100 ANS DE LA PRESSE RÉVOLUTIONNAIRE VIETNAMIENNE

À partir du journal Thanh Nien, s’inspirer du style journalistique de l’Oncle Ho

La ville de Canton (Guangzhou, Chine) baigne d’un soleil ardent en cette mi-juin. Nous nous mêlons au flot affairé d’une métropole moderne du Sud de la Chine pour visiter le lieu où le dirigeant Nguyen Ai Quoc – Ho Chi Minh fonda le journal Thanh Nien il y a tout juste un siècle.

La presse à imprimer utilisée par l’Oncle Hô pour publier Thanh Niên. Photo : QDND
La presse à imprimer utilisée par l’Oncle Hô pour publier Thanh Niên. Photo : QDND

Le voyage, organisé par la délégation de l’Association des journalistes du Vietnam à l’occasion du centenaire de la Journée de la presse révolutionnaire vietnamienne (21 juin 1925 - 21 juin 2025), m’offre pour la première fois la possibilité de voir de mes propres yeux les objets extrêmement simples dont l’Oncle Ho se servait pour faire son journal.

Située en plein centre de Canton, la maison no 13 (aujourd’hui no 248-250), rue Wenming (district de Yuexiu), où fut créé Thanh Nien, a traversé un siècle, mais demeure préservée comme un précieux témoin historique, symbole de l’amitié particulière entre les deux Partis et les deux peuples vietnamien et chinois, ainsi que de la presse révolutionnaire des deux pays. Debout devant la vieille table en bois, la machine à écrire d’époque et quelques livres jaunis par le temps, j’imagine avec émotion l’Oncle Ho écrivant, éditant, imprimant puis diffusant Thanh Nien à partir de moyens d’une grande sobriété. Pourtant, les articles qu’il y publiait révélaient une intelligence supérieure, une ardente aspiration et une foi inébranlable dans la voie révolutionnaire d’émancipation nationale.

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Cours de formation des cadres révolutionnaires assurés directement par Nguyen Ai Quoc – Hô Chi Minh dans la maison no 13, rue Wenming, Canton, 1925. Photo : QDND.

Le journal Thanh Niên vit le jour dans un contexte historique particulier. En 1925, après de longues années à chercher la voie du salut national, Nguyen Ai Quôc avait confirmé pour le peuple vietnamien la voie de la révolution prolétarienne. Depuis Canton, il organisa la formation politique des jeunes patriotes vietnamiens et lança le journal Thanh Nien. Ce dernier devint un outil de propagande, d’éducation doctrinale et d’éveil révolutionnaire pour les cadres et les masses. Rédigé en vietnamien et diffusé clandestinement au pays, son premier numéro parut le 21 juin 1925 et fut ensuite publié régulièrement chaque semaine. Écrit au stylet sur papier stencil, il était reproduit à la ronéo ; la plupart des éditions comptaient deux pages, parfois quatre ou cinq, au format moyen de 18 × 24 cm, composées de deux colonnes de 8 à 9 grands caractères chacune.

À relire les articles de l’Oncle Hô dans Thanh Niên, je suis frappé par l’écriture à la fois simple et profonde, directe et vibrante. Les titres sont extrêmement concis ; la plupart des textes ne dépassent pas quelques centaines de caractères, mais condensent une pensée théorique dense, transmise dans un style clair, bref, accessible à tous. La mise en place des cours politiques et la création de Thanh Nien témoignent de la détermination, de la vision lointaine et de la stature politique hors du commun de Ho Chi Minh.

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Mme Huang Huan (au centre), responsable du site historique du siège de l’Association de la Jeunesse révolutionnaire du Vietnam, maison no 13 (aujourd’hui no 248-250), rue Wenming, Canton, échange avec les membres de la délégation de l’Association des journalistes du Vietnam, juin 2025. Photo : QDND.

Le style journalistique de l’Oncle Ho allie étroitement théorie et pratique, intelligence aiguë et langue populaire. Il ne recherchait pas l’apparat, mais se concentrait sur l’orientation et la portée de l’information. Ses articles n’avaient pas pour seul but d’informer : ils organisaient, encourageaient et éveillaient l’esprit révolutionnaire des masses. Dans sa pensée, la presse est une arme – une « arme spirituelle » – pour lutter, éclairer et guider le peuple.

À Thanh Nien, Nguyen Ai Quoc n’était pas seulement rédacteur, mais journaliste complet : définition de la ligne éditoriale, rédaction, correction, illustration, impression, et diffusion. Son style de presse s’associait à celui d’un organisateur, d’un éclaireur. Chaque article devenait une leçon de théorie politique, élevant la conscience des cadres dirigeants de la révolution vietnamienne et nourrissant la foi des classes laborieuses dans un avenir radieux.

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Bureau, machine à écrire et documents utilisés par Nguyen Ai Quoc – Ho Chi Minh durant son séjour au 13, rue Wenming, Canton (1925-1927). Photo : QDND

Un siècle est passé depuis la naissance de Thanh Nien, mais le style journalistique de l’Oncle Ho reste d’actualité. Les journalistes d’aujourd’hui disposent d’avantages considérables, notamment l’application des avancées scientifiques et technologiques, de l’intelligence artificielle et des plateformes multimédias. Pourtant, la presse traditionnelle fait face à de grands défis : concurrence de l’information sur les réseaux sociaux, exigence d’exactitude et d’authenticité. Dans ce contexte, la question essentielle demeure : la presse sert-elle ? Et si c’est le cas, pour quels objectifs ?

De retour de Canton, je rapporte non seulement l’impression d’un lieu historique, mais surtout l’inspiration d’un style journalistique exemplaire : simple, mais profond, résolu, mais souple, rationnel et riche d’émotion. La presse doit être liée à l’idéal de servir la Patrie et le peuple ; elle doit contribuer à élever la conscience publique. Être journaliste n’est pas seulement un métier : c’est une mission ; le journaliste n’est pas qu’un transmetteur d’informations : il est un porteur de flamme. Tel est le style du grand journaliste Ho Chi Minh, que chaque journaliste révolutionnaire d’aujourd’hui se doit d’étudier et de suivre.

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