Dr. Truong Thanh Tùng : 'Mes recherches visent une guérison totale du sida'

Les recherches de Truong Thanh Tùng sur de nouvelles substances anti-VIH ont été financées par l’American Foundation for AIDS Research, une des plus importantes fondations américaines et mondiales
Le Dr. Truong Thanh Tùng travaille actuellement à l'université Phenikaa, à Hanoi. Photo : TN.
Le Dr. Truong Thanh Tùng travaille actuellement à l'université Phenikaa, à Hanoi. Photo : TN.

Le Docteur et pharmacien Truong Thanh Tùng, 34 ans, est le chef du groupe de recherche sur les nouveaux médicaments à la Faculté de pharmacie de l’université Phenikaa à Hanoï.

Avec ses collaborateurs, il est co-auteur d’un brevet international sur des substances anticancéreuses pour le traitement ciblé, protégé à l’échelle mondiale.

Les résultats de la recherche sont en cours de développement en vue de médicaments "Make in Vietnam" (conçus et fabriqués au Vietnam).

Le Dr. Truong Thanh Tùng a été honoré comme l’un des “Dix jeunes exemplaires du Vietnam 2022”, le 23 mars à Hanoo. Photo : TP.
Le Dr. Truong Thanh Tùng a été honoré comme l’un des “Dix jeunes exemplaires du Vietnam 2022”, le 23 mars à Hanoo. Photo : TP.

En particulier, il est aussi connu comme l’inventeur de nouvelles substances anti-VIH très appréciées dans le monde qui pourraient être développées en médicaments prometteurs dans l’avenir.

De plus, Truong Thanh Tùng a été élu membre officiel à part entière (Official full member) de Sigma Xi, une société honorifique américaine pour les scientifiques et ingénieurs.

Fondée en 1886 et basée aux États-Unis, cette association scientifique, la plus ancienne et la plus prestigieuse au monde, compte 200 lauréats du prix Nobel.

Les membres actuels élisent les futurs en fonction de leurs réalisations ou de leur potentiel en matière de recherche.

Le Dr. Truong Thanh Tùng est le premier jeune scientifique (en dehors des États-Unis) du Vietnam à être directement élu en 2022.

La même année, il a également été élu parmi les 28 jeunes scientifiques exemplaires du monde devenus membres du Conseil consultatif international de la prestigieuse revue scientifique internationale "Bioorganic & Medicinal Chemistry", devançant 2 000 dossiers lors du premier tour et 130 lors du deuxième.

Une guérison totale

Les recherches de Truong Thanh Tùng sur de nouvelles substances anti-VIH ont été financées par l’amfAR (American Foundation for AIDS Research), une des plus importantes fondations américaines et mondiales pour le financement de la prévention et de la recherche médicale contre le sida.

D’après lui, les médicaments antirétroviraux actuellement disponibles sur le marché ne font que contrôler et réduire la concentration du virus dans le sang, sans pouvoir l’éliminer complètement. Cela signifie que les patients séropositifs, en les prenant régulièrement, ne sont capables que de survivre avec le VIH. Alors, "mes recherches visent une guérison totale du sida à l’avenir".

"La plus grande difficulté dans le traitement du VIH aujourd’hui est d’éliminer complètement le virus latent du corps, un problème que mes recherches pourront résoudre. Il s’agit de substances médicamenteuses capables de réveiller le virus en état dormant dans les cellules, de le marquer, puis de le détruire".

Actuellement, la méthode de traitement axée sur ses travaux est testée cliniquement en Allemagne et montre des premiers résultats positifs.

Thanh Tùng et ses collègues en Allemagne et au Danemark ont déposé leur dossier de brevet aux États-Unis et en Europe pour protéger leurs découvertes.

Chimie et biologie

Truong Thanh Tùng se passionne pour les sciences dès son plus jeune âge, avec une préférence pour la chimie et la biologie.

Après le bac, il avait le choix entre deux options : la médecine ou la pharmacie.

Finalement, il a opté pour la deuxième. "Je pensais simplement qu’étudier la médecine pourrait sauver quelques personnes au cas par cas, tandis qu’étudier la médecine, en cas de succès, pourrait en sauver beaucoup. C’est ainsi que j’ai choisi l’Université de pharmacie de Hanoï".

Là où il s’est lancé dans les recherches scientifiques dès sa première année d’études.

Le Docteur Truong Thanh Tùng guide une étudiante dans le laboratoire de l’université Phenikaa. Photo : CTV.

Diplômé, il a poursuivi une maîtrise à l’Université nationale de Séoul, en République de Corée, puis un doctorat au Danemark, avant de partir aux États-Unis pour travailler comme maître-assistant à l’Université de Pittsburgh afin d’élargir son horizon et ses connaissances en matière de sciences mondiales.

Fort de ses huit ans d’études et de travail dans différents pays et de riches expériences dans la recherche scientifique, Thanh Tùng aurait pu décrocher un poste à revenu élevé à l’étranger. Cependant, fin 2019, il a décidé de rentrer au Vietnam et choisi l’université Phenikaa, où il a fondé et dirigé un groupe de recherche sur les nouveaux médicaments.

Le souvenir le plus mémorable pour Thanh Tùng fut de voir son premier article, portant sur de nouvelles substances capables de traiter le cancer, dont il était l’auteur principal, publié dans une revue classée par l’Institute for Scientific Information (ISI), alors qu’il était étudiant en 4e année.

"C’était à la fois un grand bonheur et une forte motivation pour moi de décider de poursuivre les recherches scientifiques après l’obtention de mon diplôme".

En effet, Thanh Tùng a opté pour un chemin plus difficile que les jeunes de la même faculté qui, une fois diplômés, choisissent souvent de travailler pour une entreprise de commerce de produits pharmaceutiques, un travail qui promet un revenu beaucoup plus élevé que la recherche scientifique.

Ne jamais abandonner

Lors de ses années passées à l’étranger, Thanh Tùng admet avoir été confronté à de grands défis qui l’ont parfois découragé.

"Ma période la plus difficile à l’étranger a été les quatre premiers mois de ma maîtrise en chimie pharmaceutique à l’Université nationale de Séoul, en 2012, alors que j’avais 23 ans. Il y avait des jours où je devais travailler au laboratoire du petit matin jusqu’à 01h00 - 02h00 le lendemain. Travailler le week-end était tout à fait normal".

Il y avait des moments où le jeune homme avait envie d’abandonner. "Peut-être parce qu’à l’époque, j’étais encore jeune et n’avais pas beaucoup d’expérience dans la recherche scientifique, donc suivre le rythme de travail dans un nouvel environnement était vraiment un gros défi. Cependant, plus tard, j’ai compris que ce sont les difficultés qui m’ont forgé pour être capable de m’adapter à des environnements de travail encore plus exigeants dans d’autres pays".

Parlant des limites dans ses recherches en cours menées dans le pays, il partage que la plus grande difficulté dans le développement plus approfondi de nouveaux médicaments contre le VIH est que les essais biologiques doivent dépendre des installations et équipements à l’étranger, car les conditions au Vietnam ne sont pas encore satisfaisantes.

"Je peux faire des recherches sur les produits chimiques pharmaceutiques au Vietnam, mais je dois encore réaliser les tests biologiques en Europe".

Actuellement, son équipe développe une synthèse de peptides antibactériens naturels à usage topique pour traiter les infections bactériennes et effacer les cicatrices. Il s’agit de produits cosméceutiques qui sont en phase de test pour devenir une alternative aux antibiotiques à usage topique.

"Dans un avenir proche, je souhaite agrandir mon équipe pour en faire un groupe de recherche puissant et pionnier en matière de synthèse des médicaments au Vietnam".

Réalisations exceptionnelles du Dr. Truong Thanh Tùng

• 1 brevet international (avec ses collaborateurs) sur des substances anticancéreuses pour le traitement ciblé • 40 travaux scientifiques publiés dans des revues prestigieuses, dont 32 articles dans celles classées par l’Institute for Scientific Information (ISI), quatre lors de conférences internationales et quatre ouvrages nationaux. • Critique scientifique dans 20 revues des Éditions Nature, Springer Nature, Elsevier, Wiley... • "Jeunes prometteurs du Vietnam 2021" • Prix "Globe d’or" des sciences et technologies 2021 • "Jeunes enseignants exemplaires de Hanoi 2022" • Le premier jeune scientifique (en dehors des États-Unis) du Vietnam à être directement élu par le conseil international en tant que membre officiel à part entière (Official full member) de la prestigieuse société de recherche scientifique Sigma Xi 2022 • Un des 28 jeunes scientifiques exemplaires du monde

"Dix jeunes exemplaires du Vietnam 2022"

La liste des "Dix jeunes exemplaires du Vietnam 2022" a été publiée le 6 mars. La cérémonie de remise des prix a été organisée le 23 mars à Hanoï.

Cette récompense de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh honore les jeunes de moins de 35 ans ayant des réalisations exceptionnelles dans une dizaine de domaines : études, recherche scientifique, production, entrepreneuriat, défense, sports, culture et arts, activités sociales…

1. Ngô Quý Ðang, 19 ans, étudiant à l’Université des sciences naturelles - Université nationale de Hanoi. 2. Vo Hoàng Hai, 17 ans, Lycée d’élite des sciences naturelles de l’Université des sciences naturelles - Université nationale de Hanoi. 3. Truong Thanh Tùng, 34 ans, chef du groupe de recherche sur les nouveaux médicaments, université Phenikaa, à Hanoi. 4. Nguyên Nhu Thành, 34 ans, Centre des radars de la Compagnie générale d’industrie et de haute technologie - Groupe de l’industrie et des télécommunications de l’armée (Viettel). 5. Nguyên Van Thiên Vu, 32 ans, directeur exécutif de la Compagnie par actions des drones AgriDrone Vietnam. 6. Le sous-capitaine Lê Hao, 29 ans, Service politique, Commandement de Hô Chi Minh-Ville, VIIe Région militaire. 7. Le lieutenant Thào A Khu, officier de police du district de Diên Biên, province de Diên Biên (au Nord-Ouest). 8. La footballeuse Huynh Nhu, 33 ans, Centre de l’éducation physique et des sports du 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. 9. La chanteuse Nguyên Thi Ngoc Hà (Hà Myo), 30 ans, Théâtre national de chant, de danse et de musique. 10. Le lieutenant Duong Hai Anh, 27 ans, secrétaire de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh de la Police provinciale de Son La (au Nord).