De la boue au grain : les champs de la résilience à Quang Tri

Au cœur des majestueuses montagnes de Truong Son, dans la province de Quang Tri (au Centre du Vietnam), le village de Sat, autrefois ravagé par les crues, est devenu une terre agricole fertile. Ce lieu symbolise la résilience et la capacité à surmonter l’adversité.

Le village de Sat d’aujourd’hui. Photo : VNA.
Le village de Sat d’aujourd’hui. Photo : VNA.

Niché dans la luxuriante chaîne de montagnes de Truong Son, le village de Sat, rattaché à la commune éponyme, résonne désormais du bruit des batteuses. Sous le soleil d’août, les habitants célèbrent une récolte de riz exceptionnelle.

Il est difficile d’imaginer qu’il y a encore quelques années, cette vallée paisible était un bassin de crue dévasté par des glissements de terrain, forçant toute la communauté à abandonner maisons et champs pour se réfugier en lieu sûr.

Souvenirs de l’inondation historique

Le village de Sat est situé dans une vallée étroite, ses maisons aux toits rouges et verts s’alignent le long d’un chemin de terre doré.

À l’arrière, des champs en terrasses montent vers des montagnes couvertes de forêts primaires.

Avant 2020, la saison des pluies était synonyme de crainte. Des torrents dévalaient les pentes abruptes, inondant les seuils des maisons.

Les parois rocheuses se fissuraient, menaçant de s’effondrer.

En octobre 2020, une crue historique a tout englouti.

“Les maisons ont été submergées, le bétail emporté et la montagne s’est fissurée, raconte Ho Van Muon, chef du village. Nous avons dû conduire tout le monde vers les hauteurs et vivre dans des abris de fortune”.

Avant même que les eaux ne se retirent, les autorités de la commune de Truong Son et le poste de garde-frontière du village de Mo ont évacué les habitants, installé des tentes et distribué du riz, de la sauce de poisson et du sel.

Pour la communauté ethnique Bru-Van Kieu, coutumière des difficultés, la perte de leurs foyers et de leurs terres agricoles fut une bles-sure profonde.

Dans l’humidité des abris temporaires, les gens rêvaient d’un toit solide et d’une terre sûre où planter du riz et élever leurs enfants.

Les autorités locales et les garde-frontières ont décidé de reloger les 34 foyers loin des zones à risque, sur un terrain plat éloigné des cours d’eau.

La nouvelle zone de réinstallation a rapidement vu le jour : 34 maisons sur pilotis, à ossature béton, murs en bois et toits métalliques résistants à la chaleur, d’une superficie de 40 m² et d’une valeur de 90 millions de dongs chacune (environ 3 420 dollars).

Chaque famille a également reçu 300 m² de terrain résidentiel et près de huit hectares de rizières.

Un cadeau inestimable pour ceux qui, auparavant, ne cultivaient que de petites parcelles en altitude.

Au départ, les villageois ne savaient pas comment exploiter ces champs inondables.

Les garde-frontières leur ont enseigné chaque étape : du labour à la transplantation des semis, en passant par la gestion de l’irrigation et la fertilisation.

Des canaux ont été creusés pour détourner l’eau du ruisseau, transformant une terre aride en étendue verdoyante.

“Autrefois, la saison des pluies rimait avec inquiétude. Aujourd’hui, nos maisons sont solides, nos champs nous nourrissent toute l’année, et nous élevons buffles, vaches, porcs et poules”, témoigne Ho Linh, un aîné du village.

En plus du riz, les habitants cultivent des légumes, élèvent du bétail et plantent de l’acacia hybride, source de revenus futurs.

Sons d’une nouvelle vie

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Des garde-frontières du poste du village de Mô font don de livres et de cahiers aux élèves du village de Sat. Photo : VNA.

À ses débuts, la nouvelle installation de Sat ne bénéficiait pas du réseau électrique national.

Les garde-frontières ont installé 30 lampadaires solaires, éclairant les routes du village et les espaces communautaires.

La nuit, les enfants peuvent se rendre en sécurité aux cours du soir, et les voisins se retrouver pour les événements culturels.

“Cette lumière n’éclaire pas seulement le village. Elle éclaire les espoirs des gens”, souligne le patriarche Ho Linh.

Les officiers poursuivent leur accompagnement en formant les habitants à l’agriculture, à l’élevage et à la foresterie, tout en participant aux récoltes pour aider à battre et transporter le riz.

“Le village de Sat est un rempart frontalier du pays. Quand le peuple est en sécurité et prospère, la frontière est solide”, affirme le lieutenant-colonel Nguyen Trung Dung, officier politique du poste de garde-frontière du village de Mo.

Selon M. Muon, chef du village, le soutien des garde-frontières - depuis les conseils de production jusqu’à l’aide en main-d’œuvre et en machines - a permis d’améliorer le niveau de vie. Aujourd’hui, les gens peuvent s’installer durablement et construire leur avenir.

Des défis subsistent néanmoins.

Le village n’est toujours pas raccordé au réseau électrique national, et la route d’accès reste boueuse et difficile à certains endroits.

“Le visage de Sat a changé de manière spectaculaire”, déclare Hoang Manh Ha, président du Comité populaire de la commune de Truong Son.

Selon lui, les habitants disposent désormais de logements stables et de meilleures conditions de subsistance.

Il espère que des investissements arriveront bientôt pour construire des routes en béton et raccorder le village à l’électricité, afin que la communauté puisse s’épanouir dans un confort durable.

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