Que pensez-vous de la coopération économique et d’investissement entre le Vietnam et le Japon ces derniers temps ?
Kubo Yoshitomo : Les relations vietnamo-japonaises ont été initiées grâce à des bateaux marchands japonais qui sont arrivés à Hôi An au XVIe siècle. Depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques en 1973, les deux pays ont renforcé leur coopération dans tous les domaines économiques et culturels. En cinq décennies, le cadre de leurs relations n'a cessé d'être amélioré, passant du « Partenariat fiable et stable à long terme » en 2002 à « Vers un partenariat stratégique pour la paix et la prospérité en Asie » en 2006, puis au « Partenariat stratégique pour la paix et la prospérité en Asie » en 2009 et au « Partenariat stratégique approfondi et étendu pour la paix et la prospérité de l'Asie » en 2014.
En particulier, leur coopération économique ne cesse de s’intensifier depuis 1954, l’année où le Japon a commencé à accorder au Vietnam ses aides publiques au développement (APD). À ce jour, les APD octroyés par le Japon au Vietnam ont atteint 3 000 milliards de yens, équivalents à 600 000 milliards de dôngs. Les APD japonaises représentent plus de 30 % des APD que la communauté internationale s’est engagée à offrir au Vietnam. En effet, le Japon est le plus grand donateur d’APD du Vietnam au sein des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Selon le département des Investissements étrangers du ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement, le 20 août, le Japon comptait 5 168 projets en vigueur, d’une valeur totale de 71 milliards de dollars, le faisant ainsi le troisième plus grand investisseur étranger au Vietnam, derrière la République de Corée (avec 83 milliards de dollars) et Singapour (avec 72,7 milliards de dollars).
Les APD japonais affluent principalement dans les secteurs clés du Vietnam tels que le transport, les énergies et les infrastructures urbaines. Le Japon a aidé le Vietnam à construire 3 300 km de routes (équivalents à 70 % des routes à deux voies de haute qualité au Vietnam), des centrales électriques d’une puissance totale de 4 500 MW (équivalents à 10 % de la production énergétique du Vietnam) et à produire 100 % des vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons dans le cadre du plan de vaccination élargie du Vietnam.
En outre, on peut citer quelques ouvrages symbolisant nos relations étroites : le terminal de passagers T1 de l'aéroport international de Nôi Bai et le pont de Nhât Tân à Hanoi, et l’usine de traitement des eaux usées de Binh Hung et le chemin de fer urbain numéro 1 à Hô Chi Minh-Ville, entre autres.
La JICA a effectué quels projets de pointe afin d’aider le Vietnam à améliorer la qualité de sa main-d’œuvre et de ses infrastructures ?
Kubo Yoshitomo : Les ressources humaines et les infrastructures constituent des domaines de priorité de la stratégie japonaise de coopération au développement visant à « stimuler la croissance et la compétitivité » vis-à-vis le Vietnam.
En effet, la JICA a aidé de nombreux établissements d’enseignement vietnamiens tels que l’Université Vietnam-Japon, l’Institut de développement des ressources humaines Vietnam-Japon, l’Université de Cân Tho et l'Institut polytechnique de Hanoi à former 100 000 travailleurs de haute qualité. Nous avons l’objectif de faire de l’Université Vietnam-Japon une université polyvalente capable d’accueillir 6 000 étudiants. À l’heure actuelle, elle est en train d’étendre son réseau et d’ouvrir des programmes de formation doctorale.
En ce qui concerne les infrastructures, les grandes routes nationales au Nord, telles que les routes nationales numéros 3, 5 et 18 et la route de contournement numéro 3, ainsi que le port de Hai Phong, le port de Cai Lân, le port de Lach Huyên, le pont de Nhât Tân, le pont de Bai Chay sont bénéficiaires des investissements japonais.
Dans le domaine de la santé, la JICA continue de contribuer au développement durable du Vietnam à travers sa coopération visant à renforcer les capacités des trois hôpitaux importants que sont l’hôpital de Bach Mai à Hanoi, l’hôpital central de Huê à Thua Thiên Huê et l’hôpital de Cho Rây à Hô Chi Minh-Ville.
Quelles difficultés la JICA rencontre-t-elle en ce qui concerne la mise en œuvre de ses APD au Vietnam ?
Kubo Yoshitomo : La JICA n’est pas le seul donateur qui rencontre des difficultés en travaillant au Vietnam. Nous tous font face aux mêmes problèmes : des projets stagnants, le ralentissement de décaissement et la complexité des formalités administratives qui se chevauchent.
Nous espérons que le gouvernement vietnamien prendra des mesures pertinentes afin de nous aider de surmonter ces obstacles.
Il faut que les deux pays donnent la priorité auxquels domaines pour renforcer leur coopération ?
Kubo Yoshitomo : Dans les temps à venir, la JICA intensifiera sa coopération avec le Vietnam dans quatre domaines clés suivants :
Le premier est les infrastructures de haute qualité. Nous voulons contribuer au développement économique du Vietnam en vous aidant à construire des ouvrages d’infrastructures importants dont le chemin de fer urbain à Hô Chi Minh-Ville et l’aéroport international de Nôi Bai en est exemples.
Le deuxième est le développement des ressources humaines. Outre le projet de l’Université Vietnam-Japon, le Japon a collaboré avec l’Université de Cân Tho depuis 1969.
Le troisième est la santé. Outre la coopération avec les trois grands hôpitaux susmentionnés, la JICA aidera des établissements de santé locaux à établir leur système de formation à distance avec l’application de la transformation numérique. Par ailleurs, la JICA continuera à collaborer avec des entreprises privées japonaises, des organisations non gouvernementales et des universités dans le but d’aider le Vietnam à améliorer les techniques de réadaptation de la capacité fonctionnelle et de soins infirmiers afin de s’adapter au problème émergent du vieillissement de sa population.
Le quatrième est l’adaptation au changement climatique. À la suite d’un projet d’énergie éolienne déployé dans la province de Quang Tri, la JICA étudie la possibilité d’octroi de nouveaux crédits aidant le Vietnam à développer les énergies solaire et éolienne.
De plus, par l’intermédiaire du Fonds vert pour le climat, la JICA soutiendra les activités de plantation de forêts et de protection de l’environnement au Vietnam afin de l’aider à promouvoir l’économie circulaire, à mettre en œuvre des mesures de lutte contre le changement climatique et à atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050.
Merci, Monsieur !