
Dans l’imaginaire local, l’éventail ne se limite pas à un objet pour se rafraîchir sous la chaleur estivale. Il est aussi symbole d’élégance et de sérénité, capable de dissiper les tourments de l’âme. Les habitants aiment rappeler un ancien poème évoquant « l’Assemblée des immortels de l’éventail », qui donne à ce métier un parfum de légende.

Chaque pièce exige une grande minutie : choisir le bambou pour les branches, tendre la soie ou le papier avec délicatesse, peindre paysages ou calligraphies qui, une fois l’éventail replié, doivent rester harmonieux. Ces gestes, transmis de génération en génération, illustrent la finesse de l’artisanat vietnamien.

Aujourd’hui, les éventails de Chang Son se déclinent en une large palette : modèles en soie fine, éventails de danse, pièces décoratives de grand format. Ils sont présents aussi bien dans les fêtes traditionnelles que dans les salons d’artisanat, où ils séduisent par leur esthétisme et leur valeur culturelle.

Lors de la Fête nationale du Vietnam, les rues de Hanoï se sont parées d’éventails imprimés aux couleurs du drapeau, preuve que cet objet ancien continue de vibrer au rythme de la modernité. Pour les artisans, ces commandes saisonnières s’ajoutent aux créations artistiques destinées aux collectionneurs et aux touristes.

Dès le XIXᵉ siècle, Chang Son exportait déjà ses éventails. Aujourd’hui, le village ne se contente pas de préserver un savoir-faire : il contribue aussi à l’identité culturelle et au développement touristique du pays. L’éventail de Chang Son incarne ainsi, dans un simple souffle d’air, la mémoire et la vitalité de l’artisanat vietnamien.
