demander un renfort immédiat pour Diên Biên Phu afin de combler les pertes. Du Premier ministre français Joseph Laniel à ses commandants militaires en Indochine, Navarre et Cogny, tous étaient pessimistes.
Le 17 mars 1954, au quartier général de Muong Phang, le commandement des opérations fit un bilan préliminaire de la première phase de la campagne.