Les habitants de Thua Thien Hue (au Centre du Vietnam) ont participé à la prise du pouvoir et ont défilé jusqu'à la porte de Thuong Tu le 23 août 1945, jour de la victoire de la révolution à Hue. Photo d'archives : VNA.
Les habitants de Thua Thien Hue (au Centre du Vietnam) ont participé à la prise du pouvoir et ont défilé jusqu'à la porte de Thuong Tu le 23 août 1945, jour de la victoire de la révolution à Hue. Photo d'archives : VNA.

(80e Fête nationale) 23 août 1945 : Hue passe aux mains du peuple

Le 23 août 1945, alors que la vague révolutionnaire déferlait sur tout le pays, l’ancienne capitale Hue voyait le pouvoir revenir aux mains du peuple.

À Hai Phong (au Nord-Est du Vietnam), le Comité insurrectionnel de la ville avait décidé de choisir le 23 août comme date du soulèvement.

À l’aube, des centaines de milliers de citoyens en armes, brandissant haut les drapeaux rouges frappés d’une étoile jaune, affluèrent en torrents vers la place du Grand Théâtre.

À 10 heures précises commença un grand meeting solennel : un immense drapeau rouge étoilé fut hissé.

Au nom du Comité insurrectionnel de la ville, le camarade Vu Quoc Uy proclama l’abolition du pouvoir fantoche à la solde du Japon fasciste et annonça la création du Comité révolutionnaire provisoire de Hai Phong.

Après le meeting, plus de cent mille personnes descendirent dans les rues pour un vaste défilé de démonstration de force.

Dans le même temps, les cadres et les milices populaires se déployèrent pour prendre en main les postes stratégiques : casernes de la garde, Hôtel de ville, siège de la police, services de sécurité et autres administrations de la cité.

À Hue (au Centre), le Comité insurrectionnel de Thua Thien Hue avait appris que le gouvernement de Tran Trong Kim projetait d’organiser, le 23 août, une manifestation pour saluer le « rattachement » de la Cochinchine à la « Patrie vietnamienne ».

Le Comité décida de saisir cette occasion pour s’emparer du pouvoir ce même jour.

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L’après-midi du 23 août 1945, des dizaines de milliers d’habitants de Hue et les forces révolutionnaires convergèrent vers le stade de la ville. Photo d’archives : VOV.

Dès le matin du 23 août, la ville entière fut inondée de drapeaux rouges étoilés. Les derniers bureaux du gouvernement fantoche furent occupés.

À 16 heures, 150 000 habitants de Hue se rassemblèrent dans le stade central de la citadelle impériale pour un gigantesque meeting. Le camarade To Huu y prononça un discours saluant la victoire de l’insurrection. Les acclamations retentirent comme un tonnerre.

Hue flamboyait dans ces journées historiques d’août : la victoire du peuple y fut rapide et sans effusion de sang.

Dans la soirée, l’empereur Bao Dai reçut de Hanoï un télégramme du Comité de libération nationale du Vietnam lui enjoignant d’annoncer officiellement son abdication. La victoire de l’insurrection à Hue symbolisa ainsi la fin de plusieurs millénaires de monarchie féodale au Vietnam.

Ce succès donna une formidable impulsion aux provinces voisines du Centre. À Quang Binh, un grand meeting eut lieu à 8 heures du matin à Dong Hoi, chef-lieu de province.

Devant des dizaines de milliers de participants, le Comité révolutionnaire provisoire de Quang Binh (au Centre) se présenta et proclama l’abolition du régime féodal fantoche pro-japonais, depuis la province jusqu’aux villages.

Il abrogea les taxes abusives imposées par ce régime et annonça les nouvelles politiques du Viet Minh.

Le Comité appela toutes les couches de la population à s’unir pour bâtir le nouveau pouvoir et une vie nouvelle.

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Bao Dai, dernier empereur d’un régime féodal plurimillénaire au Vietnam, abdiqua le 30 août 1945, ouvrant une nouvelle page de l’histoire nationale. Photo d’archives: VOV.

À Quang Tri (au Centre), dès une heure du matin, les unités armées pénétrèrent dans le chef-lieu provincial et occupèrent les positions prévues.

De vastes colonnes de manifestants convergèrent de toutes parts vers la ville.

Sous la protection des milices et des forces armées, la foule révolutionnaire entra dans la cité et poursuivit sa marche imposante avec drapeaux, banderoles et slogans.

À 5 heures, le drapeau rouge à étoile jaune flottait sur la résidence du gouverneur de Quang Tri (anciennement résidence du consul de France).

À 9 heures, un grand meeting se tint devant ce bâtiment, rassemblant des milliers de personnes.

Au nom du Comité insurrectionnel provincial, le camarade Tran Huu Duc proclama solennellement la suppression de l’ancien régime et la fondation d’un pouvoir révolutionnaire.

À midi, le Comité révolutionnaire provisoire de Quang Tri publia l’Ordre militaire no 2 : il prescrivait une campagne de recrutement accélérée pour former une unité de l’armée de libération de 1 500 combattants, comprenant plusieurs sections spécialisées (transmissions, santé militaire, intendance…).

Cet appel suscita l’engagement de milliers de jeunes de toute la province. Ainsi naquit le premier bataillon de libération, baptisé « Nguyen Thien Thuat », fort de 1 500 hommes : la première force régulière de Quang Tri.

En Cochinchine, le Viet Minh mobilisa la population pour boycotter la manifestation organisée par le « Front national uni », un instrument du régime fantoche, visant à accueillir Nguyen Van Sam, nommé gouverneur par ce gouvernement.

Après le succès rapide de l’insurrection à Tan An, sans réaction des troupes japonaises, la conférence élargie du Comité régional du Sud décida aussitôt :

« Dans la soirée du 24, déclencher l’insurrection pour prendre le pouvoir ; le 25, mobiliser environ un million d’habitants des faubourgs de Saïgon, des provinces avoisinantes, notamment Gia Dinh, Cho Lon, ainsi que Tan An, Bien Hoa, Thu Dau Mot, et leurs délégations, afin de tirer les enseignements et recevoir les nouvelles directives. Une manifestation armée générale marquera l’achèvement de la prise de pouvoir dans la capitale du Sud. »

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