Conservation de la Nhà Rông : garder l'âme des Hauts Plateaux au cœur de la modernité

Le 18 octobre, s'est tenu au sein de la Maison communale (Nhà rông) – Jardin d’architecture populaire du Musée d'Ethnologie du Vietnam – un séminaire intitulé « La Nhà rông et la question de la conservation à l’heure actuelle ».

La Nhà Rông sur le campus du Musée d'ethnologie du Vietnam. Photo: baoquocte
La Nhà Rông sur le campus du Musée d'ethnologie du Vietnam. Photo: baoquocte

Le séminaire a vu la participation du Dr Bui Ngoc Quang, directeur adjoint par intérim du Musée d'Ethnologie du Vietnam ; de la Professeure agrégée, Tran Hong Hanh, directrice adjointe du Musée d'Ethnologie du Vietnam ; du Dr Luu Hung, ancien directeur adjoint du Musée d'Ethnologie du Vietnam, ainsi que de chercheurs et de 20 membres de la communauté Ba Na venus du village de Kon Rbang, dans la commune de Ngok Bay (province de Quang Ngai).

Ce séminaire visait à revenir sur le parcours de conservation de la Nhà rông Ba Na au Musée d'Ethnologie du Vietnam, tout en échangeant sur les efforts de préservation et de valorisation de l'architecture vernaculaire dans le contexte actuel.

En ouverture, le Dr Bui Ngoc Quang a souligné la signification profonde de la Nhà rông. Ce n'est pas seulement un lieu de rassemblement pour les villageois lors des événements importants, mais aussi un symbole de la force communautaire et des croyances spirituelles qui apportent l'unité et le développement à la communauté villageoise.

« Plus la Nhà rông d’une communauté est haute, grande et belle, plus elle témoigne de la force collective des villageois », a-t-il partagé.

Au fil de l'histoire, les Nhà rông ont subi de nombreux changements et se sont progressivement dégradées en raison du développement social et du processus d'échanges et d'acculturation. Autrefois, la Nhà rông était entièrement construite avec des matériaux naturels des Hauts Plateaux, tels que le bois, la paille, le bambou, le rotin et les feuilles. Aujourd'hui, même au sein des communautés, de nombreux édifices sont remplacés par des toits en tôle et des poteaux en béton en raison de la rareté des matériaux traditionnels.

Le Dr Bui Ngọc Quang a soulevé la question de la conservation : celle de préserver la Nhà rông conformément à l'architecture originale de l’ethnie Ba Na dans le contexte actuel.

La Nhà rông exposée au Musée d'Ethnologie du Vietnam est le résultat d'une collaboration entre les fonctionnaires du Musée et les villageois Ba Na de Kon Rbàng. Concernant la période de recherche et de reconstruction de l'ouvrage, le Dr Luu Hung, ancien directeur adjoint du Musée, a confié : « La Nhà rông a été édifiée avec une extrême difficulté et une grande minutie. C'est un immense accomplissement pour le Musée d'Ethnologie du Vietnam. »

Selon lui, en 1999, lorsque l'équipe de recherche est arrivée au village de Kon Rbàng pour l'étude de terrain, la Nhà rông du village était déjà recouverte de tôle et la cour devant était en béton armé. Néanmoins, grâce à une méthodologie d'ethnologie de terrain, l'équipe du Musée a pu déterminer que la charpente avait conservé l'architecture traditionnelle. C'était d’ailleurs la seule Nhà rông qui préservait encore la structure de la première moitié du XXe siècle.

« La structure de la Nhà rông au Musée d'Ethnologie du Vietnam est déterminée comme étant absolument identique à celle de l'ancienne Nhà rông du village de Kon Rbàng », a affirmé le Dr Luu Hung.

La Nhà rông du Musée est précieuse non seulement en raison de la rareté de ce modèle architectural original, mais aussi en raison des difficultés rencontrées pour trouver les matériaux de construction. Au moment du lancement des travaux en 2002, 30 Ba Na avaient été accueillis au Musée pour traiter le bambou, le rotin et la paille. Cependant, le projet a été temporairement suspendu en raison du manque de bois. Les responsables du Musée ont alors dû se rendre au Laos pour trouver des matériaux de remplacement.

Après avoir résolu ce problème, en 2003, les responsables du Musée ont fait revenir les Ba Na pour achever l'ouvrage. En comptant les deux phases, ce sont au total 59 personnes qui ont consacré environ 3 350 jours de travail acharné pour ériger l'architecture telle qu'elle se présente aujourd'hui.

La Nhà rông du Musée a subi trois restaurations, la plus récente ayant eu lieu début octobre, avec la contribution de 20 Ba Na de la commune de Ngọk Bay. Selon les responsables du Musée, parmi les 20 Ba Na présents, certains sont allés jusqu’à vendre leurs buffles et leurs poulets pour pouvoir venir sereinement à Hanoï, craignant que personne ne s'occupe de ces animaux pendant leur absence. C'est bien la preuve, comme l'a souligné le Dr Bui Ngoc Quang, que cette maison n'appartient pas au Musée, mais bien aux Ba Na eux-mêmes, qui préservent et conservent la beauté de leur propre ethnie.

Le séminaire a également inclus une session de questions-réponses et d'échanges avec des étudiants, portant sur l'architecture de la Nhà rông et les méthodes de préservation, de conservation et de transmission de cette valeur aux générations futures, démontrant l'intérêt et l'appréciation des jeunes d'aujourd'hui pour leur patrimoine culturel national.

Pour conclure, le Dr Bui Ngoc Quang a souligné la responsabilité du Musée d'Ethnologie du Vietnam dans la préservation et la conservation des valeurs culturelles des communautés ethniques vietnamiennes. Dans un contexte où les matériaux traditionnels se raréfient, conserver l'intégrité originale du patrimoine n'est pas chose facile. Cependant, l'équipe du Musée continuera de s'efforcer de trouver tous les moyens de préserver et de diffuser les valeurs fondamentales et la beauté du patrimoine culturel national vietnamien.

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